la flambée du prix du ciment devient préoccupante

Introduction : L’érosion de l’accès au ciment au Tchad

Au Tchad, le bruit des marteaux et le grincement de l’acier sont souvent le signe d’un enthousiasme constructif. Cependant, derrière cette façade de dynamisme, de profondes préoccupations financières se cachent. « Les rêves de construction s’effritent comme le ciment qui se fige. » Cette citation résume bien la réalité actuelle que vit la population tchadienne, frappée par une flambée des prix des matériaux de construction, et en particulier du ciment, élément fondamental de toute construction moderne.

Alors qu’il était accessible à un prix variant entre 8 000 et 8 500 FCFA, le prix du sac de ciment a grimpé à un échelonnement alarmant de 12 000 à 13 000 FCFA. Cette augmentation brutale ne fait qu’amplifier le mécontentement de ceux qui aspirent à bâtir leurs maisons, leur avenir. Pour comprendre les implications de cette situation, nous allons explorer les raisons sous-jacentes de cette hausse tarifaire, les ressources dont dispose le Tchad, ainsi que les conséquences sur le terrain pour les Tchadiens.

Une montée des prix inquiétante

L’augmentation inexplicable des prix

Une enquête récente réalisée par Alwihda info a mis en lumière l’état d’inquiétude des commerçants du secteur. Les vendeurs de matériaux de construction se disent déconcertés par cette explosion des prix du ciment, un produit qu’ils sont désormais contraints de vendre bien au-delà des tarifs habituels. Au sein du 9ème arrondissement, Issa Haroun, quincailler établi, souligne que ce phénomène illustre le manque de communication autour des questions économiques, et souligne une grave pénurie de ciment associée à une hausse des prix chez les grossistes.

Les causes de cette crise

Il est essentiel d’identifier ce qui a conduit à cette ascension fulgurante des coûts. Divers facteurs semblent en être responsables. Tout d’abord, la flambée de la consommation mondiale au cours des dernières années a exacerbé la demande, rendant la situation encore plus critique pour le Tchad, pays dont l’économie est intrinsèquement fragile. Au niveau local, la rareté du ciment sur le marché a contraint les vendeurs à ajuster leurs marges, pour le bonheur ou le malheur de leur clientèle.

Ressources et potentiel de production

La richesse inexploitées du Tchad

Le Tchad possède en réalité d’importantes ressources naturelles, notamment en calcaire et en argile, des matières premières fondamentales pour la production de ciment. Pourtant, malgré cette richesse, le pays semble lutter pour produire suffisamment de ciment afin de répondre à la demande croissante du marché local.

CIMAF-Tchad, l’une des principales entreprises productrices de ciment dans le pays, a ouvert ses portes en juin 2017 à Lamadji avec une capacité de production initiale de 500 000 tonnes par an, extensible à un million de tonnes. En juillet 2024, CIMAF a même annoncé une intention d’augmenter cette capacité à 700 000 tonnes par an. Ce plan ambitieux est censé répondre à la demande explosive, réduire les coûts de production et créer un nombre significatif d’emplois dans le secteur.

Conséquences pour la population

Un impact sur les chantiers

Le quatrième trimestre 2024 est marqué par une véritable crise du ciment. Si cette situation perdure, notamment jusqu’à la saison des pluies, elle pourrait se traduire par de graves conséquences pour les Tchadiens. À l’image de Rodrigue Djelassem, un entrepreneur local, de nombreux Tchadiens affirment être contraints d’interrompre leurs chantiers à cause de l’écart des prix trop important. Des maçons et des ouvriers se retrouvent sans emploi, puisque de nombreux chantiers restent suspendus par manque de matière première abordable sur le marché.

Témoignages du terrain

Les témoignages de ceux qui travaillent sur le terrain éclairent encore davantage les luttes des Tchadiens face à cette crise. Rodrigue raconte : « J’ai mis des économies de côté pour construire la maison de mes rêves, mais avec les prix actuels, je ne peux même plus m’offrir un sac de ciment. » Cette déclaration témoigne de la frustration partagée par de nombreux citoyens qui voient leurs espoirs de construction s’évanouir.

Vers une solution : appel à l’action

La nécessité d’une intervention gouvernementale

Face à cette situation alarmante, la nécessité d’une intervention gouvernementale devient cruciale. Le gouvernement doit mettre en place des politiques transparents et efficaces pour réguler le marché et assurer un approvisionnement constant en ciment à des prix raisonnables. Une discussion avec les acteurs du marché, les producteurs et les distributeurs de ciment serait un bon début pour élaborer un cadre d’action.

Promouvoir l’autosuffisance

Le Tchad a la possibilité d’atteindre l’autosuffisance en matière de production de ciment, mais cela nécessite un investissement dans l’infrastructure et la technologie nécessaires pour exploiter ses ressources locales de manière efficiente. En favorisant l’innovation et des mesures incitatives pour la mise en œuvre de nouvelles usines ou l’extension de celles existantes, le pays pourrait transformer cette crise en une opportunité de croissance.

Conclusion : Regarder vers l’avenir

La situation actuelle du marché du ciment au Tchad, marquée par une hausse des prix alarmante, appelle à une réflexion approfondie et à des actions concrètes. La richesse naturelle du pays devrait servir de fondation pour un développement durable et équitable. En agissant dès maintenant, le gouvernement et les acteurs économiques peuvent construire un avenir où chaque Tchadien aurait non seulement la possibilité de construire sa maison, mais également de réaliser ses rêves. Ce combat n’est pas seulement celui des entrepreneurs, c’est celui de tout un peuple. Réveillons l’espoir et bâtissons ensemble un avenir meilleur pour le Tchad.