le nombre de millionnaires devrait augmenter de 65 % au cours de la prochaine décennie (rapport)
Mais, comme le souligne Dominic Volek, responsable des clients privés chez Henley & Partners, la dépréciation des devises et la sous-performance des marchés boursiers ont réduit la richesse de l’Afrique par rapport aux indices de référence mondiaux : « Le rand sud-africain a chuté de 43 % par rapport au dollar américain entre 2013 et 2023, et même si l’indice JSE All Share a augmenté pour les monnaies locales, il a reculé de 5 % pour le dollar américain. Les devises de la plupart des autres pays africains ont également enregistré de mauvais résultats au cours de la dernière décennie, avec des dépréciations spectaculaires de plus de 75 % enregistrées au Nigeria, en Égypte, en Angola et en Zambie. »
Andrew Amoils, responsable de la recherche à New World Wealth, a fait en outre remarquer que les pays africains perdent également un grand nombre de personnes fortunées à cause des migrations qui érodent la richesse du continent : « Environ 18 700 individus fortunés ont quitté l’Afrique au cours de la dernière décennie. On compte actuellement 54 milliardaires nés en Afrique dans le monde, dont l’un des plus riches du monde, Elon Musk, mais seulement 21 d’entre eux vivent toujours sur le continent. »
Les pays et villes les plus riches d’Afrique
En dépit d’une décennie difficile, l’Afrique du Sud abrite toujours plus de deux fois plus d’individus fortunés que tout autre pays africain, avec 37 400 millionnaires, 102 centimillionnaires et 5 milliardaires, suivi de l’Égypte avec 15 600 millionnaires, 52 centimillionnaires et 7 milliardaires. Le Nigeria occupe la 3ème place avec 8 200 individus fortunés, suivi du Kenya (7 200 millionnaires), du Maroc (6 800), de l’île Maurice (5 100), de l’Algérie (2 800), du Ghana (2 700), de l’Éthiopie (2 700) et de la Namibie (2 300), qui font tous partie des 10 pays les plus riches d’Afrique.
Au cours de la prochaine décennie (jusqu’en 2033), divers pays comme l’île Maurice, la Namibie, le Maroc, la Zambie, le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda devraient tous connaître une croissance de plus de 80 % de leur nombre de millionnaires. L’île Maurice devrait connaître un taux de croissance remarquable de 95 %, ce qui la positionnera comme l’un des marchés des avoirs les plus dynamiques du monde.
Au niveau des villes, Johannesburg garde sa place de ville la plus riche d’Afrique, avec 12 300 millionnaires, 25 centimillionnaires et 2 milliardaires. Le Cap n’est pas très loin derrière avec 7 400 millionnaires, 28 centimillionnaires et 1 milliardaire. Le Caire (7 200 millionnaires), Nairobi (4 400) et Lagos (4 200) se distinguent également comme des pôles urbains africains de richesse clés.
Le Cap et sa côte des baleines (Cape Whale Coast), Kigali, Windhoek, Swakopmund, Nairobi, Tanger et Marrakech devraient toutes connaître une croissance de plus de 85 % de leur nombre de millionnaires au cours de la prochaine décennie. Le Cap ouvre également la voie en matière d’immobilier de luxe avec les logements à 5 600 USD par m2, suivie de près par la station mauricienne de Grand-Baie où les propriétés atteignent 5 000 USD par m2. L’Afrique du Sud a cinq candidates dans le Top 10 des villes africaines les plus chères tandis que le Maroc en a trois.
Le manque de mobilité économique de l’Afrique
Dans le rapport, le professeur Mehari Maru, du Centre des politiques migratoires de l’Institut universitaire européen, affirme que les demandeurs de visa africains sont confrontés à des restrictions beaucoup plus sévères que dans d’autres régions : « L’Afrique arrive en tête de liste des demandes refusées, puisque 30 % (ou une sur trois) de toutes les demandes traitées sont rejetés, même si le continent a le plus faible nombre de demandes de visa par habitant. Les taux de refus des visas Schengen sont dix fois plus élevés que pour les citoyens américains. Même si cela peut se justifier d’un point de vue de la sécurité ou des préoccupations économiques, le système de visas européen montre clairement un parti pris à l’encontre des demandeurs africains. »
Chidinma Okebalama, consultant principal chez Henley & Partners Nigeria, a confié pour sa part : « Le passeport joue un rôle déterminant dans la liberté financière des personnes, et cela a une incidence sur la capacité de ces dernières à explorer des projets commerciaux internationaux, à réseauter efficacement ou à saisir des opportunités d’affaires multinationales. Par conséquent, les entrepreneurs et les investisseurs africains sont souvent exclus des marchés mondiaux lucratifs, ce qui entrave leur potentiel en matière de croissance économique et de prospérité financière. »