Déclaration Afrique-Paris sur la transition énergétique, la justice climatique et la pauvreté énergétique
Tout au long du forum, les principales parties prenantes du continent et d’ailleurs se sont réunies pour relever les défis énergétiques urgents auxquels l’Afrique est confrontée. Se déroulant à Paris – la ville où l’Accord de Paris sur le climat a été signé en 2016 – les discussions se sont concentrées sur les stratégies visant à attirer les investissements, à promouvoir le développement énergétique durable et à stimuler la croissance économique tout en donnant la priorité à la responsabilité environnementale, La société civile africaine, les groupes de défense des droits de l’homme, les groupes environnementaux, les gouvernements et le secteur privé reconnaissent qu’il est essentiel de s’attaquer à la pauvreté énergétique, qui continue d’entraver le progrès socio-économique dans de nombreuses nations africaines. En favorisant un environnement propice à l’investissement et à l’innovation, nous, Africains, avons pour objectif de libérer le vaste potentiel énergétique du continent et de permettre aux communautés d’accéder à des sources d’énergie fiables et abordables.
La déclaration de Paris appelle à des discussions et à des collaborations fructueuses, soulignant l’engagement commun des nations africaines, des investisseurs mondiaux et des chefs d’entreprise en faveur d’un développement énergétique durable sur le continent.
À l’avenir, nous restons déterminés à défendre le programme énergétique de l’Afrique, à plaider en faveur de politiques qui équilibrent la croissance économique et la gestion de l’environnement, et à donner aux nations africaines les moyens de réaliser leur potentiel énergétique tout en faisant progresser les objectifs en matière de climat.
Nous reconnaissons le droit souverain de l’Afrique à développer ses ressources énergétiques – qui comprennent au nord 125 milliards de barils de pétrole et 620 trillions de pieds cubes de gaz naturel – de manière équilibrée et durable. L’augmentation des investissements dans l’énergie, le déploiement d’un financement continu et l’avancement des projets énergétiques représentent des priorités essentielles pour l’Afrique, car 600 millions d’Africains n’ont pas accès à une énergie fiable et 900 millions d’Africains n’ont pas accès à des combustibles de cuisson propres. Des projets tels que le développement du GNL au Mozambique mené par TotalEnergies et l’oléoduc est-africain visent à maximiser les ressources de l’Afrique au profit des communautés locales. En Afrique de l’Ouest, des projets tels que le terminal GNL de Perenco au Cap Lopez et l’installation de GPL associée, le gazoduc Nigeria-Maroc et le projet GNL Congo mené par Eni- catalyseront la croissance économique à long terme et la résilience énergétique, le gaz naturel, le GNL et le GPL étant appelés à jouer un rôle essentiel dans la stratégie de réduction de la pauvreté énergétique sur le continent. La région de l’Afrique australe commence à peine à réaliser le plein potentiel de ses ressources pétrolières et gazières, avec les récentes découvertes faites dans le bassin de Cabora Bassa au Zimbabwe par Invictus Energy et dans le prolifique bassin d’Orange en Namibie par Shell, TotalEnergies et Galp. La Namibie accueille également le développement du plus grand projet d’hydrogène vert d’Afrique subsaharienne mené par Hyphen Hydrogen Energy, tandis que la Mauritanie est pionnière en matière d’hydrogène vert grâce au projet Nour de Chariot et au projet AMAN de CWP Global, associés à un développement accru du gaz à partir du projet Greater Tortue Ahmeyim LNG exploité par bp.
Malgré les besoins énergétiques non satisfaits de l’Afrique, les prêts mondiaux en faveur de l’énergie n’ont fait que se resserrer, les grandes banques européennes et occidentales se retirant de l’industrie des combustibles fossiles en Afrique, tout en finançant les combustibles fossiles dans les pays occidentaux. Ces institutions n’ont pas été équitables lorsqu’il s’agissait de faciliter un financement adéquat de l’énergie et du climat pour les pays africains, où les populations locales sont affectées de manière disproportionnée par les risques climatiques et les restrictions sur l’exploitation des combustibles fossiles. L’Europe a lancé des appels répétés en faveur du gaz naturel et du financement vert, mais le financement de l’énergie pour les pays africains est considérablement bloqué. Cet étouffement continue d’entraver la croissance industrielle de l’Afrique et la mise en place d’industries essentielles basées sur le gaz, telles que l’électricité, la pétrochimie, les engrais et l’exploitation minière, ce qui maintient le continent à la traîne sur le plan du développement.
Nous, Africains, déplorons la polarisation continue du dialogue sur l’énergie dans les pays occidentaux et demandons que cesse la diabolisation du pétrole et du gaz africains. Nous préconisons des solutions de marché libre pour l’Afrique, et non pas une poussée continue de l’aide pour que les Africains s’engagent à laisser leurs ressources dans le sol. L’augmentation de l’aide n’est pas la solution. L’investissement est essentiel. Du Cap au Caire, de Nairobi à Dakar, nous sommes unis pour remplir nos obligations communes en matière de lutte contre le changement climatique, en notant que les nations riches doivent décarboniser et que l’Afrique doit s’industrialiser.La société civile africaine, les groupes de défense des droits de l’homme, les groupes de protection de l’environnement, les gouvernements et le secteur privé estiment que les pays africains doivent diversifier les réserves de capitaux disponibles et créer des instruments financiers en dehors des institutions traditionnelles – en faisant appel au capital-investissement et aux obligations non conventionnelles – pour financer de nouvelles initiatives en matière d’exploration et d’énergie. En outre, les pays africains doivent mettre en place des conditions réglementaires et fiscales attrayantes, créant ainsi un environnement favorable et supprimant tous les obstacles à l’investissement, tels qu’une réglementation incohérente, une bureaucratie excessive ou des politiques nationalistes. Avec des conditions compétitives et des incitations en place – suivies de l’intégration des principes ESG et des exigences en matière de renforcement des capacités – les projets énergétiques africains seront en mesure de rivaliser efficacement pour attirer les capitaux mondiaux et d’œuvrer pour que la pauvreté énergétique devienne de l’histoire ancienne sur tout le continent.