La BEAC maintient ses taux directeurs et dévoile les perspectives économiques

La Quatrième Session du Comité de Politique Monétaire de la BEAC : Un Regard sur l’Économie Régionale

Le monde vit d’innombrables instabilités économiques, et au cœur de cette dynamique, les décisions monétaires sont cruciales pour garantir la stabilité financière d’une région. C’est dans ce contexte que la Direction Nationale de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) au Tchad a tenu sa quatrième session ordinaire du Comité de Politique Monétaire (CPM) le 23 décembre 2024. Cette réunion, marquée par la participation de journalistes des pays membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), a été présidée par Yvon Sana Bangui, Gouverneur de la BEAC, qui a su rappeler l’importance d’une stratégie adaptée aux réalités économiques actuelles.

Des Perspectives Économiques Globales Annonciatrices

Dans cette déclaration inaugurale, M. Bangui a exposé les principales conclusions du CPM, en se focalisant sur les perspectives économiques tant à l’échelle mondiale que sous-régionale.

Aujourd’hui, la scène économique internationale est dominée par un phénomène contradictoire : alors que les économies avancées affichent des signes de dynamisme, les pays émergents comme ceux de l’Afrique souffrent encore de ralentissements notables. Le Fonds Monétaire International (FMI), dans ses Perspectives de l’économie mondiale d’octobre 2024, prédit un taux de croissance mondial de 3,2 % pour 2024 et 2025, en légère baisse par rapport à 3,3 % en 2023. Ce ralentissement pourrait avoir des répercussions sur les économies fragiles, notamment celles de la CEMAC, qui dépendent grandement des exportations de matières premières.

État de l’Économie Sous-régionale

En se penchant sur les prévisions du BEAC arrondies en novembre 2024, M. Bangui a dévoilé des perspectives qui, malgré les incertitudes, annoncent une consolidation.

  • La croissance économique sous-régionale devrait se consolider à 2,7 % en 2024, contre 2,0 % en 2023. Ce regain est largement attribué à la solidité des activités non pétrolières, essentielles pour diversifier une économie encore trop dépendante du pétrole.
  • Les tensions inflationnistes semblent s’apaiser, avec un taux d’inflation moyen projeté à 4,4 % pour 2024, par rapport à 5,6 % l’année précédente. Cette amélioration tactique peut offrir une certaine respiration aux consommateurs.
  • Les finances publiques montrent des signes encourageants, avec un excédent budgétaire (hors dons) de 0,3 % du PIB prévu pour 2024, contrastant avec un déficit de -0,3 % enregistré en 2023. Ce retournement reflète une politique budgétaire plus rigoureuse.
  • Le compte courant affiche une diminution de l’excédent, estimé à 1,1 % du PIB en 2024, soit une baisse par rapport à 1,4 % en 2023, témoignage des défis persistants liés aux échanges commerciaux.
  • La masse monétaire continuera son ascension, prévue à 15,5 %, une augmentation notable par rapport aux 9,1 % réalisés en 2023.
  • Cependant, la couverture extérieure de la monnaie se resserre légèrement, chutant à 71,2 %, en baisse par rapport à 74,8 % fin 2023.
  • Enfin, les réserves de change se réduisent, atteignant 4,4 mois d’importations en 2024, un recul par rapport à 4,9 mois en 2023, ce qui pourrait poser des défis en termes de stabilité monétaire.

La Réponse du Comité de Politique Monétaire

Conscients des défis à relever, le Comité de Politique Monétaire a pris des décisions éclairées face aux évolutions internationales incertaines et à la variabilité des indicateurs locaux. Ainsi, lors de cette réunion, le CPM a opté pour une approche de prudence, choisissant de maintenir les paramètres suivants :

  • Le Taux d’Intérêt des Appels d’Offres (TIAO) demeure fixé à 5,00 %.
  • Le Taux de la facilité de prêt marginal reste à 6,75 %.
  • Le Taux de la facilité de dépôt est maintenu à 0,00 %.
  • Les coefficients des réserves obligatoires demeurent à 7,00 % pour les exigences à vue et 4,50 % pour les exigences à terme.

Évaluation et Perspectives Futures

Si ces décisions témoignent d’un engagement à maintenir une certaine stabilité dans un environnement incertain, on pourrait légitimement se demander si ces mesures sont suffisantes pour faire face aux enjeux majeurs devant nous. Les risques pesant sur les cours des matières premières comme le pétrole, qui sont essentiels à l’économie de la CEMAC, éveillent des questions quant à la résilience des économies locales à de telles fluctuations.

Une approche proactive à travers des politiques de diversification économique pourrait se révéler bénéfique. Encourager le développement des secteurs agricole et manufacturier, par exemple, pourrait réduire la dépendance aux exportations pétrolières et créer des emplois. De même, l’investissement dans les infrastructures et l’éducation pourrait engendrer une main-d’œuvre plus compétente et prête à répondre aux défis de l’économie moderne.

Conclusion : Une Vision d’Avenir

La quatrième session du Comité de Politique Monétaire de la BEAC s’inscrit dans un contexte de défis multiples, mais elle met également en lumière des opportunités à saisir. Les analyses et décisions partagées lors de cette réunion reflètent une volonté affichée de préparer l’avenir avec une conscience des réalités économiques. La résilience de la politique monétaire est essentielle pour naviguer à travers les temps incertains.

Alors que la région fait face à des défis en matière de croissance et d’inflation, il est impératif que les décideurs économiques envisagent des stratégies adaptées pour garantir non seulement la stabilité économique mais aussi un développement inclusif. En gardant à l’esprit les prévisions, les pays de la CEMAC ont un rôle crucial à jouer. Les investissements dans les secteurs clés, la diversification de l’économie et le renforcement des capacités internes pourraient dessiner un avenir prospère.

Une vision optimiste ainsi qu’une détermination collective pourraient faire de la région un modèle de progrès dans les années à venir. Finalement, ces discussions sont le début d’un dialogue constructif qui doit se poursuivre au-delà de cette réunion, impliquant tous les acteurs économiques pour la construction d’une région plus résiliente.