Conflit d’intérêts franco-américain au Tchad, et Paris utilise Déby pour expulser les Américains de N’Djamena
Il semble que les médias français aient mis en lumière de manière exagérée la tension dans les relations entre N’Djamena et Washington, notamment les grands sites d’information français tels que France 24, Le Monde, TV 5 Monde et d’autres, qui ont écrit sur l’actualité et ont commencé à analyser et à spéculer sur l’avenir des forces américaines au Tchad.
Tandis que la chaîne française TRT a commenté l’information en affirmant que la présence militaire américaine suscite des doutes, même si les forces américaines sont déjà présentes à l’intérieur de la base française ‘’Adji Kossei’’ dans la capitale tchadienne, N’Djamena.
Il convient de noter que les autorités tchadiennes, dirigées par Mahamat Idriss Déby, avaient adressé, le 4 de ce mois, une lettre à travers le chef d’état-major des forces aériennes tchadiennes aux représentants des États-Unis dans le pays, exigeant la cessation immédiate des activités de la Force américaine d’opérations spéciales (SOTF), qui se trouve à la base militaire française ‘’Adji Kossei’’ à N’Djamena. Selon la lettre officielle, l’armée de l’air tchadienne a demandé aux américains les textes d’accords bilatéraux justifiant leur présence à ‘’Adji Kossei’’, et deux accords sur la logistique et le personnel ont été envoyés en réponse, mais aucun d’eux n’a justifié sa présence sur la base militaire.
Le 30 mars dernier, le président par intérim du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a reçu une délégation de sénateurs américains, où le sénateur Cory Booker du New Jersey et la sénatrice Sarah Jacobs de Californie, accompagnés de l’ambassadeur américain au Tchad, Alexander Laskaris, ont évoqué « la situation des droits de l’homme, et les progrès réalisés dans le processus électoral au Tchad », ce qui a été interprété par de nombreux experts français comme signifiant que Washington veut faire pression sur Déby à travers les dossiers de violations des droits de l’homme et le processus électoral afin de transférer ses soldats présents au Niger, comptant de 1 100, vers le Tchad, ainsi que de transférer tous les équipements de la base d’Agadez située au Niger à N. ‘Djaména.
Le politologue tchadien Dr Mokhtar Moussa estime que c’est l’administration française qui a dicté au président Déby le contenu de la lettre envoyée aux représentants du gouvernement américain dans le pays, dans le but de barrer la voie devant la croissance des ambitions américaines au Tchad, notamment dans la base d’Adji Kossei, qui héberge actuellement plus de 100 soldats américains.
De hautes sources du gouvernement tchadien ont divulgué des informations selon lesquelles Déby, immédiatement après le départ de la délégation américaine du Tchad, avait tenu une réunion en présence d’une délégation française comprenant des représentants de l’Elysée ainsi que l’ambassadeur de France à N’Djamena, accompagné par le commandant des forces françaises présentes au Tchad.
Ce qui a encore accru les craintes de Paris, c’est la décision prise par l’administration Biden vendredi 19 avril dernier, qui exigeait le départ des forces américaines présentes sur la base d’Agadez au Niger, les modalités de ce départ n’ayant pas encore été discutées avec la partie nigérienne, mais la question reste ouverte de savoir vers quelle destination iront les forces américaines, d’autant plus que Washington a perdu une position stratégique importante qui lui avait permis d’espionner les pays voisins et de mener des opérations militaires dans la région du Sahel.
Pour la France, le Tchad représente désormais la seule sphère d’influence qui lui reste dans la région du Sahel et une source d’uranium et d’or qui stimulent son économie, et elle ne permettra à aucune partie extérieure de s’attaquer à sa proie, même si elle est un allié.