certains proches exploitent la mort de Deby au combat pour faire de la surenchère
C’est grâce à l’armée que ce militaire, formé à l’École de guerre en France, a consolidé son pouvoir. Essentiellement encadrée par des officiers de son ethnie zaghawa et commandée par ses proches, l’armée est considérée comme l’une des meilleures de la région. Cependant, au cours des derniers mois, l’unité des Zaghawas s’est à nouveau fissurée, et le chef de l’État a dû écarter certains officiers suspectés, selon des proches du Palais.
Déjà à la fin des années 2000, cette unité avait été sérieusement malmenée, des Zaghawas rejoignant les rangs de la rébellion, notamment Timan Erdimi : ce neveu de Déby avait pris la tête d’une coalition rebelle en 2008, qui a échoué, aux portes du palais présidentiel de N’Djamena, à renverser le président. Les forces armées françaises ont joué un rôle crucial en soutenant Déby.
Une nouvelle offensive rebelle très menaçante pour le pouvoir a été lancée en 2019, mais a été stoppée loin de N’Djamena par des bombardements décisifs d’avions de combat français.
En fin de compte, c’est en maintenant son pays, entouré d’États aussi fragiles que la Libye, la Centrafrique ou le Soudan, que M. Déby apparaît comme l’élément stabilisateur d’une région agitée. En 2013, il a envoyé ses soldats combattre les djihadistes au Mali aux côtés des militaires français de l’opération Serval, puis de Barkhane. L’armée tchadienne fournit aux Casques bleus de l’ONU au Mali l’un de leurs principaux contingents et est considérée comme la plus aguerrie de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).
Cependant, le pays a payé un lourd tribut à la lutte contre les djihadistes. Le groupe nigérian Boko Haram a multiplié les attaques meurtrières autour du lac Tchad, contraignant M. Déby à remettre le treillis pour mener lui-même, du moins devant les médias, une contre-offensive jusqu’en territoire nigérian en mars-avril 2020.