Le SYMET claque la porte de l’UST et menace de grève pour les médecins


Dans un contexte où la situation des médecins au Tchad devient de plus en plus préoccupante, le Syndicat des Médecins du Tchad (SYMET) a récemment pris une décision marquante : il a annoncé son retrait de l’Union des Syndicats du Tchad (UST) en raison de manquements jugés inacceptables. Le secrétaire général du SYMET, Dr Mahamat Brahim Dahab, a exprimé, lors d’un point presse qui a eu lieu le 28 mars 2025 à N’Djamena, la détermination du syndicat à revendiquer les droits de ses membres en lançant un préavis de grève de 72 heures pour soutenir les médecins en attente d’intégration dans le système de santé. Cette initiative met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontés les professionnels de la santé dans le pays et pose des questions critiques sur l’avenir de la médecine au Tchad.

Les raisons derrière le retrait du SYMET

La décision du SYMET de se retirer de l’UST n’est pas survenue par hasard. Dr Mahamat Brahim Dahab a clairement articulé les frustrations ressenties au sein du syndicat, évoquant l’inefficacité des engagements pris dans le cadre du pacte social triennal. Depuis 2018, malgré leur affiliation à l’UST, le SYMET n’a pas réussi à obtenir des résultats tangibles pour les médecins tchadiens. Les éléments du pacte qui étaient supposés apporter des améliorations significatives se sont révélés peu fiables. Des milliers de membres attendent encore le règlement de leurs arriérés, une situation qui crée un climat d’incertitude et d’insatisfaction parmi les praticiens. Le thème des arriérés, en particulier, est devenu symptomatique des défis structurels dans le système de soins de santé, exacerbant les frustrations déjà présentes.

Une des promesses clés du pacte, qui aurait dû permettre la validation du statut des médecins, n’a pas été respectée. Sans ce statut, les médecins ont des difficultés à faire valoir leurs droits et leur dignité professionnelle, ce qui soulève d’importantes questions sur le respect des normes de travail et des conditions d’exercice de la profession. En tirant la sonnette d’alarme sur cette situation, le SYMET ne fait pas que revendiquer pour ses membres ; il alerte également sur les conséquences que cette situation pourrait avoir sur la qualité des soins prodigués aux patients.

Ingérence et stratégie de lutte unilatérale

Un autre point de friction pour le SYMET a été ce qu’il considère comme une ingérence inacceptable de la plateforme syndicale dans la gestion interne de ses affaires. Cette interférence aurait entravé la capacité du SYMET à réaliser ses objectifs et à défendre efficacement les intérêts de ses membres. De ce fait, la décision de se retirer s’est imposée comme une nécessité pour regagner autonomie et pouvoir d’action.

En optant pour une approche unilatérale dans ses actions futures, le SYMET vise à établir une ligne claire dans ses revendications. En se battant seuls, les syndicalistes espèrent obtenir une meilleure négociation avec le gouvernement et les autorités de santé. Ce changement de stratégie pourrait être interprété comme un acte de défi, mais il pourrait également être vu comme une tentative de rétablir la voix du syndicat face aux difficultés rencontrées. L’autonomie dans la lutte est un aspect crucial pour le SYMET, car cela lui permet de tracer un chemin indépendant pour obtenir des résultats concrets et durables.

Un préavis de grève comme moyen de pression

Le préavis de grève de 72 heures, qui débutera le lundi 3 mars 2025, est un appel fort à l’action. En soutenant les médecins en attente d’intégration, le SYMET souhaite faire entendre son mécontentement. Dr Mahamat Brahim Dahab a urgemment rappelé au gouvernement l’importance d’initier immédiatement le processus d’intégration pour ces médecins. Il a averti que l’inaction pourrait entraîner des conséquences graves, impliquant des manifestations de grande envergure et un climat de mécontentement croissant parmi les praticiens.

Ce préavis de grève ne fait pas que revendiquer des droits pour les médecins ; il révèle également la vulnérabilité du système de santé au Tchad. En effet, si les médecins continuent de faire face à des conditions de travail précaires, cela risque de nuire à l’ensemble du secteur, affectant finalement la qualité des soins et l’accès aux services médicaux pour la population. C’est un dilemme sévère, qui nécessite une action réfléchie de la part du gouvernement.

Impact sur le système de santé et la société

La situation des médecins au Tchad est emblématique de problèmes plus larges au sein du système de santé. L’absence de dialogue efficace entre le gouvernement et les syndicats médicaux a des implications graves qui pourraient s’étendre au-delà des murs des hôpitaux et affecter la santé publique. En soutenant la grève, le SYMET ne se contente pas de défendre les droits des médecins ; il attire aussi l’attention sur les enjeux systémiques qui nécessitent une attention immédiate.

L’intégration des médecins est non seulement un problème personnel pour ceux qui attendent, mais constitue également un enjeu crucial pour l’amélioration des systèmes de santé. Les médecins intégrés sont essentiels pour fournir des soins adéquats et répondre aux besoins croissants d’un pays où l’accès aux soins de santé de qualité est encore limité. La santé de la population est étroitement liée à la morale et aux conditions de travail des prestataires de services de santé ; une crise au sein du corps médical aura des retombées profondes sur l’ensemble de la société.

Réflexion critique et perspectives d’avenir

Bien que la décision du SYMET de se retirer de l’UST et d’initier une grève soit compréhensible compte tenu des circonstances, il convient également de se demander si cette stratégie de lutte unilatérale est la plus efficace sur le long terme. Quelque part, une coopération constructive avec l’UST, tout en maintenant des demandes fermes et claires auprès du gouvernement, pourrait potentiellement ouvrir des voies de négociation plus positives. Le dialogue reste un instrument essentiel dans la lutte pour la dignité et le respect des médecins, et la fragmentation pourrait, à terme, nuire à la cause qu’ils défendent.

Cependant, il est indéniable que l’urgence des situations évoquées nécessite des actions immédiates. En fin de compte, il est impératif que toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement, se rallient autour d’une table de négociation pour résoudre ces questions essentielles. L’engagement à améliorer les conditions de travail des médecins et à répondre à leurs attentes est fondamental pour construire un système de santé solide et résilient.

Enfin, une conclusion inspirante

En somme, la lutte du SYMET révèle des enjeux cruciaux pour le Tchad et son système de santé. L’intégration des médecins ne doit pas être simplement considérée comme une formalité administrative, mais comme une question de justice sociale et de santé publique. Alors que le SYMET s’engage dans cette voie de résistance, il nous rappelle que la nécessité de défendre des droits n’est pas seulement une affaire de quelques-uns, mais un devoir collectif qui touche l’ensemble de la société. La santé de nos communautés mérite que nous agissions, que nous nous unissions et que nous soyons porteurs d’un changement positif pour un avenir où chaque médecin peut travailler avec dignité et reconnaissance. Nous devons tous conscientiser la nécessité d’un système de santé qui soit juste et équitable pour tous, où les médecins peuvent s’intégrer efficacement et où la santé de la nation est protégée.