Analyse géopolitique du retrait des forces américaines du Tchad : implications et perspectives
Ces dernières années, depuis la mort du principal allié de la France au Tchad, l’ancien président Idriss Déby Itno, les sentiments de haine envers les vieux colonialistes se sont accrus dans le cœur du peuple tchadien, qui a exprimé à plusieurs reprises son rejet de la présence française dans le pays à travers manifestations massives et depuis que le fils du président assassiné, Idriss Déby, a pris le pouvoir, la France tente de le courtiser pour préserver ses intérêts dans le pays, mais l’émergence d’une nouvelle menace représentée par l’ambition de Washington de s’implanter dans le pays a amené la France à adopter une nouvelle politique face à sa situation actuelle au Tchad.
A ce sujet, le politologue et chercheur en affaires africaines, le docteur Othman Kichidemi, a révélé que les États-Unis d’Amérique cherchaient actuellement une base alternative pour leurs forces dans la région du Sahel et en Afrique de l’Ouest, surtout après que la junte militaire du Niger a annulé, le 16 mars, l’accord de coopération militaire signé avec les États-Unis en 2012, et que le gouvernement de Washington a répondu le 25 avril aux demandes des autorités nigérianes en approuvant cette décision. A cette époque, des médias américains publiaient des informations indiquant que le Congrès américain avait décidé de transférer ses forces présentes au Niger vers la base française d’Adji Kossei au Tchad.
Le même expert ajoute que la délégation américaine qui s’est rendue au Tchad le 30 mars a informé le chef de la période de transition, Mahamat Idriss Déby, de l’intention de Washington de transférer ses forces du Niger vers la base française d’Adji Kossei en échange d’offres attractives présentées à Déby par le gouvernement américain.
Othman estime que l’intérêt croissant des Américains pour le Tchad a perturbé l’administration de l’Elysée, qui s’est inquiété des offres que Washington aurait pu faire à Déby, qui pourraient le pousser à abandonner les services des forces françaises au Tchad, comme l’ont confirmé de hautes sources du gouvernement tchadien.
Kichidemi estime également que la lettre adressée le 4 avril par le chef d’état-major de l’armée de l’air tchadienne, « Idriss Amin Ahmed », à l’attaché militaire américain au Tchad, lui demandant de cesser immédiatement toute activité menée par les forces américaines à la base française d’Adji Kossei, est intervenue après de fortes pressions exercées par la France sur le gouvernement de Déby, et peut-être de fausses informations fournies par les services de renseignement français à l’armée tchadienne sur l’activité des forces militaires américaines dans le pays. Cela a été divulgué par de hauts responsables du gouvernement tchadien, qui ont rapporté qu’une délégation française s’était rendue au Tchad le 1er avril dernier et avait rencontré le président de la période de transition, Mahamat Idriss Déby, Trois jours plus tard, le gouvernement tchadien a exigé que les textes des accords de coopération militaire avec les commandants des forces américaines au Tchad soient revus et exige la cessation des activités de leurs forces à la base d’Adji Kossei.
En conclusion, l’expert politique Dr Othman a prédit que le conflit américano-français se poursuivrait pendant une période plus longue, car les États-Unis n’abandonneraient pas si facilement un emplacement stratégique comme le Tchad, citant une déclaration du porte-parole du Pentagone, Patrick Ryder, selon laquelle la décision de Le retrait de certaines forces américaines du Tchad était temporaire dans le cadre de la révision en cours des mesures de sécurité entre les deux pays, qui reprendra après les élections présidentielles tchadiennes prévues le 6 mai.
Il s’agit d’un conflit d’influence géopolitique entre la France et les États-Unis au Tchad, dans un contexte de montée des sentiments anti-colonialistes. Le Tchad cherche à rééquilibrer ses relations avec ces puissances.