la majorité des jeunes écoutent de la musique étrangère
L’Influence Étrangère sur la Musique Tchadienne : Un Appel à la Réflexion
Introduction : Une voix en quête d’identité
« La musique, c’est la voix de l’âme. » Si cette citation de Pablo Casals résonne dans de nombreux pays, elle semble particulièrement pertinente lorsqu’on observe la scène musicale au Tchad. En effet, alors que de nombreux artistes locaux s’efforcent de se faire entendre, la jeunesse tchadienne semble de plus en plus attirée par des sonorités lointaines, souvent au détriment de leur culture musicale locale. Selon une étude récente, plus de 70 % des jeunes Tchadiens préfèrent écouter des artistes étrangers à la musique locale. À travers cet article, nous explorerons les raisons de cette tendance, les défis rencontrés par les artistes locaux, ainsi que le rôle crucial des médias dans la promotion de la culture tchadienne.
I. Une domination musicale étrangère
1. L’attrait des sonorités internationales
Il est indéniable que l’espace musical tchadien est depuis plusieurs années envahi par des rythmes venus d’ailleurs. Des artistes de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Cameroun, du Congo RDC, du Soudan, ainsi que le rap français et américain, dominent les playlists des jeunes. Cette prééminence étrangère soulève des questions importantes : pourquoi ces mélodies traversent-elles si facilement les frontières et captivent-elles la jeunesse tchadienne au détriment des créations locales ?
2. Une préférence marquée pour l’étranger
Les jeunes Tchadiens sont aujourd’hui souvent vus dans les bars, les clubs et devant des télévisions, se déhanchant sur des morceaux internationaux. Un phénomène qui semble se renforcer au fil des ans. Malgré la diversité culturelle et des traditions musicales riches au Tchad, ces influences extérieures supplantent peu à peu les talents locaux. Un sentiment partagé par de nombreux jeunes qui affirment : « Nous apprécions le rap, la pop et les variétés internationales, mais les artistes tchadiens n’arrivent pas à nous séduire. »
II. Les attentes déçues : un constat amer
1. Les enjeux de la qualité musicale
La qualité sonore est souvent citée comme un frein à l’appréciation de la musique locale. De nombreux mélomanes estiment que les productions tchadiennes manquent de professionnalisme, tant sur le plan des arrangements que sur celui des sujets abordés. Les jeunes déclarent, par exemple : « Les artistes tchadiens semblent se limiter à des thèmes répétitifs tels que l’amour, l’argent, ou le sexe, sans jamais traiter des sujets qui nous touchent véritablement. »
2. Un manque de créativité et d’engagement
Lorsque les critiques fusent, un élément revient souvent : le manque d’engagement des artistes locaux. Pour beaucoup, les chansons d’aujourd’hui manquent d’originalité, n’étant que des copies conformes de ce que font les artistes étrangers. Le constat est dur, mais la plupart des jeunes estiment que les artistes ne font pas l’effort d’éveiller les consciences. Un appel à la créativité et à l’innovation est donc nécessaire pour redynamiser la scène musicale locale.
3. Vers une réflexion manquante autour de la musique
L’impact de la musique sur la société est un aspect souvent négligé. La musique n’est pas seulement une distraction, elle véhicule des messages et façonne des identités. Pourtant, les jeunes sont souvent confrontés à des paroles qui, au mieux, leur parlent peu et, au pire, ne reflètent pas les réalités locales. Une réflexion collective sur le rôle de la musique dans l’éducation et la conscience sociale pourrait contribuer à donner une nouvelle orientation à la production musicale au Tchad.
III. Les défis de la scène musicale tchadienne
1. L’isolement des artistes locaux
Si la scène musicale tchadienne possède des talents indéniables, ces derniers font face à de nombreux défis. L’accès à des équipements de qualité, le manque de formation et l’absence de structures de soutien rendent la production musicale difficile. Paradoxalement, certaines œuvres locales sont néanmoins appréciées au-delà des frontières, prouvant que le potentiel est bien là.
2. Le rôle non négligeable des médias
Un autre facteur à prendre en compte est la place réservée à la musique locale dans les médias. Les stations de radio et de télévision, qui se contentent souvent de diffuser des hits internationaux, jouent un rôle crucial dans le façonnement des goûts musicaux. Jean Kevin, alias Hadre Dounia, un promoteur culturel, souligne ce fait : « La jeunesse est bombardée par de la musique étrangère. À trop l’écouter, il est normal qu’ils finissent par apprécier. C’est un cercle vicieux qui étouffe les artistes locaux. »
IV. Perspectives et solutions
1. Qualité avant tout
Il est impératif que les artistes locaux prennent conscience de l’importance de la qualité dans la production musicale. Travailler sur des sons authentiques, enrichis d’une touche locale, pourrait permettre de séduire un public désireux d’écoute. Il est essentiel, cependant, qu’ils soient soutenus par des professionnels du secteur.
2. Un rôle proactif pour les médias
Les médias doivent, quant à eux, jouer un rôle clé dans la promotion de la musique locale. Diffuser une plus grande variété de musique tchadienne pourrait non seulement renforcer l’identité culturelle, mais également participer à éveiller les consciences. En intégrant davantage d’artistes locaux dans leurs programmations, ils participeraient à la création d’un écosystème musical plus équilibré.
3. Éduquer pour apprécier
Enfin, l’éducation musicale devrait être renforcée au sein des écoles et des communautés. Éduquer les jeunes sur l’importance de leur culture musicale pourrait les aider à apprécier et à valoriser les créations locales. Des ateliers, artistes invités et autres initiatives pourraient favoriser une redécouverte des richesses musicales du Tchad.
Conclusion : Un avenir musical prometteur ?
Pour conclure, il est évident que la scène musicale tchadienne traverse une période tumultueuse, clashant entre influences étrangères et identités locales. Cependant, en prenant conscience des défis et des opportunités qui se présentent à eux, les artistes, les médias et les jeunes peuvent tous contribuer à promouvoir une musique tchadienne vibrante et pertinente. Un engagement collectif en faveur de la créativité, de la qualité, et de la diversité pourrait permettre de renouveler l’intérêt du public pour les sons natifs. En réunissant toutes ces forces, le Tchad pourrait non seulement retrouver sa voix, mais également faire entendre son message à l’échelle mondiale.
Il est temps d’agir. La musique, en tant que reflet de notre société, mérite d’être célébrée et mise en avant. En redécouvrant nos artistes, en soutenant nos talents et en promouvant notre culture, nous pouvons tous participer à cette renaissance musicale. Alors, prêt à faire entendre votre voix ?