l’APLFT, le HCR et les ONG humanitaires sensibilisent les refugies et les retournés sur les VBG

Ensemble contre les violences faites aux femmes : Une campagne de sensibilisation inédite au Tchad

Introduction

« La violence fait partie de la vie des femmes, et ce que nous voyons comme une normalité sont en fait des actes de barbarie. » Cette citation puissante résume le quotidien de millions de femmes à travers le monde, victimes de violences qui transcendent les frontières et les cultures. Au Tchad, dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, une initiative significative a été lancée pour combattre ce fléau. L’Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT), en collaboration avec le HCR, des ONG humanitaires et les services déconcentrés de l’État, a organisé une campagne de sensibilisation à Maro, le chef-lieu du département de la Grande-Sido, sous le thème poignant : « Tous unis contre les violences à l’égard des femmes ». Cette campagne ne se limite pas à un simple événement ; elle représente une étape décisive vers l’éradication des violences basées sur le genre et le renforcement des droits des femmes.

Un contexte préoccupant

Cette campagne de sensibilisation s’est particulièrement adressée aux réfugiés retournés de la République Centrafrique, originaires du site de Moussoumba. L’objectif principal de cette action est clair : contribuer à la lutte contre toutes les formes de violence faites aux femmes, créant ainsi un environnement propice à leur épanouissement socio-économique. En effet, un développement durable ne peut être envisagé sans la participation active et la protection des femmes et des filles, souvent laissées pour compte dans les discours de progrès.

L’urgence d’agir ensemble

Magtou Dieudonné, chef du bureau de l’APLFT à Maro, a souligné l’importance du thème retenu cette année. Selon lui, il reflète l’urgence d’agir collectivement pour briser le silence qui entoure les violences faites aux femmes et déconstruire les inégalités systémiques qui persistent dans la société tchadienne. En effet, la lutte contre la violence basée sur le genre est un combat qui doit impliquer l’ensemble des acteurs de la société — des gouvernements aux communautés locales en passant par les institutions privées.

Le poids des violences basées sur le genre

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des millions de femmes, tant au Tchad que dans d’autres pays, témoignent de leur mésaventure avec des violences au quotidien. Qu’elles soient physiques, psychologiques, économiques ou sexuelles, ces violences ont des conséquences non seulement sur les victimes elles-mêmes mais aussi sur leurs familles et leurs communautés. La violence n’est pas un problème individuel ; elle est profondément ancrée dans le tissu social et économique de nos sociétés.

Le secrétaire général du département de la Grande Sido, Allaramadji Adolphe, a également pris la parole lors de cet évènement pour condamner fermement ces violences, les qualifiant de violations graves des droits humains. Il a rappelé que ces violences se manifestent sous diverses formes : violences domestiques, mariages précoces et forcés, harcèlement, mutilations génitales féminines, entre autres. Ces actes, souvent justifiés par des normes sociales archaïques, n’ont pas leur place dans une société moderne et équitable.

Des témoignages puissants et des actions concrètes

Pour donner écho à cet dire, plusieurs témoignages de femmes victimes de violence ont été partagés durant la campagne, mettant en lumière non seulement leur souffrance mais aussi leur résilience. Ces récits poignants ont ravivé la flamme de la solidarité et de l’empathie au sein de la communauté.

La campagne de sensibilisation ne s’est pas limitée à des discours ; elle a également été animée par des danses folkloriques du terroir et des sketches qui ont su captiver l’attention du public. Ces expressions artistiques ont permis de véhiculer des messages forts contre les violences faites aux femmes et de transmettre l’idée que l’art peut aussi être un puissant vecteur de changement social.

L’importance d’un soutien durable

Il est essentiel d’insister sur le fait que la lutte contre les violences à l’égard des femmes nécessite un soutien continu et une vigilance permanente. La campagne se poursuivra jusqu’au 10 décembre prochain et a pour but de toucher un maximum d’individus, incluant les hommes et les jeunes générations, afin de les sensibiliser à l’égalité des genres et à la nécessité de respecter les droits fondamentaux de chacun.

Le rôle des hommes dans cette lutte est particulièrement crucial. Ils doivent être considérés non pas comme des antagonistes, mais comme des alliés dans la quête d’une société plus juste. Des initiatives de sensibilisation ciblant spécifiquement les hommes doivent être mises en œuvre pour déconstruire les stéréotypes de genre et promouvoir des comportements respectueux.

Critique constructive et perspectives

Si cette campagne de sensibilisation représente un bon début, il est impératif de se poser la question suivante : que faire après ? Comment garantir que ces actions ne soient pas de simples paroles en l’air mais se traduisent par des changements concrets et mesurables ?

Les autorités doivent s’engager à établir des lois protectrices et à veiller à leur application. La sensibilisation ne doit pas se limiter à un événement ponctuel mais doit s’inscrire dans une démarche continue. Les ONG doivent continuer à travailler main dans la main avec l’État pour développer des infrastructures de soutien aux victimes de violences, telles que des refuges sûrs, des services de counseling, et un accès facilité à la justice.

Conclusion : L’espoir d’un avenir meilleur

Cette campagne de sensibilisation à Maro est un symbole d’espoir et de résilience face à un problème endémique. Elle a permis d’ouvrir le dialogue sur un sujet souvent tabou et d’encourager une prise de conscience collective. Le chemin est encore long, mais chaque voix, chaque geste, chaque engagement compte dans la lutte contre les violences faites aux femmes.

En rejoignant ce combat, chacun d’entre nous peut contribuer à bâtir un monde où les femmes et les filles se sentent en sécurité, respectées et libres de réaliser leur potentiel. Il est temps de faire entendre notre voix, de faire preuve de solidarité et de lutter ensemble pour une société où le respect des droits humains est la norme. En ce sens, nous pouvons tous être des acteurs de changement. « Tous unis contre les violences à l’égard des femmes », n’est pas seulement un slogan, mais un appel vibrant à l’action et à la transformation. Ensemble, construisons un avenir où la violence n’a pas sa place.