La voix des jeunes et des femmes : un levier essentiel pour l’avenir politique du Tchad

Introduction

Au Tchad, les femmes et les jeunes représentent une force électorale considérable, mais leur visibilité dans les arènes décisionnelles demeure limitée. Imaginez un pays où la majorité de la population est ignorée dans les grandes décisions qui les affectent directement – cette image est celle du Tchad en ce moment. Selon les statistiques récentes, les femmes et les jeunes représentent environ 70 % des électeurs, pourtant, leur participation active aux instances politiques reste anecdotique.

Face à ce constat préoccupant, l’Association des femmes leaders pour l’accès aux droits et à l’équité du genre au Tchad (AFLADEGT), en collaboration avec Radio Soleil de Pala, a décidé de prendre les choses en main. À l’approche des élections législatives, communales et provinciales prévues pour le 29 décembre 2024, un appels à l’engagement citoyen retentit dans les rues de Pala. Cet article explore les initiatives prises pour encourager cette participation cruciale.

Un projet d’envergure : sensibiliser pour mobiliser

Sensibilisation dans la localité

Du 18 au 19 novembre 2024, Pala, une ville située au sud du pays, sera le théâtre d’une série d’activités visant à renforcer la prise de conscience des jeunes et des femmes sur leur rôle en tant qu’électeurs. L’événement phare de cette initiative ? Des cafés citoyens organisés au lycée Joseph Brahim Seïd et à l’école de formation sanitaire Hôtel Dieu/Fosa.

Ces rencontres ne sont pas de simples rassemblements. Elles visent à établir un dialogue constructif autour des thématiques électorales et des défis politiques du Tchad. La démarche adoptée par l’AFLADEGT est plus qu’une campagne de sensibilisation ; il s’agit d’un véritable mouvement social pour apporter un changement durable.

La voix des experts

Lors de ces cafés citoyens, des personnalités influentes et des experts tels que Nendoumbayel Carine, chargée de projet à l’AFLADEGT, et le consultant indépendant Djetarem Miyayo Agathange, ont partagé leur expertise sur des sujets essentiels liés aux élections, à la citoyenneté et à la notion de droits et devoirs des citoyens.

En s’appuyant sur la réalité locale, notamment les problèmes d’enlèvements contre rançon, le manque d’infrastructures routières et la pénurie d’eau potable, les intervenants ont susurré aux oreilles des jeunes l’importance de faire entendre leur voix dans un système qui leur semble souvent éloigné des réalités qu’ils vivent. Ce faisant, ils ont lancé un appel à l’action, incitant les jeunes à revendiquer leurs droits en tant que citoyens actifs.

Encourager un engagement réfléchi

Éducation autour des enjeux électoraux

L’école de formation sanitaire Hôtel Dieu/Fosa a également joué un rôle clé dans cette initiative. Ici, les panelistes ont pris le temps d’éduquer les étudiants, majoritairement jeunes, sur les enjeux distillant des messages cruciaux. « Vous devez choisir un candidat de développement. Les relations personnelles ou familiales ne doivent pas influencer votre choix lors de l’élection », ont rappelé les intervenants, insistant sur la nécessité d’un engagement éclairé.

Les étudiants, de leur côté, ne sont pas restés muets. Ils ont soulevé des préoccupations légitimes, notamment sur les mécanismes à mettre en œuvre pour contester une élection, ainsi que sur les recours possibles en cas de soupçon de fraude. Ces échanges ont permis d’apporter des réponses pertinentes, enrichissant le débat public autour des enjeux électoraux.

Un financement pour la démocratie

Tout cela n’aurait pas été possible sans l’appui du Centre de recherche en anthropologie et sciences humaines (CRASH), qui finance ce café citoyen pour le renforcement de la démocratie au Tchad. Cet engagement financier, loin d’être anodin, illustre un désir constant de renforcer les bases démocratiques dans le pays.

Une analyse critique des défis

Évaluer la participation actuelle

Il est indéniable que la participation des femmes et des jeunes aux scrutins est déterminante pour l’avenir politique du Tchad. Cependant, plusieurs obstacles persistent. Parmi ceux-ci, il y a le manque d’information sur les processus électoraux, une faible culture de participation et parfois même des pressions sociopolitiques.

Propositions pour un changement durable

Pour inverser cette tendance de désengagement, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

1. Formation continue : Mettre en place des programmes de formation pour éduquer les citoyens sur la vie politique, le fonctionnement des institutions et le système électoral.

2. Soutien institutionnel : Inciter les collectivités locales à organiser des forums de discussion autour des enjeux électoraux pour stimuler l’engagement.

3. Utilisation des médias : Renforcer le rôle des médias dans l’information des citoyens, notamment à travers des plateformes numériques qui touchent la jeunesse.

Conclusion : un avenir à bâtir ensemble

Il est temps pour le Tchad de redresser le tir et d’embrasser cette formidable opportunité que représentent les femmes et les jeunes acteurs politiques. Ces initiatives, telles que les cafés citoyens, représentent bien plus qu’une simple campagne de sensibilisation ; elles sont le reflet d’un changement en gestation.

Alors que le pays se prépare à des élections cruciales, chaque voix compte et chaque suffrage a le potentiel d’influer sur l’avenir commun. En se mobilisant ensemble, les femmes et les jeunes du Tchad peuvent non seulement influencer les résultats des élections, mais aussi devenir les architectes d’une société plus équitable et inclusive. Ensemble, faisons entendre nos voix pour bâtir un avenir que nous souhaitons rêve. L’engagement citoyen ne doit pas être une option, mais une nécessité.

S’engager, c’est se donner les moyens de changer. Le Tchad mérite une démocratie où toutes les voix sont entendues et chaque citoyen, quel que soit son âge ou son sexe, est traité avec dignité et respect. Le moment est venu d’agir et de revendiquer notre place sur la scène politique.