Economie : il y a 20 ans coulait le pétrole tchadien

Ce 10 octobre 2023 marque le 20ème anniversaire de l’exploitation du pétrole tchadien. L’aboutissement d’un long processus.

L’exploration pétrolière au Tchad, alors colonie française, a commencé dans les années 1950. Au moins trois zones riches en pétrole ont été découvertes dans le pays, mais en raison du coût élevé qui aurait été encouru pour leur exploitation, les Français ont choisi de ne pas les développer. En 1960, Ngarta Tombalbaye proclame l’indépendance du Tchad. Celui-ci se tourne vers les Américains de Conoco. Cette société a trouvé du pétrole dans plusieurs zones en 1973-1975, notamment le bassin de Doba et la zone de Sedigui.

Mais en raison des troubles qu’a connu le pays, il a fallu l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby en 1990 pour accélérer le processus. Shell et la compagnie pétrolière française Total (ex-Elf Aquitaine) se sont retirées du Tchad en 1999. En 2000, un nouveau consortium pétrolier se forme. Il comprenait les compagnies américaines Exxon (opérant au Tchad sous le nom d’Esso) et Chevron et malaisienne Petronas.

Après de longues tractations liées notamment à la réticence de la société civile vis-à-vis de ce projet pétrole, la Banque mondiale a fini par donner sa caution en juin 2000. La réalisation du programme d’exploitation est d’un coût d’environ 3,7 milliards de dollars et rapportera à l’État tchadien 2 milliards de dollars par an pendant 25 ans. Le gisement de Doba dans le sud du pays est le premier site d’exploitation qui devrait fournir 225 000 barils par jour. En octobre 2000, les travaux de construction du pipeline de 1070 km (dont 205 au Tchad) qui va relier Komé à Kribi sur le littoral camerounais sont lancés.

Trois ans plus tard, précisément le 10 octobre 2003, le chef de l’Etat d’alors, Idriss Déby, entouré de quelques-uns de ses homologues des pays limitrophes du Tchad, ouvre officiellement les vannes du pétrole tchadien. C’est le début de l’exportation du pétrole avec 140.000 barils/jour.  Les trois principaux champs en exploitation du bassin de Doba sont Bolobo, Miandoum et Komé.

Les revenus nets attendus se monteraient à deux milliards de dollars annuels, ce qui permettrait d’augmenter le budget de l’État de 40 à 50 %. L’industrie pétrolière représente jusqu’à 75 % des revenus des exportations du pays. Le pétrole représentait 37% des recettes de l’Etat en 2019.

En février 2005, le Tchad adhère à l’association des producteurs de pétrole africains (APPA). En juillet de l’année suivante, c’est la création de la Société des hydrocarbures du Tchad.

En 2014, le ministre tchadien de l’Energie et du Petrole Djerassem Le Bemadjiel a négocié un prêt de 1,3 milliard de dollars avec Glencore pour la reprise des 25% des parts de Petronas qui a décidé de se retirer du consortium.

En plus du bassin de Doba, le champ de Rônier (près du village Koudalwa) est entré en production avec les Chinois de la China National Petroleum Company. Ce pétrole sert à ravitailler la raffinerie de Djarmaya, proche de N’Djamena, inaugurée en 2011.