N’Djamena abrite la 6ème réunion du comité technique régional du PRAPS-2
Le Pastoralisme au Tchad : Un Pilier de Développement Durable
Introduction
Saviez-vous que le Tchad abrite l’un des plus grands cheptels d’Afrique, avec plus de 146 millions d’animaux ? En tant que pays reconnu pour son élevage, le Tchad joue un rôle crucial non seulement au sein de la sous-région sahélienne, mais également dans la dynamique économique de l’Afrique subsaharienne. Lors de la récente sixième réunion du comité technique régional du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS-2), le ministre de l’Élevage et de la Production animale, Pr Abderahim Awat Atteib, a clairement mis en lumière l’importance stratégique de ce secteur. Cet article explore les enjeux du pastoralisme au Tchad, ses défis, ses avancées et son rôle essentiel dans le développement durable des communautés pastorales.
Le Pastoralisme : Un Acteur Économique Majeur
Un Trésor National
L’élevage au Tchad représente 53 % du Produit Intérieur Brut (PIB) national, témoignant ainsi de son rôle prépondérant dans l’économie du pays. Environ 40 % de la population dépend directement de ce secteur pour sa subsistance. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’élevage n’est pas seulement une activité économique, mais une source vitale de revenus pour des millions de Tchadiens. En plus de contribuer à l’alimentation locale par la production de lait et de viande, l’élevage permet également l’exportation de bétail et de sous-produits comme les peaux, générant ainsi des devises importantes pour le pays.
Système Pastoral et Mobilité
Près de 80 % du cheptel tchadien est mobilisé à travers un système pastoral basé sur la mobilité, permettant ainsi d’exploiter les différents terroirs tout en préservant les ressources. Cette gestion territoriale valorise non seulement le patrimoine naturel mais également la culture et le mode de vie des communautés pastorales. Avec un système si dynamique, le pastoralisme assure non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi un soutien considérable à l’agriculture par l’apport de fumier et la traction animale.
Défis Rencontrés par le Pastoralisme
Contraintes Climatiques et Environnementales
Malgré ses nombreux atouts, le secteur pastoral est confronté à une multitude de défis, notamment des conditions climatiques extrêmes, des problèmes de sécurité et des instabilités politiques. Ces facteurs menacent non seulement la sécurité alimentaire mais aussi la pérennité des pratiques pastorales. Les sécheresses fréquentes, par exemple, réduisent la disponibilité des pâturages, impactant ainsi la santé du cheptel.
Sécurité et Coûts Sociaux
Au Tchad, comme dans d’autres pays du Sahel, le pastoralisme est également affecté par des tensions sécuritaires qui exacerbent la vulnérabilité des éleveurs. Les conflits liés à l’accès aux ressources, comme l’eau et les terres cultivables, sont fréquents. Ces situations peuvent mener à des déplacements forcés des populations, réduisant ainsi leur capacité à continuer d’exercer leur métier traditionnel.
Valoriser le Pastoralisme : Une Stratégie Énergique
Un Choix Délibéré pour le Développement Durable
Face à ces défis, le Tchad a choisi de valoriser le pastoralisme comme un levier clé de développement durable. Ce choix stratégique s’inscrit dans un cadre global d’initiatives visant à renforcer la résilience des communautés pastorales. Le ministre Awat Atteib a souligné le rôle précurseur du Tchad dans les débats régionaux sur le pastoralisme, ouvrant la voie à des solutions innovantes et inclusives.
Initiatives Régionales : vers une Collaboration Accrue
Lors de la réunion historique de N’Djamena en mai 2013, des ministres, experts et partenaires au développement se sont réunis pour réfléchir à la contribution du pastoralisme à la sécurité et au développement. Ces discussions ont conduit à la mise en place de projets globaux qui prennent en compte la complémentarité entre le pastoralisme et d’autres secteurs d’activités.
Les Avancées du PRAPS-2
Une Contribution Particulière à la Santé Animale
Le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel, ou PRAPS-2, a été mis en œuvre pour renforcer les capacités du secteur pastoral dans des domaines essentiels. Le projet vise notamment à améliorer la couverture vaccinale contre la péripneumonie contagieuse bovine, avec un objectif ambitieux de 85 %. En outre, 118,8 millions de petits ruminants bénéficieront de vaccinations contre la peste, ce qui représente une avancée significative dans la lutte contre les maladies animales.
Gestion Durables des Ressources Naturelles
Le PRAPS-2 ne se limite pas à la santé animale. Il œuvre également pour une gestion durable des ressources naturelles en promouvant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Ce projet favorise la régénération des pâturages et soutient le développement des chaînes de valeur du bétail, renforçant ainsi la sécurité alimentaire des ménages pastoraux et leur capacité à subsister.
Inclusion Sociale et Renforcement Institutionnel
L’inclusion socio-économique des pasteurs est une priorité dans le cadre du PRAPS-2. Le projet cherche à intégrer les femmes et les jeunes dans le processus décisionnel et à améliorer leur accès aux ressources. Parallèlement, il soutient le renforcement institutionnel des États et des acteurs régionaux, assurant ainsi une approche coordonnée et efficace pour atteindre les objectifs fixés.
Critique Constructive : Au-delà des Avancées
Bien que le PRAPS-2 ait enregistré des progrès notables, il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux défis actuels du secteur pastoral. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcement la mobilité des éleveurs, ainsi que pour assurer l’accès à des pâturages et aux points d’eau. Il est également essentiel d’éradiquer les conflits liés aux ressources et de promouvoir des mécanismes de résolution des conflits qui favorisent la coexistence pacifique entre éleveurs et agriculteurs.
Conclusion : Un Avenir Prometteur à Construire
Le chemin est encore long, mais les efforts déployés par le Tchad et ses partenaires régionaux en faveur du pastoralisme sont prometteurs. En plaçant le pastoralisme au cœur des stratégies de développement durable, le pays montre non seulement sa volonté de préserver un mode de vie ancien, mais aussi celle de garantir un avenir meilleur aux générations futures.
Il est impératif que les acteurs impliqués dans ce secteur continuent à travailler ensemble pour relever les défis qui se présentent. L’engagement du Tchad dans cette voie pourrait bien servir de modèle à d’autres nations sahéliennes. Car au fond, la valorisation du pastoralisme n’est pas seulement une question de survie économique, mais aussi une célébration de la richesse culturelle et de la résilience des communautés pastorales. Ensemble, redéfinissons les défis de demain avec espoir et détermination.