Manifestations du 20 octobre 2022 : une soif de justice chez les parents des victimes
Un an après la manifestation du 20 octobre 2022, malgré la volonté des autorités de tourner la page, les parents des victimes du “jeudi noir” peinent à panser leurs plaies.
Depuis le 20 octobre 2022, Marceline habitant le quartier Chagoua dans le 7e arrondissement de N’Djamena n’a plus trouvé le sommeil, car deux de ses enfants sont portés disparus.
Réticente à nous parler à notre arrivée à son domicile, quelques minutes plus tard, elle décide de tout nous raconter finalement. Mais pas question pour nous de la photographier, chose que nous avons accepté. “Je n’ai plus envie de revenir sur ces événements douloureux“, nous lâche-t-elle.
“Mes enfants étaient devant le portail ce jour, ils ont été kidnappés par les forces de l’ordre au su et au vu de tout le monde. Après quelques jours, nous avons appris qu’ils étaient au commissariat central de Police. Quelques temps après, nous n’avons plus eu de leurs nouvelles. Sûrement, ils ne sont plus en vie”, se dit-elle.
Pour elle, demander justice ne fera pas revenir ses enfants. “Demander justice pour nos enfants n’a plus de sens, car certainement, ils ne sont plus de cette vie. Et aussi, nous n’avons pas confiance en cette juridiction. Mais nous espérons que la justice divine fera son travail“, se résume-t-elle.
Comme Marceline, plusieurs parents des victimes continuent de pleurer leurs morts et attendent que justice leur soit rendue.
“Arrêté le 20 octobre, nous étions informés quatre mois plus tard que notre frère était décédé sur la route de Koro-Toro. Après la libération des autres prisonniers, nous avons confirmé qu’évidemment notre frère n’est plus de ce monde puisqu’il n’était pas rentré. Personnellement, j’attends que justice soit rendue pour la mémoire de mon frère“, lance Menodji, la soeur d’une victime.
Il est à rappeler que nombreuses sont les ONG qui ont dénoncé l’action insuffisante des juridictions nationales et internationales face à ce qu’elles qualifient de “crime contre l’humanité.”