Inondations au Sahel : Un désastre récurrent
**Niamey sous les Eaux : Une Tragédie Annoncée**
En seulement quelques mois, Niamey, la capitale du Niger, a été totalement submergée par des pluies diluviennes qui ont causé une véritable tragédie humanitaire. Avec un bilan tragique de 217 morts et 200 blessés, cette catastrophe n’est pas qu’un simple incident météorologique : elle est le symbole d’une crise plus vaste qui touche toute l’Afrique de l’Ouest. Parallèlement, au Tchad, dans la province du Tibesti, les autorités ont également fait état de la perte de plus de cinquante vies. Ces événements rappellent les inondations d’autres années, comme celles de 2019, 2015, et 2012 à Ouagadougou, ainsi que les précédents épisodes marquants à Niamey en 2004, 2016, 2021, et donc en 2023. Malgré cette récurrence, l’ampleur de cette catastrophe a surpris tous les acteurs concernés. Idriss Abdallah Hassan, directeur du réseau d’observation et prévisions météorologiques à l’Agence nationale de la météorologie du Tchad, révèle que ces pluies étaient qualifiées de « torrentielles », bien supérieures aux normales saisonnières qui peinent à atteindre 200 millimètres par an.
**Les Origines d’un phénomène Météorologique Catastrophique**
La montée alarmante des températures due au réchauffement climatique est, sans conteste, la principale cause de cette situation désastreuse. Les scientifiques expliquent que la hausse des températures des eaux de l’océan Atlantique crée un surplus d’humidité dans l’atmosphère, aggravant considérablement les conditions météorologiques locales et entraînant des pluies diluviennes. De surcroît, le réchauffement du Sahara modifie les circulations atmosphériques, déplaçant les orages vers ses abords. Ce phénomène est également accompagné d’un système convectif de méso-échelle, qui correspond à des orages regroupés sur une échelle de plusieurs kilomètres, exacerbant ainsi les pluies.
Les inondations enregistrées cette année ont été particulièrement dévastatrices, alliées aux périodes traditionnelles de mousson en Afrique de l’Ouest, qui ont contribué à des accumulations d’eau bien supérieures à celles des années précédentes.
Une Tempête Inéluctable : Le Sahel à la Croisée des Chemins
La situation météorologique dans la région du Sahel est désormais inéluctable et pose un défi majeur aux populations locales. Les conséquences de ces intempéries ne font qu’aggraver des conditions déjà précaires. Sur le terrain, les habitations sont souvent construites avec des matériaux peu résistants aux intempéries, et souvent érigées sur des parcelles inondables, comme d’anciens bras de rivière asséchés. Cette problématique est aggravée par une croissance démographique rapide, résultant d’une migration interne des populations fuyant la pauvreté et cherchant refuge dans des zones urbaines souvent inadaptées à l’urbanisation.
Un autre élément de vulnérabilité réside dans l’absence d’infrastructures adéquates pour gérer les eaux de pluie. À Niamey, par exemple, la communauté urbaine de 11 000 hectares n’est équipée que de 150 km de caniveaux de drainage, souvent obstrués par des déchets et mal entretenus. Hamadou Issaka, responsable de recherche à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH), souligne ce manque d’entretien et son impact catastrophique sur la gestion des eaux pluviales.
Les inondations de cette année ont généré un bilan alarmant, avec 30 décès et plus de 47 374 personnes touchées au Mali. Face à cette situation désastreuse, le gouvernement malien a pris la décision le 23 août dernier d’instaurer l’état de catastrophe nationale lors d’un conseil des ministres extraordinaire, et semble mobiliser des ressources pour un plan d’organisation des secours. Ce plan envisage des mesures cruciales, comme l’interdiction de construction sur des parcelles inondables et le curage nécessaire des voies d’écoulement. Au Niger, un budget de 12 milliards de FCFA a été alloué aux opérations de prévention et de gestion des inondations.
Vers une Stratégie de Résilience face au Changement Climatique
L’Afrique de l’Ouest fait face à un réchauffement plus intense que le reste du monde, ce qui se traduit par des régimes pluvieux de plus en plus extrêmes, notamment dans le fragile écosystème du Sahel. « On peut s’attendre à un renforcement des tendances à l’assèchement, accompagné d’une variabilité et d’une incertitude accrues pour des acteurs économiques comme les agriculteurs et les urbanistes », précise Fatima Denton, auteure-coordinatrice du Rapport spécial sur le changement climatique et les surfaces continentales (SRCCL) pour le GIEC.
La nécessité d’agir s’impose. Les autorités locales doivent reconnaître la gravité de ces événements et appliquer des mesures rationnelles et efficaces. La gestion adéquate des terres habitées, le développement d’infrastructures protectrices, et la création de systèmes de drainage adaptés doivent être des priorités indiscutables. Ces mesures sont indispensables non seulement pour protéger la population, mais aussi pour garantir la sécurité alimentaire et le bon fonctionnement des systèmes de santé de pays déjà très éprouvés.
**Conclusion : Un Appel à l’Action Collective**
Le drame actuel que vit Niamey et, par extension, toute l’Afrique de l’Ouest, est le résultat d’une confluence de facteurs climatiques et socio-économiques qui ne peuvent plus être ignorés. Les inondations de cette année sont un signal d’alarme, un cri du cœur pour les acteurs politiques, économiques et sociaux. Il est impératif que des actions concrètes soient mises en œuvre pour éviter des catastrophes futures. La prise de conscience collective et la mobilisation des ressources humaines et matérielles doivent être renforcées. En effet, il en va de la survie des populations et de l’avenir de la région. Pour faire face à cette crise, chaque acteur a son rôle à jouer afin de bâtir un avenir sûr et durable pour les générations à venir. Engageons-nous tous, ensemble, pour un Sahel résilient et prospère.