L’urgence des banques africaines de l’énergie

L’Industrie Pétrolière et Gazière en Afrique : Vers une Autonomie Énergétique ?

Depuis plus d’un an, la Chambre africaine de l’énergie se lève contre les pressions croissantes qui visent à faire disparaître les investissements étrangers dans l’industrie pétrolière et gazière en Afrique. Pour illustrer l’importance cruciale de ce secteur, prenons l’exemple du Nigeria, un pays dont les recettes pétrolières représentent environ 90 % de ses revenus d’exportation. La lutte pour assurer le futur de cette industrie est non seulement une question de ressources, mais aussi un enjeu de souveraineté économique.

Contexte : L’urgence de la Transition Énergétique

Avec la montée alarmante des préoccupations climatiques, les groupes environnementaux, les institutions financières et les gouvernements des pays occidentaux prônent un changement radical. Selon eux, les pays en développement, dont ceux d’Afrique, doivent se détourner des combustibles fossiles pour adopter immédiatement les énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien. Bien que ces initiatives soient louables, il est essentiel de se rappeler que les pays qui poussent à cette transition ont construit leurs économies sur l’exploitation des combustibles fossiles. Ce double discours soulève des questions d’équité et de justice économique.

Les Richesses Inexplorées du Continent

En dépit des demandes pressantes de la communauté internationale, l’Afrique demeure riche en ressources naturelles. Des forêts denses aux réserves de gaz naturel, le continent possède un potentiel colossal pour développer ses propres infrastructures énergétiques. Ignorer ces ressources serait une occasion manquée de bâtir un avenir durable pour les millions d’Africains qui souffrent d’un accès limité à l’énergie.

La Nécessité d’Investissements Étrangers

Il est indéniable que les pays, les entreprises et les communautés d’Afrique ont toujours besoin du soutien des compagnies pétrolières internationales (CPI), des gouvernements étrangers et des institutions financières. Ces entités jouent un rôle vital en tant que vecteurs de transfert de connaissances. Elles aident à renforcer les compétences professionnelles des citoyens africains et construisent des infrastructures indispensables.

Impact des Investissements Étrangers

Les investissements étrangers dans le secteur pétrolier et gazier ne créent pas seulement des opportunités économiques ; ils offrent également des ressources financières pour stimuler le développement des infrastructures énergétiques, qu’il s’agisse de projets liés aux combustibles fossiles ou aux énergies renouvelables. Le soutien à des projets de gaz naturel peut également contribuer à éradiquer la pauvreté énergétique qui touche tant de familles sur le continent.

Les Défis : Une Montée de la Résistance

En juillet 2021, la situation a atteint un point critique. Face à l’inefficacité des arguments développés, la Chambre a réagi en adoptant des tactiques semblables à celles utilisées par la communauté internationale contre les intérêts de nos membres. Nous avons appelé à boycotter les institutions financières qui adoptent des politiques discriminatoires à l’égard de l’industrie pétrolière et gazière d’Afrique.

Pressions Croissantes lors de la COP26

Malgré nos efforts, les appels à cesser le financement des projets pétroliers et gaziers en Afrique se sont intensifiés, notamment lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2021 (COP26) à Glasgow. Plus de 20 pays et institutions financières se sont engagés à ne plus soutenir financièrement des projets de combustibles fossiles à l’étranger. Ce qui est encore plus frappant, c’est que l’Europe a décidé ici que le gaz est “propre” pour elle, mais “sale” pour l’Afrique, soulignant ainsi l’hypocrisie des politiques environnementales internationales.

Les Résultats des Engagements Internationaux

Les engagement sévères émanant de forums internationaux fixent des objectifs ambitieux : tripler la capacité énergétique renouvelable et doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030. Cependant, ces souhaits ne sont pas toujours en phase avec la réalité des besoins énergétiques et de développement en Afrique.

Les Conséquences sur l’Économie Énergétique

Ces engagements, qui semblent prometteurs, ne laissent pas présager de bonnes nouvelles pour l’avenir économique du secteur énergétique africain. Les attentes irréalistes pourraient freiner les progrès réalisés jusqu’à présent.

Une Solution Africaines : La Création d’une Banque Africaine de l’Énergie

Pour ceux qui se consacrent à l’avenir de l’industrie énergétique en Afrique, il est temps de prendre les choses en main. La Chambre africaine de l’énergie appelle les États africains et le secteur privé à financer la création d’une Banque africaine de l’énergie. Ce nouvel établissement serait dédié à soutenir les projets énergétiques sur le continent, sans dépendre des aides étrangères.

Modèle d’Auto-Suffisance

Ce modèle se veut un moyen pour l’Afrique de créer ses propres sources de financement, qu’il s’agisse de l’exploration pétrolière ou des projets liés aux énergies renouvelables. Avec des découvertes pétrolières récentes au large de l’Angola et en Namibie, ou encore le gaz de schiste en Afrique du Sud, le potentiel de transformation économique est immense.

