Les conflits fonciers au Tchad passés au crible au cours d’une table-ronde
Le Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE) a organisé ce 14 mars, dans ses locaux situés dans le 8e arrondissement de N’Djamena, une table-ronde sur le thème « Les conflits fonciers au Tchad : causes et moyens de prévention ».
Cette table-ronde vise, selon Kebir Mahamat Abdoulaye, conseiller de relation et de coopération extérieure du CEDPE, à décortiquer cette problématique qui fait couler tant d’encres mais aussi attirer l’attention des autorités politiques, militaires, coutumières et les partenaires qui sont au centre de cette préoccupation. La table-ronde est animée par Pr Bahoutou Laohoté, Maître de conférences CAMES en Géographie physique et Secrétaire scientifique de l’Observatoire foncier au Tchad (OIT) et Logame Lawane, doctorant en Sociologie sur les questions foncières.
Mettant en exergue l’aspect physique du Tchad, Pr Bahoutou Laohoté souligne que le pays qui a un vaste territoire (une superficie de 1 284 000Km², 5e pays le plus vaste d’Afrique) et une petite population (autour de 17millions) ne devrait pas connaitre de conflits fonciers. Mais, explique-t-il, s’il arrive aujourd’hui que le foncier engendre autant de conflits c’est dû à plusieurs facteurs. Il relève l’application de plusieurs droits notamment le droit coutumier dans le sud du pays, le droit islamique dans la zone sahélienne et le droit foncier national édité en 1967 qui est une copie faite du code civil français et non adapté aux réalités tchadiennes. A cette causse, s’ajoute la descente précoce des troupeaux des transhumants vers le sud ; la mauvaise conduite des troupeaux ; la montée tardive des troupeaux des transhumants perturbant les activités agricoles ; l’extension des champs sur les couloirs de transhumance ; l’apparition des nouveaux éleveurs et agriculteurs (des généraux et autorités) qui s’accaparent des grands domaines au détriment des populations pauvres; la malhonnêteté …
Pour le sociologue Logame Lawane, les problèmes fonciers engendrent des bagarres dans les quartiers, les procès en justice, les discours de haine, les plaintes dans les brigades, les querelles entre usagers et autorités, la multiplication des conflits i intercommunautaires, le repli identitaire, la méfiance, la division, l’individualisme grandissant et bien d’autres.
En terme de prévention, l’enseignant-chercheur, Bahoutou Lahoté, souligne que l’Etat doit garantir le droit foncier de ses citoyens ; élaborer et faire appliquer les lois sur l’agropastoralisme ; appliquer la politique foncière qui est récemment adoptée ; veiller à l’existence d’un processus clair d’acquisition du titre foncier et sensibiliser la population à cet effet ; lutter contre la corruption qui fait que des documents relatifs un une partielle soient établis à plusieurs personnes ; sensibiliser sur l’importance du titre foncier ; établir des alliances entre les parties (agriculteurs-éleveurs) ; etc.