Interview : ”Le peuple tchadien ne doit pas compter sur ces organisations africaines”, Yaya Dillo, président du parti socialiste sans frontières
Non prolongation de la transition, non participation des dirigeants de la transition aux futures élections, … Yaya Dillo, président du parti socialiste sans frontières (PSF), critique le ‘’manque de sérieux” du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine demande au gouvernement de décliner un calendrier clair du déroulement de cette seconde phase de transition. Comment appréciez-vous cela ?
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine n’est pas sérieux dans toutes ses communications parce que pendant la première phase de la transition, toutes les conditions posées ont été allègrement violées. Maintenant, ils reviennent fixer d’autres conditions. A quoi cela sert ? Si le Tchad n’est pas sanctionné par rapport aux conditions fixées lors de la première phase de la transition, à quoi cela sert de fixer de nouvelles conditions ? Ils vont faire fi. Il est contradictoire de dire que la junte ne doit pas se présenter et recommander en même temps l’application des recommandations du dialogue. Ce sont des contradictions d’un organe qui n’est pas sérieux. Il fait du bluff.
Le Conseil réitère la non participation des dirigeants de la transition aux futures élections…
Cette condition a été posée pendant la première phase. Elle a été violée.
On n’a pas encore organisé des élections…
On sait pertinemment que la junte ne va pas respecter cette clause.
Mais, le CPS peut sévir…
Je vous dis que ce Conseil viole ses propres textes. La charte sur la bonne gouvernance précise que tout changement anticonstitutionnel sera automatiquement sanctionné. Ils ont philosophé pour dire que le Tchad est un cas particulier. Ces conditions n’ont pas pu empêcher le massacre de centaines de Tchadiens.
Le Conseil dit s’opposer à toute nouvelle prolongation de la transition…
Elle l’a déjà dit.
Les autorités conditionnent l’organisation des élections par le financement des partenaires. N’y a-t-il pas un risque de prolongation de la transition ?
Le Tchad est un pays pétrolier. C’est un prétexte pour ne pas respecter le délai.
Ou en êtes-vous avec les conditions posées pour une ‘’transition inclusive’’ ?
Nous avons posé cinq conditions. Elles ne sont pas adressées directement au gouvernement. C’est à travers des déclarations aux partenaires. Je crois que les partenaires tiennent compte de cela. La première condition c’est la libération de tous les prisonniers politiques, qui est partiellement satisfaite. Deuxièmement, on a dit qu’il faut un retour de tous les acteurs qui sont obligés pour une raison ou une autre d’aller en exil. Nous avons également demandé à ce que la commission chargée de l’organisation du référendum constitutionnel soit dissous parce qu’elle est fondamentalement gouvernementale. Nous avons aussi demandé que le gouvernement et l’opposition parviennent à un accord politique comme en 2007 pour permettre la tenue des élections crédibles et transparentes. L’objectif, c’est d’arriver à un apaisement accepté par tous. Nous ne sommes pas des va-t-en guerre.
Le dialogue est-il rompu entre vous et les autorités ?
Nous n’avions jamais rejeté le dialogue. Mais, personne ne nous a demandé de dialogue.
Pour le moment, il n’y a pas de contact ?
Je n’ai jamais vu un officiel qui a demandé de dialoguer avec l’opposition.
Un mot pour finir ?
Les décisions ou les communiqués du Conseil de paix et de sécurité de l’UA est une énième violation des principes édictés dans la charte africaine de démocratie et de la bonne gouvernance. Je crois que nous sommes mal partis. Le peuple tchadien ne doit pas compter sur ces organisations africaines.