dans la société, des petits métiers rentables mais négligés

Introduction

« Quel est l’avenir d’un jeune diplômé qui ne trouve pas d’emploi ? » Cette question, portée par l’inquiétude de milliers de jeunes Tchadiens, résonne à travers les rues chaotiques de N’Djamena. Selon les données récentes, près de 70% des jeunes âgés de 15 à 35 ans sont au chômage, avec de nombreux diplômés laissés sur le quai de la réussite professionnelle. Bien que l’accès à la fonction publique soit un rêve pour beaucoup, il est souvent inaccessible. Dans ce contexte difficile, les « petits métiers », bien que souvent considérés comme des options de dernier recours, se révèlent être de véritables ressources pour une jeunesse en quête de dignité et de subsistance. Cet article explore les défis de l’emploi au Tchad, les réalités des petits métiers, et les perspectives d’une jeunesse déterminée à transformer son avenir.

La Réalité de l’Emploi au Tchad

Le Tchad, comme de nombreux pays en voie de développement, fait face à un dilemme crucial : l’écart entre les aspirations académiques de sa jeunesse et la réalité économique du marché du travail. Après des années de dur labeur pour obtenir leur diplôme, ces jeunes se retrouvent souvent face à un mur. La fonction publique, un bastion d’espoir pour tant d’entre eux, est saturée, et le chemin pour y entrer est semé d’embûches. Chaque année, des milliers de candidats postulent pour une poignée de postes, laissant bien des talents sur le pavé.

Cette situation désespérante pousse les jeunes à explorer d’autres avenues. Les petits métiers, perçus par certains comme des travaux de moindre importance, offrent en réalité un moyen de subsistance efficace et immédiat. Des cireurs de chaussures aux lavages d’automobiles, ces emplois, bien que souvent invisibles, constituent le fondement économique de nombreux foyers.

Les Petits Métiers : Une Réponse à la Crise de l’Emploi

Malgré le mépris qu’ils peuvent susciter, les petits métiers jouent un rôle essentiel dans l’économie informelle du Tchad. Des professions variées, telles que boy-chauffeurs, coursiers, laveurs de voitures, déchargeurs, et vendeurs de téléphones, permettent à des milliers de jeunes d’assurer leur quotidien. Ces activités, bien que considérées comme précaires, représentent en réalité des opportunités en adéquation avec la réalité économique du pays.

Le paradoxe réside dans le fait que, malgré leur potentiel, un grand nombre de jeunes diplômés rechignent à s’engager dans ces petits métiers. En effet, les stigmates sociaux associés à ces emplois poussant à la honte empêchent de nombreux jeunes de faire le pas vers une autonomie financière. Cependant, comme le rappelle souvent un célèbre entrepreneur tchadien, « la richesse réside dans la diversité de nos compétences ». Une attitude de fierté à l’égard de ces petits métiers pourrait transformer la perception de ces emplois et apporter une nouvelle dynamique à l’économie.

La Débrouille : Une Nécessité Économique

Aujourd’hui, plus de deux jeunes sur trois gagnent leur vie grâce à la débrouille. Cette réalité n’est pas un reflet d’un manque d’éducation ou d’ambition, mais plutôt une réponse pragmatique à une économie faltering et à un système d’emploi inefficace. La plupart des jeunes diplômés doivent jongler avec l’idée de « réussir » à travers la création de leur propre business, tout en vivant la réalité du marché du travail.

À titre d’exemple, un jeune diplômé en marketing qui ne trouve pas de poste se tourne vers la vente de vêtements au marché local. Bien que son diplôme soit en relation avec un domaine d’activité spécifique, sa capacité à s’adapter et à faire des affaires en ligne permet de générer des revenus. Ainsi, la créativité et l’innovation deviennent ses meilleurs atouts dans la quête d’un avenir meilleur.

La Pression Sociale et les Normes Culturelles

Un autre élément à considérer est la pression sociale qui pèse sur les jeunes. Dans un environnement où vivre chez ses parents sans contribuer financièrement est perçu comme un échec, beaucoup se voient contraints de mettre de côté leurs rêves et leur fierté pour entrer dans le monde du travail, même si cela signifie abandonner leurs aspirations académiques. Le poids de ces normes peut être écrasant, mais il peut aussi créer une dynamique motrice qui pousse les jeunes à rechercher des solutions alternatives.

La pression pour réussir dans un cadre traditionnel peut mener à une crise identitaire pour ces jeunes. Cela soulève des questions sur la valeur de l’éducation par rapport aux compétences pratiques et au pragmatisme. Combien d’entre eux peuvent surmonter ce stigma pour prospérer, même dans des métiers qui, aux yeux de la société, peuvent sembler peu prestigieux ?

Vers des Solutions Durables

Pour faire face à ce dilemme, plusieurs pistes peuvent être envisagées. Tout d’abord, la sensibilisation à l’importance des petits métiers dans le tissu économique et social doit être renforcée. En faisant la promotion de ces activités comme étant dignes et nécessaires, la société pourrait contribuer à la réhabilitation de l’image de ces professions.

Ensuite, la création d’une plateforme de soutien pour les jeunes entrepreneurs pourrait être un vecteur clé. Cela inclurait des formations sur le développement des compétences en affaires, l’accès à du micro-crédit et le mentorat par des professionnels établis. Avoir un filet de sécurité pour les jeunes pourrait transformer la manière dont ils abordent les petits métiers et les encourager à s’engager dans l’entrepreneuriat.

Enfin, une amélioration des politiques publiques concernant l’emploi des jeunes est indispensable. Cela implique une collaboration entre le gouvernement, les institutions privées et la société civile pour créer des emplois stables et durables. La mise en place de programmes de stages dans des institutions publiques et privées permettrait de faciliter l’entrée sur le marché du travail et de réduire la concurrence déloyale qui ronge la classe montante.

Conclusion

Le parcours des jeunes diplômés au Tchad est semé d’embûches, où l’accès à un emploi décent demeure un rêve pour beaucoup. Toutefois, à travers la résilience et l’innovation, ces jeunes trouvent des moyens de s’en sortir, même dans un contexte difficile. Les petits métiers, bien que souvent sous-estimés, se révèlent être une ancre de survie non seulement pour eux-mêmes, mais également pour l’économie locale.

En combattant les stéréotypes et en s’attaquant aux défis socio-économiques, cette jeunesse pourrait bien devenir la force motrice d’un véritable changement sociétal. Alors, n’oublions pas : ce n’est pas seulement une question de diplôme, mais aussi de compétences, de créativité et d’ardeur au travail. Encourager cette transformation est crucial pour bâtir un Tchad où chacun a sa chance de contribuer à son avenir. Pour les jeunes, le temps est venu de se lever, de chasser la honte et de forger leur propre destin.