L’ENA débat des perspectives de service public à l’ère de la nouvelle République
Introduction
Le 29 novembre 2024, l’École Nationale d’Administration (ENA) du Tchad a été le théâtre d’un événement marquant : le 3ème colloque international, abordant le complexe mais essentiel sujet de “L’intérêt général et le service public à l’ère de la nouvelle république”. À une époque où les défis de la gouvernance requièrent une attention inédite, cet événement a rassemblé une pléthore d’experts, de décideurs, de membres de la société civile et d’associations. Ensemble, ils ont constitué un éventail de voix et de perspectives, chacune apportant son propre éclairage sur les enjeux pressants auxquels font face les services publics dans le pays.
Les préoccupations autour de l’intérêt général ne sont pas simplement des concepts abstraits, mais des réalités palpables influant directement sur la vie quotidienne des citoyens tchadiens. En effet, des études ont montré que l’engagement des citoyens dans le processus décisionnel peut accroître jusqu’à 40 % l’efficacité des services publics. Cela souligne l’importance vitale de ce colloque qui s’inscrit non seulement dans un cadre académique, mais également dans une dynamique de changement pragmatique.
Un Essor Vers L’excellence Administrative
La rencontre a été ouverte par le directeur général de l’ENA, le Dr Mahamat Borgou Hassan, qui a clairement exprimé l’ambition de son institution : devenir un pôle incontournable d’excellence dans le domaine des sciences administratives. Selon lui, ces colloques scientifiques sont essentiels pour alimenter une réflexion continue sur les pratiques administratives. En effet, l’ENA ne se limite pas à la simple formation des futurs décideurs ; elle vise à être un moteur d’innovation dans la gestion publique.
Les colloques, à travers des échanges d’expertise, apportent un souffle nouveau à l’administration publique. Ils constituent une plateforme où les idées novatrices peuvent émerger et où les défis peuvent être confrontés de manière collaborative. Cela fait écho à la nécessité d’une administration moderne, capable de s’adapter aux mutations sociétales et aux exigences d’une nouvelle République.
Engagement Politique et Vision d’Avenir
Le président de la République a également fait sentir sa présence lors de ce colloque. Conscient des défis de la reconstruction administrative, il a souligné l’importance d’une gestion institutionnelle qui s’ajuste aux réalités contemporaines afin de propulser le Tchad au premier plan. Cette vision politique n’est pas que des mots ; elle est le reflet d’une volonté de transformation profonde, une quête pour établir une gouvernance qui soit à la fois efficace et inclusive.
Ramatou Mahamat Houtoin, la ministre Secrétaire général du gouvernement, a également pris la parole lors de cet événement. En tant que présidente du Conseil d’Administration de l’ENA, elle a insisté sur le caractère historique et crucial de ce colloque, qui marque le début d’une ère de renouveau pour le Tchad. Elle a mis en avant le projet de société du Président, élaboré autour de 12 grands chantiers et 100 actions, tous visant à inciter les citoyens à s’engager activement dans les affaires publiques. Cela montre clairement que l’État souhaite établir une connexion forte entre les institutions et les citoyens.
L’intérêt Général: Un Fondement Essentiel
Le colloque a également exploré la notion d’intérêt général, qui se présente comme une justification essentielle des pouvoirs de l’administration publique. Ce concept est primordial, car il définit la légitimité des interventions de l’État et oriente les décisions judiciaires concernant l’action publique. En d’autres termes, l’intérêt général sert de boussole à l’administration, lui permettant de naviguer dans les eaux parfois tumultueuses des attentes citoyennes et des enjeux politiques.
Au sein de cette discussion, plusieurs intervenants ont partagé leurs points de vue sur la manière dont l’intérêt général doit être considéré dans l’évaluation de l’efficacité des services publics. Une analyse approfondie de ce sujet révèle qu’une gestion axée sur l’intérêt général peut conduire à des services publics plus transparents, équitables et réactifs.
Perspectives de Réforme Administrative
Le Premier ministre, Allah Maye Halina, a évoqué l’importance cruciale de cette rencontre pour interpeller chacun sur la question de l’intérêt général dans le contexte des services publics contemporains. Il a appelé à une continuité du service public, qui s’appuie sur des valeurs d’assiduité, d’impartialité et d’intégrité. Ces valeurs sont essentielles pour restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Les débats qui ont eu lieu durant le colloque ont permis de mettre en avant des pratiques exemplaires, mais également de soulever des critiques constructives sur les faiblesses existantes au sein du système administratif. La redynamisation des services publics est non seulement impérative, mais elle est également réalisable grâce à des actions ciblées. Par exemple, l’intégration des technologies de l’information dans le service public pourrait significativement améliorer l’accès et la qualité des services rendus aux citoyens.
Il est aussi essentiel de garantir une formation continue des agents publics pour les préparer aux changements rapides du paysage socio-économique. La modernisation de l’administration doit s’accompagner d’une amélioration des compétences des employés pour garantir un service public de qualité.
Critique Constructive : Évaluer pour Améliorer
Bien que le colloque ait été un pas significatif vers une amélioration de l’administration publique, il est capital d’envisager des critiques constructives. Une évaluation des précédents colloques révèle que, bien que des discussions enrichissantes aient eu lieu, la mise en œuvre des recommandations issue de ces événements a souvent stagné.
Pour remédier à cela, il serait bénéfique d’établir un cadre de suivi et d’évaluation des initiatives discutées lors de ces colloques. Des mécanismes doivent être mis en place pour garantir que les idées et les solutions proposées ne tombent pas dans l’oubli. Cela pourrait prendre la forme d’un comité chargé du suivi des engagements formulés lors de ces rencontres, favorisant ainsi un véritable changement institutionnel.
Conclusion
Ce 3ème colloque international de l’École Nationale d’Administration du Tchad représente bien plus qu’une simple rencontre académique. Il est le point de départ vers un renouveau audacieux, une chance pour le Tchad de se réinventer complètement en matière de service public. La concentration sur l’intérêt général, accompagnée d’une volonté politique forte, constitue un levier stratégique pour redynamiser les institutions et assurer une gouvernance plus efficace et participative.
En conclusion, les réflexions échangées et les propositions avancées lors de cet événement devraient s’ancrer dans la réalité administrative du pays. L’avenir du service public tchadien peut, et doit, être envisagé non seulement comme un ensemble d’institutions, mais comme un véritable service à la communauté. Les prochaines étapes doivent impliquer les citoyens eux-mêmes, car sans leur voix, l’intérêt général ne pourra jamais être pleinement réalisé. Il est donc impératif que chacun prenne conscience de son rôle dans cette dynamique collective, en s’engageant activement. Le ministre, les décideurs, mais aussi chaque Tchadien doivent contribuer à écrire ensemble l’histoire de leur avenir en tant qu’actors-clés de ce changement.