11 Août 1960 – 11 Août 2024 : Message à la Nation du Chef de l’Etat
Introduction : Le Tchad face à un tournant décisif
Le 11 août 2024, le Tchad a célébré son 64ème anniversaire d’indépendance, une occasion marquée par un discours solennel du président Mahamat Idriss Déby Itno. Dans ce discours, il a évoqué la résilience du peuple tchadien et les défis continus auxquels le pays fait face. Selon les statistiques de la Banque Mondiale, près de 41,9% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cette situation souligne l’urgence de réformes économiques, politiques et sociales. À ce tournant de son histoire, le Tchad doit non seulement honorer ses sacrifices passés, mais aussi envisager un avenir où le développement inclusif et durable est au cœur des préoccupations gouvernementales.
Analyse : Les actions du gouvernement dans le contexte actuel
Dans son discours du 11 août, le président Déby a mis en avant plusieurs axes d’action pour le pays. Tout d’abord, il a souligné l’importance du développement inclusif, affirmant que ce chemin doit être collectif. Cela pourrait être interprété comme un premier pas vers une gouvernance plus participative, mais les critiques rappellent que la mise en œuvre de cette vision reste incertaine. Alors que le gouvernement s’engage à investir dans l’électrification et l’accès à l’eau potable, des questions persistent sur la transparence et l’efficacité de ces projets.
Les initiatives comme le Programme d’Accélération de l’Électrification du Tchad, qui vise l’électrification de 200 localités, semblent nécessaires. Cependant, des projets similaires, dans le passé, ont souvent souffert de déploiements précaires et d’une corruption endémique que le président lui-même a reconnue. Ainsi, la promesse de remettre le pouvoir aux citoyens ne peut être pleinement appréciée tant que les pratiques néfastes persistent.
Sur le plan politique, le discours a évoqué les résultats du Dialogue National Inclusif, qui a donné naissance à une nouvelle constitution. Bien que cela puisse représenter un progrès vers la démocratie, de nombreux Tchadiens s’interrogent sur la véritable volonté politique derrière ces réformes. Dans un climat de méfiance, la question reste : cette constitution sera-t-elle réellement appliquée de manière à favoriser la participation citoyenne ?
Impact : Conséquences sur le Tchad et ses habitants
Les conséquences des actions gouvernementales sont palpables. Dans les zones urbaines, comme N’Djamena, l’amélioration de l’électrification contribue à l’essor de petites entreprises locales. Des jeunes entrepreneurs témoignent comment une simple amélioration de l’accès à l’électricité a transformé leurs activités, permettant la création d’emplois et l’augmentation de leurs revenus. Cependant, la disparité entre les zones urbaines et rurales demeure criante. Les localités éloignées continuent de souffrir d’un manque d’infrastructures de base, isolant ainsi des communautés entières.
Selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le taux d’alphabétisation est de 22% chez les femmes, une statistique qui illustre l’inégalité persistante en matière d’éducation et d’accès pour les femmes. Le programme éducatif du gouvernement promet de renforcer le système éducatif, mais la mise en œuvre reste, à ce jour, inégale. Tchadiennes et Tchadiens continuent de réclamer des mesures concrètes pour réduire cette lacune.
Critique : Les failles et défis persistants
Malgré les attentes, plusieurs points faibles nuisent à la crédibilité des politiques gouvernementales. Premièrement, la lutte contre la corruption, bien que mentionnée à plusieurs reprises, nécessite une action résolue. Trop souvent, les promesses de tolérance zéro restent sur le papier. Cela crée un climat de scepticisme parmi les Tchadiens, qui observent, inquiets, les détournements de fonds continuer impunément.
Deuxièmement, la question de la sécurité reste prépondérante. Bien que le gouvernement affirme sa volonté de renforcer les forces de défense pour lutter contre le terrorisme et la criminalité, les Tchadiens dans l’est du pays, par exemple, vivent dans la peur constante d’attaques de groupes armés. On peut comprendre alors la frustration qui en découle, et se demander si ces engagements conduiront à un rétablissement durable de l’ordre public.
Enfin, les relations du Tchad sur la scène internationale, bien que prometteuses, doivent intégrer des principes de véritable coopération plutôt que de dépendance. L’appel à une politique extérieure respectueuse et diversifiée nécessite des actions concrètes et non une simple rhétorique.
Propositions : Vers un Tchad transformé
Pour transcender ces défis, plusieurs mesures peuvent être proposées :
Renforcement de la transparence et de la reddition de comptes : Mettre en place un système de suivi indépendant des fonds alloués aux projets gouvernementaux, permettant aux citoyens d’évaluer l’utilisation des ressources publiques.
Finalisation de la décentralisation des administrations : Renforcer le pouvoir des gouvernements locaux pour qu’ils puissent mieux répondre aux besoins de leur population. Cela favoriserait une forme de gouvernance plus participative et plus réactive.
Soutien accru aux secteurs vulnérables : Investir dans les programmes d’éducation et de formation pour les jeunes, avec une attention particulière aux filles. Établir des partenariats avec des organisations non gouvernementales pour renforcer les capacités locales.
Promotion d’un développement durable : Mettre en œuvre des politiques écologiques responsables face au changement climatique, en intégrant les communautés locales dans la gestion des ressources naturelles.
- Initiatives socio-économiques inclusives : Encourager des programmes d’entrepreneuriat axés sur l’agriculture et les énergies renouvelables pour améliorer la sécurité alimentaire et énergétique.
Conclusion : Un appel à l’action collective
Le Tchad, à l’aube de sa 64ème année d’indépendance, se trouve à un carrefour crucial. Les acteurs gouvernementaux, la société civile, ainsi que chaque citoyen, ont un rôle primordial à jouer dans la transformation du pays. En tant qu’acteurs du changement, il incombe à tous de tendre la main aujourd’hui, de revendiquer une plus grande participation dans la gouvernance, et d’œuvrer ensemble pour construire un Tchad meilleur.
« Ensemble, nous pouvons construire le Tchad que nous voulons », a affirmé le président Déby. Ce message peut se révéler vrai, mais il ne sera indubitablement effectif qu’à travers un engagement réel, une pluralité des voix, et une volonté commune de dépasser les défis qui tiennent le pays à l’écart de sa prospérité tant espérée. À cette fin, chaque voix compte, chaque acte compte, et il est temps d’œuvrer pour un avenir où règne la paix, la justice et la prospérité pour tous.