ÉDITO : Tchad-France une relation à redéfinir dans le nouvel ordre sahélien
La relation entre la France et le Tchad, ancrée dans l’histoire depuis la période coloniale, traverse une phase de questionnement profond, renforcée par le retrait militaire français de plusieurs pays du Sahel. Dans ce cadre, le déplacement à Paris du président de transition, Mahamat Idriss Deby, à partir du mardi 17 octobre, revêt une importance particulière. Sa rencontre avec le président Macron sera, sans aucun doute, l’occasion d’aborder en profondeur leur relation bilatérale. Cette situation offre une opportunité inédite pour N’Djamena et Paris de repenser leur partenariat dans un contexte sahélien en mutation.
Au fil des années, cette relation a évolué, passant d’un lien colonial à un partenariat stratégique marqué par des interventions militaires et une lutte commune contre le terrorisme. Le Tchad, sous l’égide des Déby, père et fils, est devenu l’ancre de la présence française dans la région, notamment avec l’opération Barkhane. Mais ce lien privilégié est également marqué par des tensions, notamment la perception d’une ingérence française dans les affaires tchadiennes et un soutien parfois critiqué au régime de N’Djamena.
Aujourd’hui, la France, dans un processus de redéfinition de sa stratégie sahélienne, semble chercher une sortie honorable tout en assurant ses intérêts sécuritaires. Le Tchad se retrouve alors dans une position singulière : dernier bastion de la présence militaire française au Sahel. Cela confère à N’Djamena une influence incontestable, notamment vis-à-vis de Paris.
Cette nouvelle donne place le Tchad devant une opportunité historique : celle de redéfinir les termes de sa relation avec la France. N’Djamena peut profiter de cette période pour renforcer son rôle régional, diversifier ses partenariats internationaux et négocier un meilleur soutien de la part de Paris. En effet, alors que la présence militaire française est de plus en plus remise en question par la société civile tchadienne, les autorités ont l’occasion de montrer qu’elles entendent ces critiques tout en préservant les avantages d’un partenariat solide avec la France.
De son côté, la France doit également repenser sa relation avec le Tchad. Au-delà de la sécurité, elle peut mettre en avant des partenariats économiques, culturels, éducatifs et technologiques, contribuant ainsi à une coopération plus équilibrée et moins perçue comme une ingérence.
Le contexte, bien que complexe et pleine d’incertitudes, offre une chance pour le Tchad et la France de construire une relation plus équilibrée, basée sur le respect mutuel et des intérêts convergents. Dans un Sahel en pleine mutation, il est essentiel pour les deux pays de saisir cette opportunité pour poser les fondations d’un partenariat renouvelé.