Opinion : la leçon à tirer de la pénurie de carburant

La pénurie de carburant et de gaz butane qui a paralysé la ville de N’Djamena donne à réfléchir sur la capacité de notre pays à assurer son indépendance énergétique.

3 avril, la raffinerie de Djermaya a arrêté sa production pour des raisons de maintenance, d’une durée de 45 jours. L’arrêt a pour conséquence la suspension de la livraison de carburant (essence, gasoil et jetA1). Pour rassurer les consommateurs, le ministre des Hydrocarbures et du Pétrole, Djerassem Le Bemadjiel a déclaré urbi et orbi que toutes les dispositions sont prises pour éviter des situations de pénurie dans la capitale et partant sur l’ensemble du territoire. La réserve stratégique de la raffinerie a été présentée comme le bouclier qui protégera le pays d’une probable pénurie.

Deux semaines plus tard, le pays est frappé par une crise énergétique sans précédent. Le carburant et le gaz butane sont rares à trouver. L’essence est vendue à la sauvette à un prix excessif : 2 000F, 2 500F voire 3 000F, le bidon d’un litre et demi. Dans les stations, des interminables files d’attente. Certains passent la nuit à la belle étoile dans ces lieux, question d’occuper une place un peu avancée pour espérer se faire servir un peu tôt. Les pompistes ont profité de l’occasion pour se comporter en des princes.

L’eau, l’énergie, les denrées alimentaires, les transports… ont pris un coup. Ce tableau noir doit amener les gouvernants à tirer une leçon. Ne-dit-on pas que gouverner c’est prévoir ?  Peut-on épuiser une réserve stratégique en deux semaines ? En tout cas ça ne reflète pas l’image d’un pays producteur de pétrole. D’où l’impérieuse nécessité de construire des cuves de réserve stratégique à mesure de tenir au moins six mois. Si possible, construire une deuxième raffinerie. Cette situation que nous venons de traverser est une grande leçon que nos dirigeants doivent retenir pour mieux se prendre à l’avenir. Le Tchad, un pays pétrolier, ne mérite pas de subir une crise pareille.