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baisse de niveau du français avec la pratique de la langue arabe locale à l’école
La Langue du Savoir : Un Enjeu Crucial pour l’Éducation au Tchad
Introduction
« La langue est la clé de voûte de l’éducation », disait l’écrivain tunisien Tahar Ben Jelloun. Ce constat trouve une résonance particulière dans le cadre éducatif de N’Djamena, la capitale du Tchad. Dans les couloirs des lycées, collèges et écoles primaires, une réalité préoccupante s’impose : le langage de communication entre élèves est majoritairement l’arabe local. Une pratique qui, bien que profondément enracinée dans la culture et la quotidienneté des élèves, soulève des questions alarmantes sur leur maîtrise du français, langue officielle du pays et principale véhiculaire de l’enseignement. Ce constat a des répercussions directes sur la qualité de l’éducation et la capacité des élèves à réussir dans un monde où les compétences linguistiques sont essentielles.
Une Pratique Établie dans les Établissements Scolaires
La Dominante Arabe Locale
Dans de nombreux établissements scolaires de N’Djamena, l’arabe local est omniprésent dans les interactions entre élèves. Cette situation, bien que semblant anodine, met en lumière un défi crucial pour le système éducatif tchadien. En effet, la communication entre les élèves en arabe intervient souvent au détriment de l’apprentissage du français, qui est censé être la langue de l’instruction.
Il existe une nostalgie pour une époque où le ministère de l’Éducation avait clairement interdit aux élèves de s’exprimer en arabe en dehors des cours spécifiquement dédiés à cette langue. À l’époque, les élèves qui commettaient cette infraction étaient sanctionnés et rappelés à l’ordre. Cependant, ces règles sont désormais, pour la majorité, des vestiges d’un passé révolu, souvent oubliées ou ignorées par les enseignants et les administrations scolaires.
Les Conséquences de la Domination de l’Arabe Local
Chaque année, les rapports indiquent une baisse significative des compétences linguistiques des élèves, estimée entre 18 et 21 %. Cette régression ne peut être prise à la légère. Les élèves qui communiquent principalement en arabe local ne parviennent pas à maîtriser le français, ce qui entrave leur capacité à lire, écrire, et s’exprimer efficacement dans cette langue. Par conséquent, cela limite leur accès à des ressources éducatives essentielles et affecte leur avenir académique et professionnel.
Dans un système éducatif où la langue française est prépondérante, cette dissonance crée non seulement des barrières à l’apprentissage, mais renforce également les inégalités dans l’accès à l’éducation et aux opportunités.
Un Appel à l’Action : Réformer les Méthodes d’Enseignement
La Nécessité de Mobiliser les Autorités Éducatives
Pour remédier à cette situation préoccupante, les ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Éducation nationale doivent prendre des mesures décisives. L’un des leviers serait d’instaurer une interdiction formelle de l’utilisation de l’arabe local dans les établissements scolaires, tant en classe que dans les cours de récréation. Une telle décision pourrait encourager les élèves à privilégier l’usage du français dans leurs interactions quotidiennes, contribuant ainsi à renforcer leur maîtrise de la langue.
Vers une Réflexion Stratégique sur l’Enseignement du Français
En parallèle, il serait judicieux de voir révisé le programme d’étude afin de mieux intégrer l’enseignement du français. Des initiatives telles que des cours de soutien en français ou des activités parascolaires axées sur la langue pourraient stimuler l’intérêt des élèves pour le français, tout en rendant cet enseignement plus attrayant.
Des ateliers, des concours de poésie en français ou encore des clubs littéraires pourraient être mis en place dans les établissements scolaires. Ces initiatives visent non seulement à enrichir le vocabulaire et à améliorer la grammaire des élèves, mais aussi à leur inculquer un amour pour la langue française.
Exemples et Données Réalistes
Études de Cas Éclairantes
Dans plusieurs pays d’Afrique où plusieurs langues coexistent, des solutions innovantes ont été mises en œuvre pour aider les élèves à apprendre une langue véhiculaire. Par exemple, en Côte d’Ivoire, le ministère de l’Éducation a instauré un programme appelé « Le Parler Français » qui combine l’enseignement formel et informel, permettant aux élèves de se familiariser avec le français dans un contexte ludique et engageant. En Tchad, une initiative similaire pourrait être bénéfique pour les élèves.
Des Données qui Parlent
Les études montrent que la maîtrise de la langue dans un pays multilingue est directement liée aux opportunités économiques et professionnelles des individus. Selon une étude de la Banque mondiale, la maîtrise d’une langue véhiculaire comme le français peut accroître les opportunités d’emploi et les salaires. En améliorant leur compétence en français, les élèves de N’Djamena pourraient non seulement améliorer leur performance académique, mais également leur avenir professionnel.
Une Critique Constructive
Instances de Résistance et Évitement du Progrès
Cependant, la mise en place d’une telle réforme pourrait faire face à certaines résistances. L’arabe local est une composante culturelle forte pour de nombreux élèves, et certains pourraient voir cela comme une atteinte à leur identité linguistique. Un dialogue ouvert entre les acteurs éducatifs, les élèves et les parents est indispensable pour aborder ces inquiétudes et intégrer des solutions qui respectent la diversité culturelle tout en favorisant l’apprentissage du français.
Propositions Alternatives
Une approche intégrant à la fois la valorisation de l’arabe local et l’importance de la maîtrise du français pourrait également être envisagée. Par exemple, des cours de bilinguisme pourraient être instaurés, où l’arabe et le français cohabiteraient de manière constructive, permettant aux élèves d’apprendre à valoriser les deux langues sans sacrifier l’importance du français dans leur éducation.
Conclusion
Face aux défis linguistiques auxquels sont confrontés les élèves de N’Djamena, il est essentiel d’agir rapidement et de manière concertée. L’importance de la langue dans l’éducation ne peut être sous-estimée : elle est le fondement même de la réussite académique et professionnelle des jeunes. En instaurant des mesures pour favoriser l’usage du français tout en respectant les identités culturelles, le Tchad pourrait se placer sur la voie d’une éducation plus inclusive et de qualité.
Ensemble, acteurs éducatifs, parents d’élèves et autorités, nous avons le pouvoir d’œuvrer pour un avenir où la maîtrise du français permet à nos jeunes de s’épanouir et de s’intégrer dans un monde de plus en plus compétitif. Réveillons notre conscience collective et faisons en sorte que la langue du savoir soit également celle de notre identité, sans jamais l’oublier.