Amnesty alerte sur les violences croissantes entre éleveurs et agriculteurs dans son nouveau rapport

Escalade des violences au Tchad : Amnesty International tire la sonnette d’alarme

Lors d’une conférence de presse organisée le 20 novembre 2025, Amnesty International a dévoilé un rapport alarmant sur l’intensification des conflits entre éleveurs et agriculteurs dans le sud du Tchad, relayant les résultats de recherches effectuées entre mars 2023 et septembre 2025. Ce document met en exergue l’incapacité de l’État tchadien à garantir la sécurité des populations face à ces violences récurrentes.

Le rapport révèle que, malgré une augmentation significative du budget du ministère de la Sécurité publique depuis 2022, les interventions des autorités sont souvent tardives. Le ministre en fonction depuis mai 2023 a lui-même reconnu les « retards d’intervention » face à des attaques de villages. Les témoignages recueillis par Amnesty soulignent la gravité de la situation. Un leader communautaire du Logone Oriental a déclaré avoir alerté l’administration locale dès 2014 sur des tensions persistantes avec les éleveurs. Un événement tragique s’est produit en 2023 lorsque son village a été attaqué par un groupe armé, entraînant la mort de 18 personnes et blessant 11 autres. En guise de protestation, les habitants ont déposé les corps sur la route.

Le rapport évoque aussi l’échec des mécanismes existants de gestion des conflits, soulignant leur manque de coordination et leur inefficacité. Amnesty met en cause des allégations de complicité entre certains responsables locaux et des éleveurs armés, notamment lorsque ces autorités possèdent elles-mêmes du bétail en lien avec ces groupes. Abdoulaye Diara, chercheur à Amnesty International, précise que sur les sept séries d’affrontements documentées, seulement trois ont abouti à des poursuites judiciaires, menant à la condamnation de 37 individus.

Un autre facteur aggravant évoqué dans le rapport est le changement climatique, qui, selon Amnesty, accentue les tensions entre éleveurs et agriculteurs. L’État tchadien est tenu d’assurer la sécurité de ses citoyens, conformément aux normes nationales et internationales. La secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard, a mis en garde : « Les effets du changement climatique ne feront qu’accroître les affrontements entre éleveurs et agriculteurs. » Elle appelle à des solutions structurelles urgentes pour faire face à cette crise.

Amnesty International formule plusieurs recommandations dans son rapport, en insistant sur le respect des droits humains. Parmi celles-ci figurent le renforcement de la présence des forces de l’ordre, l’adoption d’une politique proactive de désarmement, la création d’un cadre juridique clair pour la transhumance, et la revitalisation des comités conjoints de prévention des conflits. L’organisation préconise également l’élaboration et l’application d’un plan national d’adaptation au changement climatique.

Il est important de noter que les conclusions du rapport ont été transmises aux autorités tchadiennes le 25 juin 2025, mais aucune réponse n’avait été reçue au moment de la publication. Cette situation soulève des questions cruciales sur la capacité de l’État à gérer la sécurité et à protéger les populations vulnérables face à des crises qui ne cessent de s’aggraver.

Les résultats du rapport viennent souligner une réalité préoccupante pour le Tchad, un pays déjà fragilisé par des défis socio-économiques et environnementaux. Alors que la communauté internationale observe avec inquiétude, les attentes vis-à-vis de la réponse du gouvernement tchadien sont grandes, et l’urgence de solutions durables se fait pressante.