COOPÉRATION : le Représentant de l’UNICEF au Tchad décoré par le Chef de l’Etat
Tchad : Une politique de protection de l’enfance sous l’ombre d’un changement de direction ?
Introduction
Le Tchad, au cœur de l’Afrique, fait face à des défis monumentaux liés à la protection des droits des enfants. Récemment, une audience entre le Président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno, et M. Jacques Boyer, Représentant de l’UNICEF au Tchad, a mis en lumière la question cruciale du bien-être des enfants dans un contexte marqué par des crises socio-économiques et des conflits géopolitiques. L’attribution du titre d’Officier de l’Ordre National du Tchad à M. Boyer pour ses efforts en faveur de la protection de l’enfance est un geste symbolique, mais évoque également des questions essentielles : cette reconnaissance s’inscrit-elle dans une continuité politique réelle ou ne reste-t-elle qu’une action ponctuelle sans profondeur structurelle ?
Analyse des actions gouvernementales
Actions en faveur de l’enfance
Sous la présidence de Mahamat Idriss Déby Itno, des actions ont été entreprises pour améliorer la situation des enfants au Tchad. L’accueil de Jacques Boyer et sa reconnaissance soulignent des avancées notables, fruit de trois années de collaboration entre le gouvernement tchadien et l’UNICEF. Les programmes mis en œuvre ont visé à réduire la mortalité infantile, à améliorer l’éducation, et à lutter contre le travail des enfants.
Cependant, ces initiatives ont souvent été tributaires d’un environnement économique précaire. Le Tchad, un des pays les moins développés, dépend largement de l’aide internationale pour sa survie. Une étude récente a révélé que près de 60% des enfants tchadiens vivent en dessous du seuil de pauvreté, un chiffre alarmant qui ne semble pas s’améliorer malgré les efforts humanitaires.
Dimensions économiques et politiques
Bien que l’aide de l’UNICEF et d’autres organismes ait permis de faire avancer un certain nombre de politiques sociales positives, le cadre général de gouvernance en Tchad reste problématique. Le pays fait face à des tensions politiques internes et à des pressions exercées par des conflits régionaux. La militarisation du pouvoir, accentuée par des pratiques de gouvernance contestées, rend difficile la mise en œuvre systématique de réformes durables.
Réactions des parties prenantes
Des voix s’élèvent aussi bien du côté des ONG que des représentants de la société civile, appelant à un engagement réel et concret des autorités gouvernementales. Les critiques pointent du doigt le manque de transparence déshumanisant les enjeux, ainsi qu’une gouvernance perçue comme centralisée et autoritaire. L’optimisme exprimé par M. Boyer sur l’avenir de la protection de l’enfance doit être examiné avec prudence, tant que les structures de gouvernance ne font pas l’objet d’une réforme en profondeur.
Impact sur les enfants et les familles
Conséquences directes
Les efforts pour améliorer la situation des enfants au Tchad doivent être mis en perspective avec des données quantitatives. La mortalité infantile, bien qu’en baisse, reste l’une des plus élevées au monde, avec 103 décès sur 1,000 naissances vivantes selon les dernières données de l’UNICEF. De plus, l’éducation reste une priorité, mais l’accès à une éducation de qualité est freiné par le manque de financements adéquats et d’une infrastructure scolaire suffisante.
Témoignages
Des témoignages de familles de la région du Kanem illustrent la réalité du quotidien des enfants au Tchad. Fatime, une mère de quatre enfants, partage son point de vue : « Je rêve que mes enfants aient les mêmes chances que ceux d’ailleurs. Mais chaque jour est une lutte pour leur offrir même un repas, sans parler de leur éducation. » Des récits comme celui de Fatime mettent en lumière l’urgence d’une intervention plus significative.
Études de cas
Un cas notable est celui du programme éducatif "Écoles pour Tous" mis en place en collaboration avec l’UNICEF, qui a permis d’améliorer les taux d’inscription dans certaines régions. Pourtant, ces succès lucides ne suffisent pas à cacher les inégalités profondes qui persistent, exacerbées par un contexte socio-économique volatile.
Critique des politiques en place
Points faibles
Bien que la reconnaissance des efforts de M. Boyer soit appréciable, plusieurs critiques doivent être soulevées concernant les politiques actuelles du gouvernement tchadien :
Manque de suivi des engagements : Les promesses de protection des droits des enfants sont souvent limitées dans le temps, et le manque d’un cadre de suivi rend difficile l’évaluation des progrès réels.
Centralisation du pouvoir : La concentration des décisions politiques rend difficile la mise en œuvre réaliste et adaptée aux besoins locaux, avec une faible implication des acteurs communautaires.
- Infrastructures insuffisantes : Le manque d’investissements dans les infrastructures, notamment scolaires et sanitaires, freine les progrès.
Questions ouvertes
Au-delà des critiques, il est nécessaire de poser la question : quelles alternatives peuvent être mises en avant pour assurer une continuité des efforts en matière de protection de l’enfance ?
Propositions constructives
Renforcement des structures
Pour tangiblement améliorer la situation des enfants au Tchad, plusieurs initiatives pourraient être considérées :
Système de gouvernance décentralisé : Établir des systèmes de gouvernance qui intègrent les populations locales dans le processus décisionnel.
Partenariats avec les ONG : Encourager des modèles de partenariats solides entre le gouvernement et les ONG pour assurer un suivi régulier et une mise en œuvre systématique des programmes.
- Soutien économique direct aux familles : Mettre en place des filets de sécurité sociale pour les familles les plus vulnérables, afin d’atténuer les difficultés économiques et de garantir l’accès à l’éducation.
Exemples de bonnes pratiques
Des pays comme le Rwanda, qui ont investi massivement dans l’éducation et la santé après leur guerre civile, offrent des leçons précieuses. La mise en œuvre d’une politique d’égalité des sexes et le développement des infrastructures éducatives ont permis des progrès significatifs en matière de bien-être des enfants.
Conclusion
L’engagement du Président Mahamat Idriss Déby Itno envers la protection de l’enfance, illustré par la reconnaissance de Jacques Boyer, constitue un pas positif qui doit cependant être soutenu par des actions concrètes et pérennes. À l’heure où le Tchad se trouve à un carrefour décisif, il est impératif d’acknowledge les défis systémiques et de privilégier des solutions innovantes et inclusives. Chaque enfant au Tchad mérite un avenir meilleur, et il appartient à ses dirigeants de transformer cette vision en réalité. Pour garantir le bien-être des futures générations, il est temps d’agir avec détermination – une action qui doit partir du cœur même de chaque communauté, avec la participation active de tous les acteurs concernés, du gouvernement aux citoyens.