Avis de recrutement de personnel du projet SWEDD+ (17 Sage-Femmes)
Le rôle essentiel des sage-femmes dans la transformation des communautés au Tchad : une nécessité urgente
Introduction
« Le progrès social ne peut se mesurer uniquement par la richesse d’un pays, mais par la santé de ses mères et de ses enfants. » Cette citation, souvent attribuée à diverses figures visionnaires, résonne profondément dans le contexte actuel du Tchad, un pays où le taux de mortalité maternelle s’élève à 860 décès pour 100 000 naissances vivantes, l’un des plus alarmants au monde. Face à ces statistiques préoccupantes, la question ne se limite pas à la nécessité d’améliorer les services de santé, mais s’élargit à la responsabilisation des femmes et à leur autononomisation. Ce blog se propose d’explorer les défis auxquels ces femmes sont confrontées, les enjeux de santé reproductive, et la mise en œuvre d’initiatives telles que le projet SWEDD+ (Soutien aux Femmes et à leur Autonomisation Démographique) qui vise à transformer la réalité sociétale au Tchad.
I. Contexte socio-démographique
Une transition démographique fragile
En Afrique subsaharienne, la transition démographique — ce processus complexe où des taux de mortalité et de fécondité élevés sont progressivement remplacés par des taux plus bas — est encore à ses balbutiements. Malheureusement, les taux de fécondité restent extrêmement élevés dans certaines régions, atteignant plus de quatre enfants par femme en moyenne, et cela est particulièrement vrai dans les zones rurales et pauvres.
La situation au Tchad
Le Tchad, un pays enclavé d’Afrique centrale, fait face à des défis multiples : des conflits armés dans les pays voisins, les effets dévastateurs du changement climatique, et la désertification croissante. Ce tableau est assombri par une pauvreté endémique, avec 42 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté national. L’indice du capital humain du Tchad est catastrophique, s’élevant à seulement 0,30, indiquant qu’un enfant né aujourd’hui sera 70 % moins productif à l’âge adulte, comparé à un enfant bénéficiant d’une éducation et de soins de santé adéquats.
Les conditions de vie des femmes, en particulier des jeunes filles, sont alarmantes. Une adolescente sur six devient mère avant l’âge de 19 ans, rendant inéluctable la nécessité d’améliorer leur accès à l’éducation et aux soins de santé.
II. L’importance de l’autonomisation des adolescentes et des femmes
L’autonomisation des adolescentes et des jeunes femmes est cruciale non seulement pour améliorer leurs propres conditions de vie, mais aussi pour relancer le développement économique et humain. Lorsque les femmes ont accès aux soins de santé, à l’éducation et aux opportunités économiques, les résultats sociaux et économiques s’améliorent non seulement pour elles, mais aussi pour leurs familles et leurs communautés.
Investir dans les femmes contribue à la création de communautés résilientes, à même de faire face aux crises et aux tensions dues aux changements environnementaux et aux conflits.
III. Présentation du projet SWEDD+
Objectifs et portée
Le projet SWEDD+, qui s’inscrit dans la continuité des initiatives antérieures, vise à approfondir l’impact sur les adolescentes et leurs communautés. Cette initiative se concentre sur le développement des compétences de vie, la santé reproductive et sexuelle, et l’encouragement à la scolarisation des jeunes filles. L’un des objectifs principaux est également de prévenir les violences sexuelles basées sur le genre, en abordant leurs causes profondes et les normes sociales qui y contribuent.
Le projet couvrira dix-sept provinces, dont les régions les plus touchées par la précarité et les inégalités, telles que le Lac, le Kanem et le Ouaddaï.
Une approche multiculturelle et multisectorielle
SWEDD+ ne se limite pas à une seule région mais s’étend à plusieurs pays, notamment le Burkina Faso, le Sénégal, et la Gambie, intégrant également la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Cette approche collaborative est essentielle pour créer des synergies entre les différents acteurs impliqués dans la santé des femmes et des enfants.
