l’agenda gazier du Gabon amplifié par les récents projets électriques menés par des indépendants
En présence de Vincent de Paul Massassa, ministre gabonais du pétrole et du gaz, le protocole d’accord a été signé par Adrien Broche, directeur général de Perenco pour le Gabon, et Joseph Diboma, directeur du développement de Gabon Power Company (GPC), à Libreville, la capitale du pays. Selon les termes du protocole d’accord, les deux sociétés vont co-développer une centrale électrique de pointe à Mayumba, sur la côte sud, afin d’alimenter les provinces méridionales de la Nyanga et de la Ngounié en électricité produite à partir de gaz, qui sera extrait des gisements offshore de pétrole et de gaz associés de Perenco situés à proximité.
La phase initiale du projet verra un investissement de 24 milliards de francs CFA de la part de Perenco pour construire l’infrastructure de compression et de transport du gaz par pipeline sous-marin jusqu’au site, où GPC s’est engagé à investir 50 milliards de francs CFA supplémentaires dans la centrale électrique elle-même. Celle-ci devrait fournir une capacité installée d’environ 20 MW, soit 180 GWh par an. Cela permettra de répondre en grande partie aux 150 MW que le Plan d’accélération et de transformation du gouvernement estime nécessaires pour répondre aux besoins énergétiques du pays méridional. Pour contribuer à la réalisation de ce potentiel, GPC construira une ligne à haute tension de 90 kV, une ligne à basse tension de 20 KV et une station de relevage pour alimenter les principales villes de Tchibanga dans la Nyanga et de Mouila dans la Ngounié. La deuxième phase du projet prévoit une extension de 50 MW pour alimenter la ville de Lambaréné dans la province du Moyen Ogooué. La première phase devrait permettre d’électrifier 80 000 ménages et de créer quelque 450 emplois.
Le modèle de ce développement est similaire à des projets plus au nord, dans lesquels le gaz du champ offshore Mbia de Perenco est exploité pour alimenter les deux principales villes du pays, la capitale Libreville et le principal centre pétrolier et gazier offshore du Gabon, Port Gentil. Outre les avantages économiques considérables qu’il procure, ce projet démontre le rôle que le gaz naturel et les compagnies pétrolières et gazières indépendantes sont appelés à jouer dans l’électrification, l’industrialisation et la croissance du Gabon et de l’ensemble de l’économie africaine. Le projet lui-même n’est que la dernière démonstration en date de l’engagement de longue date de Perenco dans le secteur énergétique gabonais, où le talent de la société pour la revitalisation des champs matures est particulièrement pertinent dans l’environnement local, où la production de pétrole n’a cessé de décliner depuis son apogée en 1996. La société est entrée au Gabon en 1992 avec l’acquisition de champs pétroliers offshore au large de Port-Gentil et a depuis acquis d’autres actifs à la fois on et offshore. L’exploitation de ces actifs s’est accompagnée d’investissements supplémentaires de Perenco dans des pipelines et des navires de stockage et de déchargement flottants. La contribution de la société à l’infrastructure a atteint un point culminant en février de cette année lorsque Perenco a annoncé une décision finale d’investissement pour la création de l’installation de gaz naturel liquéfié (GNL) du Cap de Lopez, d’une valeur de 1 milliard de dollars, qui aura une capacité de 700 000 tonnes de GNL et dont la production devrait entrer en service en 2026.
Ces développements sont le reflet d’une ambition beaucoup plus large exposée dans le Plan directeur du gaz du gouvernement, qui vise à diversifier le bouquet énergétique du Gabon en exploitant le potentiel de gaz naturel du pays jusqu’à présent inexploité. Le Gabon possède des réserves de gaz naturel estimées à 1,2 trillion de pieds cubes, en grande partie situées en mer sous la forme de gaz associé aux champs pétroliers du pays. La production de gaz a culminé en 2021 à 70 milliards de pieds cubes, mais ce chiffre devrait augmenter car le gouvernement cherche à éliminer le torchage et à exploiter ses ressources en gaz pour électrifier les foyers locaux, lutter contre le changement climatique et augmenter les recettes d’exportation en répondant à la demande croissante de GNL sur les marchés européens riches.
Alors que le Gabon inaugure une nouvelle ère de croissance économique grâce au gaz naturel, le pays est sur le point de signer de nouveaux accords et de relancer son développement lors du premier événement du continent pour le secteur pétrolier et gazier, la Semaine africaine de l’énergie (AEW) 2023 – qui est organisé par la Chambre africaine de l’énergie (la voix du secteur énergétique africain) et se déroule du 16 au 20 octobre au Cap. Lors de l’AEW 2022, le pays a joué un rôle important en matière d’investissement, avec une délégation gabonaise dirigée par S.E. Le ministre Massassa s’engage auprès des investisseurs, anime les discussions et connecte les acteurs de l’E&P aux opportunités gabonaises. Cette année, cette tendance ne fera que se poursuivre car les opportunités présentées par le Plan directeur du gaz attirent de nouveaux financiers et acteurs sur le marché émergent du gaz.