20 ans d’exploitation du pétrole tchadien : l’opposition dresse un bilan négatif

L’exploitation pétrolière au Tchad a débuté en 2003 avec la mise en production du champ pétrolier de Doba. Si pour beaucoup, cette industrie a eu un impact significatif sur l’économie du pays, certains estiment qu’elle a favorisé l’inégalité et n’a pas nécessairement profité à la population.

L’exploitation pétrolière au Tchad au cours des deux dernières décennies a été entachée de problèmes et de préoccupations majeures. De l’opposition, plusieurs critiques majeures se dessinent. De l’avis du conseiller national Takilal Ndolassem, l’exploitation pétrolière a généré des revenus considérables pour le Tchad, mais ces gains ont été inégalement répartis. Selon lui, une grande partie des bénéfices a été absorbée par le gouvernement central, laissant peu pour les communautés locales touchées par l’industrie pétrolière. “Malgré la création en son temps du Fonds National de Développement pour canaliser les revenus pétroliers vers des projets de développement, des allégations de corruption et de mauvaise gestion ont persisté. Ces fonds n’ont pas été correctement gérés et que la transparence fait défaut”, a-t-il fait savoir.

Pour ce qui est de l’impact environnemental, Mbairassem Simael, économiste chargé de recherche et des politiques publiques au Centre d’études et de recherches sur la gouvernance, les industries extractives et de développement durable (CERGIED), estime que cela a totalement été négligé par le gouvernement. “L’industrie pétrolière a eu des effets néfastes sur l’environnement, notamment la déforestation, la pollution de l’eau et les déversements pétroliers. Malheureusement aussi, le gouvernement n’a pas pris les mesures adéquates pour atténuer ces dommages”, indique ce dernier. Il poursuit que le pétrole du Tchad a un impact social négatif sur la population. “L’expansion de l’industrie pétrolière a entraîné des déplacements de populations et des tensions locales, exacerbant les conflits et les inégalités”, clame Mbairassem Simael.

Pour N’Djebande Marc, président national du Parti pour le Rassemblement et le Développement Intégré du Tchad (PARADIT), implanté à Moundou, la mauvaise gestion des revenus pétroliers après deux décennies d’exploitation est une véritable tragédie. “Non seulement cela a conduit à un gaspillage colossal des ressources naturelles, mais cela a aussi laissé les populations locales dans la pauvreté. Les dirigeants ont souvent favorisé des intérêts personnels au détriment du bien-être de leur propre pays, créant ainsi des inégalités massives”, pointe-t-il du doigt accusateur les autorités.

Quant au président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP), Max Kemkoye, la corruption endémique a sapé les fonds qui auraient pu être investis dans des domaines tels que l’éducation, la santé et l’infrastructure. “Cette négligence des revenus pétroliers a non seulement appauvri les nations, mais elle a également contribué à des conflits et à des déséquilibres économiques majeurs. C’est une trahison envers les générations futures et une illustration de l’irresponsabilité à long terme des décideurs”, fait entendre Max Kemkoye.

Dans l’ensemble, l’opposition tchadienne considère que l’exploitation pétrolière au Tchad a été marquée par des problèmes systémiques, notamment la corruption, la mauvaise gestion, la négligence environnementale et l’impact social négatif.

Le gouvernement, à travers le ministère des Hydrocarbures et de l’Energie, a aussi été sollicité pour le bilan des 20 ans d’exploitation du pétrole. Le cabinet du ministre qui nous a annoncé un rendez-vous nous a fait savoir finalement que le ministre est occupé. Nous espérons qu’il aura le temps pour dire aux Tchadiens ce qu’a donné l’exploitation du pétrole depuis deux décennies.