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Les ménages tchadiens face à la pauvreté, état des lieux et perspectives d’amélioration
Titre : Perspectives de vie des ménages tchadiens face à la pauvreté : état des lieux et défis à surmonter
Introduction : Une réalité préoccupante
Imaginez-vous dans un marché de N’Djamena, où chaque article, qu’il soit basique ou non, semble voir son prix grimper de manière vertigineuse. En effet, la réalité économique du Tchad est marquée par une inflation galopante, défiant l’équilibre des foyers et aggravant la précarité déjà présente. Selon les données récentes, bien que le pays ait enregistré une croissance économique de 4,3 % en 2023, cette progression ne s’est pas traduite par une amélioration tangible des conditions de vie. En effet, 42,3 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec un taux d’extrême pauvreté atteignant 35,4 %. Ce contexte exige une analyse approfondie des défis qui pèsent sur ces ménages, tout en explorant les perspectives d’amélioration qui pourraient émerger.
I. Une inflation alimentaire incontrôlable : vers une crise alimentaire imminente
Les chiffres révélateurs
Dans les marchés de la capitale, le prix du koro d’ail a explosé, passant de 6 000 F CFA à 10 000 F CFA, soit une hausse de 66,7 %. Quant au gingembre, son coût a doublé, grimpant de 7 500 F CFA à 15 000 F CFA. Cette situation alarmante s’explique principalement par une baisse significative de la production au Cameroun, fournisseur clé du Tchad, et par une augmentation inédite des coûts du carburant, rendant le transport de marchandises de plus en plus difficile.
Impact sur les ménages
Cette flambée des prix ne touche pas uniquement les produits de consommation courante. Elle affecte l’ensemble du pouvoir d’achat des ménages tchadiens. En décembre 2023, l’inflation des denrées alimentaires s’élevait à 18,8 %, aggravant la situation de ceux déjà fragilisés économiquement. Les conséquences sont particulièrement sévères pour les foyers vulnérables, dont l’accès aux produits de première nécessité se raréfie du fait d’un manque d’infrastructures adéquates pour acheminer les produits locaux vers les marchés.
Une logistique défaillante
Laï, connue comme la "capitale de l’or blanc", souffre d’un enclavement qui complique l’acheminement du riz, malgré la richesse agricole de la zone. Ces problèmes logistiques, s’ils ne sont pas résolus, ne feront qu’accentuer les tensions sur les prix et l’approvisionnement alimentaire du pays.
II. Une crise humanitaire multidimensionnelle : un tableau alarmant
Un besoin d’assistance humanitaire
D’après l’Organisation des Nations Unies, plus d’un tiers de la population tchadienne nécessite une assistance humanitaire urgente. Ce besoin se trouve exacerbé par plusieurs facteurs : l’afflux de plus de 700 000 réfugiés en provenance du Soudan, la persistance des conflits dans la région du Lac Tchad et les inondations successives qui entraînent des déplacements massifs de populations.
Impact des conflits
Les conflits perpétrés par Boko Haram et d’autres groupes armés rendent la situation encore plus précaire. À ce jour, environ 28,7 % des habitants dans cette région sont des déplacés internes fuyant la violence, tandis que l’inondation des régions agricoles réduit encore l’accès à la nourriture pour des millions de personnes.
Situation alarmante dans le Sud
Dans le Sud du Tchad, la pression sur les infrastructures locales est particulièrement forte, avec plus de 77 000 Tchadiens revenant de Centrafrique et environ 124 000 réfugiés centrafricains. L’insécurité alimentaire touche également 2,9 millions de personnes au Tchad, aggravant la crise déjà en cours.
III. Un secteur énergétique déficient : vers une précarité accrue
État des lieux énergétique
Au Tchad, l’accès à l’électricité reste désespérément faible, avec seulement 11 % de la population branchée au réseau électrique, et des disparités criantes entre les régions urbaines et rurales. Le Pacte National de l’Énergie, promis pour 2030, vise à étendre l’accès à l’énergie à 14 millions de personnes supplémentaires, une ambition qui nécessite un engagement financier et politique considérable.
Objectifs du Pacte National de l’Énergie
Les objectifs fixés dans le pacte incluent :
- 90 % de couverture électrique d’ici 2030.
- 30 % de l’énergie renouvelable dans le mix énergétique.
- Mobilisation de 1,95 milliard de dollars pour financer ce projet, avec 650,3 millions prévus en investissements privés.
Conséquences sur la pauvreté
L’absence d’accès à l’électricité impacte la productivité et renforce la pauvreté. La majorité des ménages continue de s’éclairer au bois et au charbon, des pratiques qui font peser une menace sur l’environnement et la santé publique à travers la pollution domestique.
IV. Des perspectives d’avenir : entre espoir et incertitude
Perspectives de croissance
Malgré ces défis écrasants, la Banque Africaine de Développement projette une croissance de 5,2 % en 2024 et de 5,3 % en 2025, soutenue principalement par le secteur pétrolier. Cette dynamique pourrait se révéler bénéfique, mais elle ne doit pas faire oublier les risques qui pèsent sur le pays.
Les menaces à considérer
Les fluctuations des prix du pétrole ainsi que les impacts du changement climatique sont des menaces sérieuses qui pourraient entraver cette dynamique. La précarité des moyens de subsistance des ménages agricoles et pastoraux est particulièrement préoccupante.
Opportunités de financement
Un point positif concerne la valorisation de son capital naturel, estimé à 75,4 milliards de dollars. Le Tchad pourrait mobiliser davantage de ressources via des obligations vertes, des partenariats public-privé et d’autres instruments de financement pour soutenir son développement durable.
V. Une relance conditionnée par une gouvernance efficace et un véritable engagement
Réformes en cours
Alors que des réformes structurelles sont mises en place, la question cruciale demeure : ces initiatives parviendront-elles à améliorer les conditions de vie des ménages tchadiens ? La réponse réside dans la capacité à diversifier l’économie, à moderniser les infrastructures et à garantir un meilleur accès à l’énergie.
Importance de l’engagement
Il est impératif que les mesures proposées dans le Pacte National de l’Énergie et les réformes économiques soient mises en œuvre efficacement. Ces actions pourraient amorcer une transformation durable et inclusive, mais leur succès dépend de l’engagement du gouvernement, du secteur privé et du soutien international pour surmonter ces défis structurels.
Conclusion : Vers un avenir meilleur
Les ménages tchadiens attendent avec impatience des promesses tangibles et des actions concrètes qui apporteront des améliorations à leur quotidien. Le défi pour le gouvernement réside non seulement dans la stabilisation des prix et la sécurisation de l’accès aux biens essentiels, mais aussi dans l’investissement dans une croissance inclusive et durable. Ce chemin, bien qu’ardue, présente des perspectives encourageantes pour transformer la vie des Tchadiens en une réalité plus stable et prospère. Ensemble, avec un engagement fort et des efforts concertés, l’avenir peut être façonné pour aller vers un Tchad où chaque citoyen a la possibilité de vivre dignement.