les ouvriers peinent à joindre les deux bouts

Depuis la crise politique et socio-économique qui traverse le pays, les ouvriers tels que les maçons, tâcherons, carreleurs et manœuvres ont des difficultés à joindre les deux bouts. Un tour au grand marché central sous le mur de la grande mosquée Roi Faycal ce jeudi 11 mai 2023 pour s’enquérir du quotidien de ces ouvriers nous a permis de constater que la vie est difficile pour eux.

Alphonse, un maçon expérimenté assis tête baissée avec sa boîte à outils à côté de lui nous explique : « Je suis maçon depuis 15 ans, je suis la troisième personne la plus ancienne ici après les deux délégués. Chaque jour, nous venons sous la grande mosquée pour chercher du travail, mais ces derniers temps, il m’arrive de rester une semaine sans rien trouver. Avant, les gens venaient tous les jours nous chercher pour des travaux de construction, mais ces derniers temps, je ne sais pas si c’est les gens qui ne construisent plus ou quoi. »

Un autre ouvrier, qui préfère rester anonyme, avoue avoir honte chaque fois qu’il rentre chez lui parce qu’il n’a rien à offrir à ses enfants faute de travail : « Les voisins pensent que je vais travailler tous les jours, mais au contraire, je moissonne. Que pouvons-nous faire ? »

Le constat est similaire au rond-point Hamama dans le 7e arrondissement où les ouvriers attendent patiemment le travail. Lorsqu’un véhicule ou une moto s’arrête près d’eux, ils se bousculent pour avoir une chance de travailler. Ils se font concurrence en affirmant être les meilleurs, les moins chers, les plus rapides.

Ngaradoum, un maçon que nous avons abordé, a refusé de s’exprimer au début, mais finit par dire un mot insolent en langue Goulaye : « Si tu es journaliste, va parler de notre sort au gouvernement et de ce qui se passe dans ce pays. Nous sommes là où nous sommes, et si nous trouvons du travail, tant mieux. Sinon, celui qui décide n’est pas toi. C’est ainsi que nous vivons depuis longtemps. Parfois, nous travaillons chez les gens, mais à la fin, ils nous intimident, et malgré tout cela, nous ne sommes toujours pas sortis de la pauvreté. »

Outre les ouvriers, de nombreux ménages, commerçants et débrouillards ont du mal à se nourrir correctement. Pour qui passe rapidement, la vie peut sembler belle à N’Djamena, mais il suffit de se promener dans la ville et de parler aux gens pour comprendre que la population vit dans une grande précarité. La ville risque de devenir invivable dans les jours à venir.