Le Conseil Constitutionnel proclame les résultats définitifs des élections législatives

Une Nouvelle Ère Électorale au Tchad : Le Rôle du Conseil Constitutionnel

Ouvrant la cérémonie, Jean Bernard Padaré a captivé l’audience par un rappel émouvant du rôle fondamental joué par le Conseil Constitutionnel dans la préparation des élections législatives. « Préparer les électeurs à faire entendre leur voix, c’est préparer la démocratie », a-t-il notamment souligné. Ce discours, loin d’être une simple formalité, s’inscrit dans une démarche plus large visant à renforcer l’intégrité et la transparence du processus électoral au Tchad.

Durant plusieurs mois, le Conseil Constitutionnel a mené un travail acharné pour s’assurer que les élections législatives prévues le 29 décembre 2024 se déroulent dans des conditions optimales. La formation des formateurs et des superviseurs dans les 23 provinces du pays a été une étape cruciale. Sans coordination ni formation adéquates, nul doute que le risque d’irrégularités aurait été élevé. Cette initiative ne s’est pas limitée à l’éducation des superviseurs, mais a également inclus des personnels d’appui formés aux techniques de dépouillement et de saisie des données, outils essentiels pour une élection démocratique.

L’Engagement des Partis Politiques : Une Collaboration Fructueuse

Conscient de l’importance des partis politiques dans le bon fonctionnement du système démocratique, le Conseil a pris l’initiative de créer et de diffuser un guide à l’intention des candidats et des requérants en matière de contentieux électoral. Ce document a été remis lors d’une journée d’échanges constructive, organisée en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce type d’échanges vise non seulement à informer, mais aussi à instaurer un climat de confiance entre les différentes parties prenantes du processus électoral.

Comme stipulé dans l’article 37, alinéa 2, de la loi organique, le jour du scrutin, le Conseil Constitutionnel a dépêché des superviseurs sur le terrain pour suivre les opérations électorales de près et en faire un rapport détaillé. Cette présence sur le terrain est un gage de sérieux et de transparence, et montre que le Conseil prend son rôle de garant des élections très au sérieux.

Gestion des Contentieux : Une Structure Rigoureuse

Pour faire face aux éventuels contentieux électoraux, le Conseil Constitutionnel a mis en place plusieurs commissions dédiées. Ces entités ont pour mission d’assurer un traitement rigoureux et impartial des réclamations qui pourraient surgir :

  • Commission de réception des procès-verbaux : Elle a pour tâche d’enregistrer et de vérifier l’authenticité des résultats communiqués par les bureaux de vote.
  • Commission de dépouillement : Cette équipe a pour rôle crucial de superviser le dépouillement des votes, garantissant ainsi que chaque voix compte.
  • Commission de traitement des procès-verbaux : Elle s’assure que les résultats sont traités rapidement et avec précision.
  • Commission des requêtes : Cette commission étudie minutieusement toutes les plaintes et réclamations faites par les candidats ou les partis.

Lors des récentes élections, la commission de dépouillement a dû gérer des anomalies significatives. Elle a invalidé 2 312 bureaux de vote pour diverses irrégularités, un chiffre qui signale la nécessité d’une vigilance accrue dans le processus électoral. En outre, le Conseil a reçu et examiné un total de 243 requêtes émanant de candidats, de partis politiques et de regroupements de partis. Cela prouve le dynamisme du système en place et la transparence des opérations, éléments essentiels à la crédibilité des élections.

Vers une Égalité de Genre : Un Progrès Réel

Au-delà des questions techniques entourant l’élection, Jean Bernard Padaré a fait un point d’honneur sur la question de la parité. L’ordonnance 012/PR/2012, adoptée le 22 mai 2018, a été un tournant dans l’histoire du pays en termes d’égalité de genre. Elle a réussi à garantir une représentation significative des femmes dans les fonctions électives et nominatives en République du Tchad.

Pour la première fois, la loi impose le respect de la parité comme condition de validité des listes électorales. Ainsi, la 4ème législature, qui s’installera bientôt, comptera 64 femmes députées sur un total de 188, ce qui représente 34 % de l’Assemblée. Ce chiffre constitue une avancée impressionnante par rapport aux chiffres des législatures précédentes : seulement 1 % de femmes lors de la première législature (2 sur 125), une hausse à 5,8 % lors de la deuxième (9 sur 155), et une progression à 15,4 % lors de la troisième (29 sur 188). Enfin, pendant le Conseil National de Transition, 26 % de la représentation était féminine (53 femmes sur 203).

Une Réflexion Nécessaire et la Poursuite des Efforts

Ces avancées significatives soulignent l’importance des réformes engagées en matière de parité et d’égalité des genres. Jean Bernard Padaré n’a pas manqué d’exhorter les autorités à continuer sur cette voie. Les chiffres, bien que prometteurs, appellent à une réflexion plus profonde sur l’engagement de l’État et de la société civile pour garantir que cette tendance se renforce.

Il est essentiel que le parcours vers une représentation égale ne s’arrête pas ici. Les prochains mois seront cruciaux pour maintenir cette dynamique et vraiment intégrer les femmes dans tous les niveaux de décision politique et publique.

Conclusion : Un Sommet à Atteindre

Le travail accompli par le Conseil Constitutionnel et les avancées en matière de parité témoignent d’une volonté de changement au Tchad. Néanmoins, il reste des défis à surmonter pour garantir un processus électoral transparent et inclusif. Les données montrent une avancée indéniable, mais elles doivent aussi inciter à une poursuite des efforts, tant en matière de formation que de sensibilisation aux questions de genre.

L’histoire du Tchad, marquée par des inégalités et des difficultés, est désormais à un tournant. Les réformes engagées, si elles sont soutenues par un engagement collectif, pourraient transformer le paysage politique du pays pour les générations à venir. Le vrai défi sera de passer de la théorie à la pratique, en créant un environnement politique qui célèbre la diversité et l’égalité.

Il appartient désormais à chaque acteur, des responsables politiques aux citoyens, d’œuvrer ensemble pour un Tchad où chaque voix compte, et où le respect de la parité devient la norme. En nous engageant collectivement, nous pouvons bâtir une nation plus forte, plus juste et véritablement démocratique.