les règles d’hygiène bafouées dans le transport de la viande

La Viande à Ndjamena : Un Voyage qui Doit Être Réinventé

Introduction

À Ndjamena, la viande est bien plus qu’un simple aliment; elle est au cœur des traditions culinaires et des repas partagés en famille. Chaque jour, le marché grouille de vie, les odeurs de grillades embaument l’air, et les cris des vendeurs retentissent dans les ruelles animées. Cependant, derrière cette image vibrante se cachent des pratiques de transport de la viande qui laissent à désirer. Saviez-vous que dans de nombreuses régions d’Afrique, dont le Tchad, des millions de personnes consomment de la viande transportée dans des conditions souvent insalubres? C’est un constat alarmant qui mérite d’être examiné de près.

Dans cet article, nous plongerons dans la réalité du transport de la viande à Ndjamena, mettrons en lumière les risques associés à ces pratiques, et envisagerons des solutions durables pour garantir la sécurité alimentaire de la population.

La Réalité du Transport de la Viande à Ndjamena

Une Pratique Risquée

À première vue, le transport de la viande peut sembler une tâche banale, mais la réalité est tout autre. La viande, lorsqu’elle n’est pas transportée dans de bonnes conditions, devient un terrain fertile à la contamination. En effet, le trajet de l’abattoir au point de vente est un parcours semé d’embûches. La viande est souvent transportée sur des motocyclettes, des voitures non frigorifiées, et parfois même à vélo — autant de méthodes qui exposent ce produit à des éléments externes comme la poussière, les mouches et le passage des vieilles camionnettes dégorgeant de fumées noires.

Un certain Mamadou, boucher dans le quartier Ridina, confirme cette réalité : « Nous n’avons pas d’autre choix que de transporter la viande sur les motos pour satisfaire la clientèle. Il faut que la viande soit livrée avant 7h pour nettoyer », témoigne-t-il. Cette course contre-la-montre est révélatrice des conditions précaires sous lesquelles ces travailleurs doivent opérer.

Les Conséquences Sanitaires

Les conséquences de ces pratiques sur la santé publique sont préoccupantes. Selon certaines études, une viande mal transportée peut être chargée de pathogènes, menaçant ainsi la santé des consommateurs. Une contamination bactérienne peut survenir à chaque étape du processus de transport, du froid insuffisant à la chaleur ambiante, en passant par le contact avec des surfaces non désinfectées.

Alhadj Mahamat, un consommateur du quartier Dembé, ne cache pas son indignation : « La viande est transportée à bord des motos sans aucune protection, exposée au vent, à la poussière et aux fumées noires. Pourtant, le transport de la viande doit être assuré dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire. » Son point de vue souligne une inquiétude partagée par de nombreux habitants.

Les Défis de Distribution

Un Système Maladroit

L’étape du transport de l’abattoir aux points de vente est une véritable épreuve, marquée par des lacunes considérables. L’abattoir lui-même ne possède pas de moyens de transport adéquats, ce qui oblige les bouchers locaux à utiliser les moyens à leur disposition, souvent inadaptés. Ce manque d’équipement est un handicap majeur pour un secteur qui mérite une attention particulière.

Les normes sanitaires sont claires : le transport de la viande doit être rigoureusement surveillé par l’inspection vétérinaire. Pourtant, peu d’initiatives sont mises en place pour garantir le respect de ces normes. L’État a un rôle crucial à jouer en tant que garant de la sécurité alimentaire, en imposant des réglementations strictes sur le transport de la viande et en s’assurant que ces règles sont appliquées.

Une Surpopulation Ignorée

Le phénomène de surpopulation à Ndjamena exacerbe également le problème. Alors que la ville continue de croître, les infrastructures restent insuffisantes pour répondre aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse. Ce manque d’organisation affecte gravement la chaîne d’approvisionnement alimentaire, contribuant ainsi à un cycle de contamination.

Une Vision pour l’Avenir : Des Solutions Durables

Modernisation des Méthodes de Transport

Il est impératif de repenser le transport de la viande à Ndjamena. À l’heure où la technologie offre des solutions innovantes, pourquoi ne pas envisager des véhicules frigorifiques adaptés? Ces camions permettrait de maintenir une température adéquate pour le transport, réduisant ainsi les risques de contamination. Des partenariats public-privé pourraient également être envisagés pour investir dans des infrastructures plus efficaces et adaptées aux exigences sanitaires actuelles.

Sensibilisation et Éducation

Un autre aspect crucial est la sensibilisation des acteurs de la chaîne de distribution. Mettre en place des programmes de formation pour les bouchers et les transporteurs sur les bonnes pratiques d’hygiène et de transport contribuerait à améliorer la situation. Il est essentiel que chaque participant à cette chaîne comprenne l’impact de ses actions sur la santé publique.

Renforcement des Cadres Réglementaires

Les autorités doivent établir des réglementations plus strictes concernant le transport de la viande et mettre en place des contrôles réguliers pour s’assurer de leur application. Cela inclut l’obligation d’utiliser des véhicules appropriés, avec des sanctions pour ceux qui ne respectent pas ces normes.

Conclusion

La viande à Ndjamena, un aliment cher aux cœurs et aux cuisines, mérite un traitement digne tout au long de son parcours, de l’abattoir jusqu’à la table. Les conditions actuelles de transport sont alarmantes et doivent être révisées rapidement.

En repensant les pratiques de transport et en investissant dans de meilleures infrastructures, nous pouvons garantir non seulement la sécurité alimentaire, mais également la santé de toute une population. Le changement est possible, et il est temps d’agir. En tant que consommateurs, nous avons également un rôle à jouer en exigeant des produits de qualité et en soutenant ceux qui œuvrent pour un système alimentaire plus sain.

Ensemble, faisons de Ndjamena une référence en matière de sécurité alimentaire et de santé publique, pour les générations futures.