Augmentation du prix du gasoil : une pénurie aux conséquences fâcheuses sur l’économie nationale
La hausse du prix du gasoil à la pompe qui passe de 548 francs CFA à 700 francs le litre CFA provoque une pénurie dans la capitale et de nombreuses provinces du pays où le prix du gasoil a augmenté significativement ces derniers temps. Cette pénurie constatée met en évidence les défis économiques auxquels le Tchad est confronté dans un contexte de volatilité des prix des matières premières.
Depuis hier, juste après l’annonce faite par le ministre des Hydrocarbures et de l’Energie, Djerassem Le Bemadjiel, les automobilistes font face à des files d’attente devant les stations-service, tandis que les distributeurs se plaignent d’une rupture de stock il y a des jours faisant même déjà une hausse des prix à plus de 1 000 francs CFA dans certaines provinces du pays.
“La raison de cette situation est une augmentation significative du prix du gasoil, qui a incité les automobilistes qui sont au parfum de l’augmentation du prix à faire le plein avant que les prix ne grimpent encore plus. De plus, certains distributeurs ont choisi de limiter leur offre de gasoil pour maximiser leurs profits, aggravant ainsi la pénurie”, explique un usager devant une station au quartier Gassi, dans le 7ème arrondissement de la capitale.
Pour de nombreux observateurs, les agriculteurs qui attendent la saison des pluies seront également touchés par cette situation, car, disent-ils, ces derniers dépendent largement du gasoil pour faire fonctionner leurs tracteurs. Déjà, ils se plaignent du fait que les prix élevés du gasoil mettent en danger leur activité et demandent des mesures de soutien du gouvernement. “C’est dire que nous devrons nous préparer au pire et surtout à augmenter les prix des hectares à labourer pour nos clients qui vont demander nos services”, indique Jeannot, agriculteur et détenteur de tracteur agricole.
Les conséquences économiques de cette pénurie artificielle vont être également importantes. Les entreprises de transport seront particulièrement touchées, car elles doivent faire face à des coûts plus élevés pour le carburant, ce qui se traduirait sans doute par une augmentation des prix pour les consommateurs.
Le gouvernement, en dévoilant cette augmentation du prix du gasoil à la pompe, par la voix de son ministre des Hydrocarbures et de l’Energie, a annoncé une série de mesures visant à stabiliser les prix du carburant et à empêcher les distributeurs de créer une pénurie artificielle. Mais beaucoup craignent que cette pénurie qui se constate déjà dans plusieurs stations-services ne trouve une solution comme l’a indiqué le gouvernement. Car, ces mesures sont largement considérées comme insuffisantes par les automobilistes et de nombreux opérateurs économiques.
Il faut relever que lors de son passage à N’Djaména, le directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Kenji Okamura, a mis en garde le gouvernement tchadien sur la question de subvention du carburant. “La rationalisation des dépenses non prioritaires, notamment les subventions régressives sur les carburants et l’électricité, et les réformes visant à renforcer la mobilisation des recettes non pétrolières seront cruciales”, a-t-il averti en substance.
En fin de compte, la pénurie artificielle de gasoil constatée depuis hier lundi 17 avril, met en évidence les défis économiques auxquels le Tchad est confronté dans un contexte de volatilité des prix des matières premières. Les autorités doivent trouver un équilibre délicat entre la protection des intérêts des consommateurs et la préservation de la rentabilité des distributeurs de carburant.