Stratégies de Financement Durable

Pour ceux qui doutent de la possibilité de créer des institutions financières solides en Afrique, il est important de noter que des solutions existent. Par exemple, les gouvernements africains pourraient allouer un pourcentage de leurs recettes issues du pétrole et du gaz à des projets d’investissements renouvelables. Selon le rapport "Africa Energy Outlook 2021" de Rystad Energy, les revenus du secteur devraient atteindre 100 milliards de dollars en 2021. En réservant même 1% de cette somme, c’est 1 milliard de dollars qui pourrait être réinvesti dans des projets.

Les Fonds de Pension comme Source de Capital

De plus, les fonds de pension africains, qui gèrent collectivement environ 450 milliards de dollars, représentant une autre source de financement. Pourquoi ne pas encourager ces institutions à investir dans des projets énergétiques locaux comme les énergies renouvelables, le pétrole et le gaz ? Ce modèle d’investissement n’est pas inédit, des acteurs majeurs aux États-Unis s’engagent déjà dans ce sens.

Appel aux Investisseurs Privés et Diaspora Africaine

Les efforts ne s’arrêtent pas là. La richesse privée totale en Afrique était estimée à environ 2,3 billions de dollars en 2023. Ce montant ne prend même pas en compte les possibilités d’investissement de la diaspora africaine, qui souhaite katkride un avenir meilleur pour leurs compatriotes.

Le Partenariat entre Afreximbank et APPO

Un exemple inspirant est l’entente récente entre la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). Ensemble, ils ont entrepris la création de la Banque africaine de l’énergie (BAE), dont le but est de soutenir l’abandon progressif des combustibles fossiles.

Une Collaboration Stratégique

Avec l’APPO comptant 15 États membres et Afreximbank 51, la coopération entre ces deux institutions permettra d’élargir le financement pour des projets partout sur le continent.

Réflexion sur le Modèle Africain

En prenant exemple sur l’Afreximbank, qui a facilité le commerce intra-africain et extra-africain, l’Afrique doit embrasser un modèle similaire pour financer ses projets énergétiques. La Banque, fondée en 1993, a réussi à impacter le commerce africain en consacrant plus de 30 milliards de dollars à diverses initiatives, dont 15 milliards spécifiquement pour le commerce intra-africain.

Travailler Vers un Avenir Plus Solaire

Nous avons la capacité de bâtir une communautés d’investisseurs qui apprécient le rôle du pétrole et du gaz dans la quête de développement économique. Les financements internationaux seraient les bienvenus, tant qu’ils n’imposent pas une transition précipitée vers les énergies renouvelables.

L’Importance de l’Autonomie Énergétique

Avec le soutien d’une ou plusieurs banques africaines de l’énergie, les compagnies locales seront mieux équipées pour acquérir des actifs, construire des infrastructures comme des oléoducs et gazoducs, tout en créant une autonomie énergétique.

Développement des Énergies Renouvelables

Les États africains, tout en soutenant le développement pétrolier, doivent également investir dans les énergies renouvelables, notamment l’hydrogène. Les initiatives émergentes en Afrique du Sud, au Mali et en Namibie montrent que le continent a le potentiel de devenir un exportateur majeur d’hydrogène vert.

Soutenir un Leadership Africain

La Chambre africaine de l’énergie s’engage pleinement à soutenir la création de cette banque et œuvre pour rassembler les participants potentiels. L’établissement de nos propres institutions financières enverra un message clair : les Africains prennent les rênes de leur destin énergétique.

L’Impact Socio-Économique de l’Industrie Énergétique

Une fois que les financements seront en place, non seulement les entreprises locales pourront produire efficacement du pétrole et du gaz, mais elles auront aussi l’opportunité de développer les communautés locales, favoriser la création d’emplois et promouvoir des marchés d’énergie verte.

Vers un Avenir Plus Radieux

Pour de nombreux pays africains, l’industrie pétrolière et gazière représente une chance unique d’améliorer significativement les conditions de vie de millions d’Africains. C’est l’opportunité de créer des emplois durables et d’instaurer une stabilité économique similaire à celle dont les pays développés bénéficient depuis des générations.

Conclusion : Une Vision pour l’Avenir

En somme, l’Afrique doit voir au-delà des pressions externes et exploiter pleinement ses vastes ressources énergétiques pour tracer son propre chemin. La création d’une Banque africaine de l’énergie est non seulement un moyen d’assurer l’autonomie énergétique, mais également un pas vital vers un avenir où le continent pourra déterminer son destin énergétique, avec une attention particulière à l’équité, la durabilité et l’égalité des chances. Ensemble, nous avons le pouvoir de transformer notre avenir énergétique. Démarrons ensemble ce mouvement vers un avenir meilleur.