Exploitation aurifère au Tibesti, Ahmat Gourdé Sidi appelle le Gouvernement à une action urgente

La Réforme de l’Exploitation Minière au Tchad : Vers un Équilibre entre Développement et Écologie

Introduction

Imaginez un paysage sauvage transcendant les interminables dunes du Tibesti, un riche terrain de minerais convoités, battu par les vents du désert et souillé par l’exploitation illégale. Une citation frappante d’un ancien ministre de l’Environnement résume bien la situation : « On ne peut pas manger l’or, mais on peut vivre dans un environnement sain. » Cette dualité entre l’exploitation de ressources riches et la nécessité de préserver notre précieuse planète est au cœur des défis auxquels fait face le Tchad aujourd’hui. Face à l’accélération de l’exploitation minière anarchique, le gouvernement tchadien a mis en place des réformes cruciales pour répondre aux problématiques environnementales et sociales qui en découlent. Ce sont ces réformes, ainsi que les défis persistants, que nous explorerons en détail.

La création de la SONEMIC : Un changement de cap

Pour remédier aux dérives de l’exploitation minière, le gouvernement a ratifié le projet de loi relatif à l’ordonnance n°005 du 31 août 2022, transformant ainsi la Société Nationale des Mines et de la Géologie (SONAMIG) en Société Nationale d’Exploitation Minière et de Contrôle (SONEMIC). La mission de cette nouvelle entité est claire : promouvoir le développement durable du secteur minier et géologique au Tchad tout en agissant en tant qu’interface entre l’État et les investisseurs.

Cependant, la transformation de la SONAMIG en SONEMIC n’est qu’un premier pas dans un chemin semé d’embûches. Le défi majeur reste la régulation efficace d’une exploitation minière de plus en plus anarchique. Ahmat Gourdé Sidi, un habitant du Tibesti, ne cache pas son inquiétude face à cette dégradation environnementale et sociale. Son appel à la SONEMIC et aux acteurs locaux pour engager des actions concertées est un cri du cœur qui résonne profondément dans cette région.

Les enjeux de l’exploitation anarchique

La situation actuelle au Tibesti est alarmante. L’exploitation minière est devenue un véritable Far West où des particuliers, souvent sans aucune connaissance des normes de sécurité ou d’environnement, s’engagent dans la recherche de minerais, souvent au détriment de la nature. Ce phénomène n’est pas sans conséquences : déforestation, pollution des sols et des eaux, et altération de la biodiversité sont autant de réalités auxquelles la population locale est confrontée.

Les exploitants illégaux font fi de tout contrôle, et même les ressources financières générées, susceptibles d’utiliser pour le développement local, sont au mieux négligées, au pire détournées. La voix d’Ahmat Gourdé Sidi se fait entendre pour dénoncer une approche qui, sous prétexte de développement économique, ignore les équilibres écologiques.

Propositions de solutions : Un chemin vers la durabilité

Pour rétablir l’équilibre entre l’exploitation minière et la protection de l’environnement, Ahmat Gourdé Sidi propose plusieurs solutions concrètes et pertinentes, qui pourraient donner une nouvelle direction à l’exploitation des ressources minérales au Tchad.

1. Renforcement de la réglementation environnementale

La mise en place d’une réglementation stricte est essentielle. Le gouvernement doit établir des normes précises pour l’exploitation minière, intégrant des exigences de gestion environnementale, des audits réguliers, et des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas ces normes. Un cadre législatif clair rassurerait les investisseurs sérieux tout en protégeant l’environnement.

2. Formation et sensibilisation des opérateurs miniers

Organiser des sessions de formation pour les exploitants miniers est un impératif. Une sensibilisation sur les pratiques durables et les techniques d’extraction respectueuses de l’environnement permettrait non seulement de réduire l’usage de produits toxiques, mais aussi de promouvoir des méthodes d’exploitation plus sûres. Une telle initiative renforcerait la compréhension des enjeux environnementaux, en intégrant les opérateurs dans une dynamique de coopération pour la protection des ressources naturelles.

3. Collaboration avec les Communautés Locales

Impliquer les communautés locales dans la prise de décision relative à l’exploitation minière est crucial. Les comités de gestion, comme celui des revenus de 5%, devraient jouer un rôle majeur dans la gestion des ressources et le suivi des impacts environnementaux. Cela pourrait favoriser une meilleure appropriation des projets par la population et inciter à une exploitation plus responsable.

4. Mise en place d’un système de suivi et d’évaluation

La création d’un système de monitoring des activités minières est indispensable. Ce système devrait évaluer l’impact des opérations sur l’environnement, à travers des indicateurs tels que la santé publique, la qualité de l’eau et la biodiversité. En fournissant des données objectives, les décideurs pourraient mieux ajuster leurs stratégies pour garantir un développement durable.

5. Promotion d’investissements responsables

Le gouvernement doit intensifier ses efforts pour attirer des investisseurs qui s’engagent à respecter des normes environnementales élevées. En offrant des incitations fiscales et des subventions pour des projets intégrant des pratiques durables, le Tchad pourrait transformer son secteur minier en un modèle d’innovation verte.

6. Restauration des zones dégradées

Finalement, mettre en place des programmes de restauration écologique pour les zones déjà affectées par l’exploitation minière est une nécessité. Cela pourrait inclure des initiatives telles que la reforestation et la dépollution des sols et des eaux, contribuant ainsi à la résilience des écosystèmes locaux.

Vers une responsabilisation collective

Ahmat Gourdé Sidi souligne à juste titre qu’un développement durable ne peut pas se réaliser au détriment de l’environnement. Le défi, une fois encore, est d’inverser la tendance actuelle qui fait du profit à court terme la priorité, souvent au détriment de la santé des populations et de la biodiversité.

Il est impératif que le gouvernement et les acteurs du secteur minier agissent rapidement pour protéger les ressources naturelles tout en favorisant une exploitation responsable. Si l’on veut garantir un avenir durable aux générations futures du Tibesti, une mise en œuvre adéquate des solutions proposées est essentielle.

Conclusion

L’avenir du Tchad repose sur un équilibre délicat entre l’exploitation de ses richesses naturelles et la préservation de son environnement unique. Les appels à l’action d’Ahmat Gourdé Sidi doivent servir d’éveil pour tous : investisseurs, gouvernants, et citoyens. La mise en place d’une réglementation rigoureuse, la formation des opérateurs, et l’engagement active des communautés locales ne sont pas de simples options, mais des nécessités impérieuses pour un avenir durable.

À travers une responsabilité collective, le Tchad peut transformer ses défis en opportunités, forgeant ainsi un chemin vers un développement harmonieux. Alors qu’une nouvelle ère se dessine pour l’exploitation minière, il appartient à chacun de prendre part à cette quête d’équilibre, garantissant que les ressources de demain serviront le bien-être des générations futures, tout en préservant la beauté et l’intégrité de la nature. Engager le dialogue, soutenir les initiatives locales, et défendre une exploitation minière responsable ne sont pas seulement des obligations, mais un devoir envers notre planète et nos concitoyens.