De l’OUA à l’UA : 60 ans de tentative d’émergence de l’Afrique
Ce 25 mai est célébrée la Journée mondiale de l’Afrique. C’est une journée anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine en 1963.
Le 25 mai 1963, 32 États ont créé l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis-Abeba en Éthiopie de l’empereur Hailé Sélassié. Mais parmi les chefs d’État fondateurs, les avis divergeaient sur la nature de l’organisation. Les adeptes du fédéralisme, avec comme figure de proue le chef de l’Etat ghanéen Kwamé Nkrumah, s’opposaient aux partisans d’une « Afrique des États » guidés par le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Ces derniers ont pris le dessus et l’OUA prend la forme d’un outil de coopération, et non d’intégration, entre les États.
Durant le même mois, la charte de l’organisation est signée par trente États africains indépendants. Les principes fondamentaux de l’Organisation de l’unité africaine sont le respect du tracé des frontières héritées de la période coloniale, le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures.
En 1984-1985, le Maroc se retire de l’OUA, dont il était membre depuis 1963, à la suite de l’admission de la République arabe Sahraouie démocratique.
Les deux thèmes fédérateurs au sein de l’organisation étaient la décolonisation et la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. L’aide envers les peuples encore colonisés restera son action la plus marquante. L’OUA utilise l’Organisation des Nations unies (ONU) comme une tribune pour plaider leur cause. Elle apporte son assistance politique et matérielle aux mouvements indépendantistes. L’organisation panafricaine sera peu efficace dans la lutte contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, bien qu’elle le dénonce avec vigueur.
Parce que les Etats membres ont opté pour la non-ingérence, le bilan de l’OUA en termes de règlement des conflits est mitigé. Par exemple, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se montre plus active sur ce point, comme au Liberia dans les années 1990.
En effet, l’OUA était avant tout un forum de coopération entre chefs d’États. La conférence, qui est l’organe suprême réunissant les chefs d’État et de gouvernement, prenait toutes les décisions. Les États étaient souvent divisés sur les sujets, ce qui entraînait un certain immobilisme dans de nombreux domaines.
Une laborieuse intégration régionale et continentale
Sur le plan économique, l’OUA avait pour objectif l’intégration économique du continent. C’est ainsi que les communautés économiques régionales (CER) ont été créées comme base de l’intégration africaine, avec un calendrier pour l’intégration régionale, puis continentale. Elles sont au nombre de huit :
- L’Union du Maghreb arabe (UMA)
- Le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA)
- La Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD)
- La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC)
- La Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC)
- La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
- L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD)
- La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)
Mais plusieurs obstacles dont le manque de volonté politique freinent cette intégration régionale et continentale.
Sur la promotion des droits de l’homme et de la démocratie, l’OUA adopte en 1981 une Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, aujourd’hui ratifiée par la quasi-totalité des États. Son mécanisme de contrôle est resté très limité : la commission qui s’en chargeait ne pouvait que rendre un rapport, souvent confidentiel, à la conférence des chefs d’État et de gouvernement qui disposait du dernier mot.
L’Union africaine naît sur les cendres de l’Organisation de l’unité africaine
En 2002, l’Union africaine remplace l’Organisation de l’unité africaine. L’Union africaine ayant été créée en 2000 à Durban en Afrique du Sud. Si la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement est gardée dans l’architecture institutionnelle de l’UA, le Secrétariat général est remplacé par la Commission.
Sur le plan de l’intégration, la décision de lancer le projet de zone de libre-échange continentale est prise en janvier 2012, lors de la 18e session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine. L’objectif du projet est d’intégrer à terme l’ensemble des 55 États de l’Union africaine au sein de la zone de libre-échange.
Le 1er janvier 2021, la ZLECA est mise en place pour les pays ayant ratifié l’accord, alors que cette mise en place était initialement prévue pour le 1er juillet 2020, mais elle a été retardée à cause de la pandémie de Covid-19. Sur les 55 pays africains, seul l’Erythrée n’a pas signé l’accord. Par contre, ce sont 46 pays qui l’ont effectivement ratifié.
Les autres principaux défis auxquels l’Union africaine doit faire face aujourd’hui sont notamment le regain des coups d’État et la percée du terrorisme.