la BAD met en place un projet exceptionnel de 39 millions $ pour soutenir la résilience
Un Nouveau Souffle pour le Burkina Faso : Le Projet d’Appui au Développement des Compétences
Le 19 juillet 2024, à Abidjan, un événement significatif s’est déroulé : le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé un prêt de 39,2 millions de dollars américains au Burkina Faso. Ce financement visera à mettre en œuvre un ambitieux Projet multisectoriel d’appui au développement des compétences pour la résilience. À une époque où le pays est plongé dans une crise multiforme agrandie par l’insécurité persistante, cette initiative arrive comme une lueur d’espoir pour les jeunes et les femmes, les plus touchés par cette situation difficile.
Un Contexte de Crise et un Impératif d’Action
Le Burkina Faso vit une crise complexe depuis plus de dix ans, marquée par des affrontements armés, des déplacements massifs de populations et une explosion du chômage, surtout chez les jeunes. Face à cette réalité, le Groupe de la Banque africaine de développement a pris la décision de soutenir le pays dans ses efforts de redressement. La somme de 39,2 millions de dollars allouée au projet provient de deux principaux contributeurs : le Fonds africain de développement, qui apporte 13,2 millions de dollars, et la Facilité d’appui à la transition, qui injecte 26 millions de dollars. Ces ressources représentent une réponse immédiate et efficace à une situation humanitaire alarmante.
Des Perspectives d’Emploi : Un Impact Direct sur la Vie des Bénéficiaires
La portée de ce projet est impressionnante : on estime qu’il devrait générer au moins 20 000 emplois, tant directs qu’indirects, touchant indirectement jusqu’à 175 000 personnes. Cela n’est pas qu’une simple statistique ; derrière chaque chiffre se trouve une vie, une histoire d’espoir et de résilience. Daniel Ndoye, le chef du Bureau pays de la Banque au Burkina Faso, a commenté : « Le projet arrive à point nommé, dans un contexte sécuritaire et social difficile marqué par un nombre élevé de personnes déplacées internes. La jeunesse est confrontée à des défis énormes, et ce soutien est crucial pour leur offrir des perspectives d’avenir. »
Une Formation Adaptée aux Besoins du Marché
Un des axes principaux du projet sera de renforcer les compétences professionnelles des bénéficiaires, avec un accent particulier sur la formation modulaire qualifiante. Plus de 61 830 personnes affectées par la crise pourront ainsi bénéficier de formations adaptées qui leur permettront de se réinsérer dans le marché du travail. Les modules de formation comprendront divers aspects essentiels tels que les droits humains, la consolidation de la paix, ainsi que les compétences de vie, qui incluent des notions de « Soft Skills » et de « réarmement moral ». Cela se traduira par un programme éducatif riche et diversifié, adapté à un milieu en constante évolution.
Incubation et Soutien aux Initiatives Entrepreneuriales
En parallèle, le projet prévoit également l’incubation de 800 jeunes promouvant des projets entrepreneuriaux. Pour ce faire, 35 centres de formation professionnelle seront renforcés, dotés de nouveaux équipements et de formations pour formateurs. Quatre incubateurs seront également mis en place, encouragés par l’Agence de financement et de promotion des petites et moyennes entreprises (AFP-PME). Ce soutien aux jeunes entrepreneurs est essentiel dans un contexte où l’innovation et la créativité sont des outils puissants pour la lutte contre le chômage.
Un Soutien aux Femmes : Promouvoir l’Entrepreneuriat Féminin
Le projet prévoit d’appuyer les initiatives de 2 000 micros, petites et moyennes entreprises détenues par des femmes, qui est crucial pour favoriser l’égalité des sexes dans le monde des affaires. En outre, il comprendra la construction et l’opérationnalisation de 1 000 poulaillers et de 1 000 enclos pour petits ruminants, offrant ainsi des opportunités de revenus générés par l’élevage. Ces initiatives représentent une avancée significative pour l’autonomisation des femmes, souvent laissées pour compte dans les programmes de développement.
Renforcement de l’Accès aux Services Sociaux de Base
Au-delà de l’aspect économique, le projet se penche sur l’amélioration des infrastructures sociales. Il soutiendra le renforcement des capacités des structures responsables de l’éducation, de la formation et de la santé, en leur fournissant des équipements pédagogiques et médicaux, ainsi que des kits d’accouchement et de première nécessité. Ce soutien est particulièrement vital dans les zones touchées par des défis sécuritaires, où l’accès à des soins médicaux et à une éducation de qualité peut être gravement compromis.
La Technologie au Service de l’Éducation
En matière d’éducation, ce projet revêt une importance particulière dans le contexte actuel. Il financera des équipements pour améliorer le dispositif des cours à distance de l’université de Koudougou, qui accueille un grand nombre d’étudiants déplacés internes. Environ 1 000 étudiants bénéficieront de nouveaux ordinateurs, leur permettant de suivre des cours en ligne même lorsque l’accès physique aux locaux de l’université est entravé. Cela démontre un engagement à garantir que l’éducation reste accessible, peu importe les circonstances.
Mise en Œuvre dans les Régions Ciblées
Le projet sera déployé dans sept régions du Burkina Faso : le Sahel, le Centre-Nord, le Nord, l’Est, la Boucle du Mouhoun, le Sud-Ouest et les Hauts-Bassins. Par ailleurs, quatre autres régions ont été identifiées comme zones de remplacement (Centre, Centre-Est, Centre-Ouest et Plateau central) pour s’assurer que le projet puisse continuer à être opérationnel en cas de difficultés d’accès dans les zones prioritaires. Cela témoigne de la flexibilité et de l’adaptabilité des plans d’action face aux défis changeants.
Une Évaluation Critique : Vers une Meilleure Réponse aux Défis Sociaux
Bien que ce projet soit prometteur, une évaluation critique est nécessaire pour en assurer la réussite. La collaboration avec les communautés locales est essentielle pour garantir que les initiatives soient alignées avec les besoins spécifiques de chaque région. Le suivi et l’évaluation des impacts à long terme devraient également être prioritaires, afin d’analyser l’efficacité des programmes mis en place et d’apporter des ajustements si nécessaire. En outre, le financement continu et la durabilité des projets au-delà de l’initial sont cruciaux pour éviter que ces efforts ne se transforment en actions passagères.
Conclusion : Une Opportunité d’Avenir pour tous
Le projet multisectoriel d’appui au développement des compétences pour la résilience au Burkina Faso est une initiative qui mérite d’être saluée. Elle offre une réponse directe aux enjeux pressants auxquels fait face la population, en particulier les jeunes et les femmes. En forgeant des opportunités d’emploi et en renforçant les services sociaux, cela peut changer le cours de nombreuses vies. Alors que nous nous tournons vers l’avenir, il est crucial que toutes les parties prenantes s’engagent ensemble sur ce chemin vers plus de résilience et de prospérité. L’heure est à l’action, et chaque contribution, aussi petite soit-elle, peut faire une grande différence.