20 ans d’exploitation du pétrole : des Tchadiens expriment leur déception

Après 20 ans d’exploitation du pétrole, des Tchadiens ne sont pas satisfaits de la gestion des revenus de cette manne. Ils s’expriment ce 10 octobre 2023, date anniversaire de cette exploitation.

Au moins trois zones riches en pétrole ont été découvertes dans le pays. Ces différentes découvertes ont provoqué l’euphorie de beaucoup de Tchadiens mais aujourd’hui, la plupart sont déçus. Sur le plan international, le Tchad fait partie des pays sous-développés.

C’est par exemple ce que dit ce citoyen, Aimé Aissadja. ” L’exploitation du pétrole était une source d’espoir pour la population tchadienne mais après 20 ans, nous constatons que c’est une source de conflits entre ceux qui sont censés gérer. Nos attentes étaient de voir les revenus pétroliers financer des gigantesques infrastructures sportives, éducatives, sanitaires, routières et aussi l’absorption des chômeurs mais dommage que la grande partie de ces revenus pétroliers a permis à nos décideurs de s’acheter des armes afin de protéger leur pouvoir. Les conséquences sont énormes: destruction des paysages, déforestation, pollution de l’air et nous n’avons vraiment pas comblé nos attentes. En clair, l’exploitation du pétrole tchadien a été bénéfique pour quelques tchadiens et non tout le Tchad“, dit-il.

Comme lui, Manmi Barka, étudiant, a également fait un bilan relatif aux retombées de l’exploitation du pétrole. Selon lui, ” les retombées de l’exploitation du pétrole sont nombreuses et on peut citer entre autres, l’enrichissement d’un seul clan; la pollution de l’air et j’en passe; la pauvreté et le grimpement des prix sur les denrées alimentaires, or par avant l’exploitation du pétrole le tchadien était bien”.

Nodjitoï Calvin, a évoqué lui l’aspect des 5% des revenus du pétrole attribués à la zone productrice. ” Au Logone oriental, réservoir du pétrole tchadien, les retombées économiques sont invisibles. Au Tchad, la population de la province du Logone oriental ne bénéficie pas des retombées du pétrole tiré du sous-sol de cette partie du pays depuis 2003. L’argent du pétrole profite à d’autres provinces et la ville de Doba se débat toujours face aux difficultés. Les 5 pourcent des revenus pétroliers devaient servir au développement de cette la province”.

De son côté, Asnan Stanyslas estime que le pétrole a servi à quelque chose mais déplore l’état de la province productrice. “Le pétrole tchadien à servi à la construction du pays tout entier. Je ne suis pas mieux placé pour révéler les réalisations faites avec l’argent de l’exploitation du pétrole. Mais il faut le dire sans ambages que cette exploitation n’a pas servi à la province productrice. J’étais jeune mais je me rappelle de ce que les politiques racontaient à nos parents dans les années 2000. Aux parents, on promettait des voies bitumées, des routes et maisons électrifiées etc. A nous jeunes, on nous promettait un avenir radieux, des écoles, des bibliothèques, du travail et autres”, se souvient-il encore.

20 ans après, il déplore que rien a bougé dans la zone. “Quand vous faites un tour dans la zone, vous n’aurez aujourd’hui que vos yeux pour pleurer. Aucune route, les écoles et routes dans un état de délabrement, des jeunes abandonnés à leur triste sort. Le pétrole tchadien est de mon point de vue un échec. Échec de gouvernance au plus haut sommet de l’Etat, échec du choix des hommes dans la gestion des revenus des 5%…C’est mon point de vue et certains peuvent contester, c’est leur droit le plus absolu mais que cela serve de leçon pour d’autres provinces ou localités”, a-t-il appelé.