IV. Revenons aux sages-femmes : un pilier incontournable
Le défi de la santé maternelle
L’insuffisance de personnel de santé qualifié est l’une des causes majeures de la mortalité maternelle et infantile. Chaque année, ce sont 162 000 femmes dans le monde qui perdent la vie à cause de complications liées à la grossesse, et plus d’un million d’enfants perdent leur mère. Cette situation est exacerbée par l’absence de soins médicaux simples et accessibles.
Au Tchad, la situation est encore plus critique. Le manque de sage-femmes compétentes et leur mauvaise répartition aggravent cette crise. Leur formation et affectation doivent être coordonnées afin d’assurer que les services de santé maternelle soient accessibles, de qualité et répondent aux besoins spécifiques des nouvelles mères et des nouveau-nés.
Rôle des sages-femmes
Les sages-femmes ne se contentent pas d’assister à l’accouchement. Elles offrent un soutien crucial durant la grossesse, prodiguent des conseils en matière de santé sexuelle, et fournissent des soins essentiels à la fois aux mères et aux enfants dans la période postnatale. Leur rôle est d’autant plus vital dans les zones rurales, où elles peuvent agir comme intermédiaires entre le système de santé formel et la communauté.
V. Missions et responsabilités des sages-femmes dans le projet SWEDD+
Le projet SWEDD+ prévoit le recrutement de 17 sages-femmes pour renforcer les capacités des structures de soins dans les zones cibles. Voici un aperçu des missions qui leur seront confiées :
- Consultations prénatales : Elles assureront les consultations et suivis pour les femmes enceintes, en insistant sur la prévention de la transmission du VIH.
- Accouchements : En surveillant le travail avec des outils comme le partogramme, elles assureront des accouchements en toute sécurité et géreront les complications.
- Gestion postnatale : Elles fourniront des soins immédiats au nouveau-né et surveilleront l’évolution de la mère et de l’enfant pendant le postpartum.
- Sensibilisation : Grâce à des sessions d’éducation à la santé reproductive, elles traiteront des thèmes comme la planification familiale et la prévention des violences basées sur le genre.
- Partenariats avec la communauté : Elles travailleront main dans la main avec les accoucheuses traditionnelles pour améliorer et sécuriser les pratiques de naissance au sein de la communauté.
VI. Résultats attendus
Les résultats escomptés du projet SWEDD+ sont ambitieux mais réalisables :
- Une augmentation significative des consultations de santé reproductive et maternelle dans les structures de soins.
- La mise en place de programmes éducatifs pour sensibiliser la communauté sur des thèmes cruciaux liés à la santé reproductive.
- Un suivi rigoureux et efficace des activités liées à la maternité, afin de garantir une prise en charge optimale des femmes et des nouveau-nés.
VII. Qualifications requises pour les sages-femmes
Pour faire partie intégrante de ce projet, les candidats doivent posséder un diplôme d’État de sages-femmes (Maïeuticien). Autres compétences recherchées :
- Expérience : Une expérience professionnalle d’au moins trois ans dans un service gynéco-obstétrique est essentielle.
- Communication : Les sages-femmes doivent être en mesure de bien communiquer et d’informer la population.
- Flexibilité : Être capable de travailler dans des zones difficiles et humanitaire, tout en s’adaptant aux réalités locales.
VIII. Conclusion : Un avenir prometteur
Le projet SWEDD+ représente une lueur d’espoir dans le combat pour la santé maternelle et infantile au Tchad. En intégrant les sages-femmes et en renforçant leur capacité à agir sur le terrain, le projet aspire à réduire le taux de mortalité maternelle et à améliorer la qualité de vie des femmes et des enfants. C’est un effort collectif qui nécessite l’engagement et le soutien de tous les acteurs concernés. Investir dans la santé reproductive et l’autonomisation des femmes est une promesse non seulement pour un avenir meilleur pour les mères et leurs enfants, mais aussi pour la stabilité et la prospérité du Tchad dans son ensemble. Ensemble, nous pouvons construire un avenir où chaque femme a accès aux soins dont elle a besoin, et où chaque enfant peut grandir en sécurité et avec dignité.