PARTAC et FAO, collaboration pour une meilleure gouvernance de la transhumance au Moyen-Chari
Renforcer la Gouvernance de la Transhumance en Afrique Centrale : Un Enjeu Crucial
La transhumance, pratique ancestrale de migration saisonnière des troupeaux, est bien plus qu’une simple tradition. Elle représente un enjeu vital pour les communautés rurales en Afrique Centrale, où l’agriculture et l’élevage sont non seulement des moyens de subsistance, mais aussi des vecteurs de culture et de dynamisme économique. Pourtant, cette activité est souvent confrontée à des tensions, des conflits autour de la gestion des ressources naturelles, et des défis environnementaux croissants. Pour nous plonger dans cette réalité, une réunion intersectorielle s’est tenue le 30 novembre 2024 à Sarh, organisée par la FAO dans le cadre du Projet d’Appui à la Régulation de la Transhumance Transfrontalière en Afrique Centrale (PARTAC). Cet événement a mis en lumière les stratégies visant à sécuriser et à promouvoir une transhumance durable qui pourrait transformer le paysage socio-économique de la région.
La FAO et PARTAC : Un Partenaire de Choix pour la Transhumance
Le projet PARTAC a pour mission d’améliorer la régulation de la transhumance dans les zones transfrontalières d’Afrique Centrale. En collaboration avec les autorités locales, la FAO s’efforce d’instaurer un cadre de gestion qui favorise la cohésion entre les différents acteurs du secteur. Cette initiative est essentielle dans un contexte où les mouvements de troupeaux, souvent mal encadrés, peuvent provoquer des conflits. En participant à cette réunion, les acteurs locaux ont pu envisager des solutions collectives et adaptées aux besoins des populations concernées.
Madjibé Dangar, coordonnateur du projet PARTAC, a affirmé que « l’avenir de nos communautés dépend de notre capacité à travailler ensemble pour gérer nos ressources de manière durable ». Cette citation met en exergue le rôle central de la coopération. En créant des synergies entre les éleveurs, les agriculteurs, et les autorités, on peut établir des pratiques de gestion qui favorisent une coexistence pacifique.
Les Défis de la Transhumance : Une Réalité Complexe
Lors de cette réunion, le Préfet du département du Barh-Koh, Oumar Ali Nanina, a exprimé l’importance de ce projet par une mise en lumière des défis auxquels les autorités locales font face. Bien que la transhumance soit cruciale pour les moyens d’existence de milliers de familles, elle engendre également des tensions importantes. La gestion des ressources naturelles est souvent à l’origine de conflits intercommunautaires. Par exemple, dans certaines régions, les pâturages sont limités, ce qui entraîne des affrontements entre les éleveurs et les agriculteurs qui cherchent à protéger leurs cultures.
La construction d’un cadre de dialogue entre ces différentes parties constitue un pas en avant vers une résolution pacifique des conflits. Ce cadre doit se traduire par des politiques intégrées qui anticipent les besoins des communautés tout en prenant en compte la préservation des écosystèmes locaux.
L’Importance de la Formation et des Outils Numériques
Un des principaux objectifs de cette réunion était de renforcer les capacités des agents de terrain à travers une formation adéquate. L’apprentissage de l’utilisation d’outils numériques comme KoboCollect, une application dédiée à la collecte de données sur les mouvements transfrontaliers des animaux, a ainsi été au cœur des échanges. Cet outil permet de cartographier les itinéraires de transhumance, d’identifier les points de conflit potentiels et de faciliter la prise de décision basée sur des données précises.
Les Avantages de l’Approche Collaborative
L’accent mis sur la formation ne relevait pas seulement d’un besoin technique. Il s’agissait aussi de favoriser un climat de confiance et de collaboration entre les différents acteurs. En utilisant des outils comme KoboCollect, les éleveurs peuvent partager des informations sur la disposition des ressources, les conditions climatiques, et les déplacements des troupeaux. Cela peut réduire les malentendus et les tensions, ouvrant la voie à une gestion plus harmonieuse des ressources.
Vers une Gestion Durable des Ressources
Les discussions ont également porté sur l’intégration des pratiques de gestion durable dans les politiques publiques. Pour avancer dans cette direction, il est impératif que les gouvernements travaillent main dans la main avec les communautés. Une telle démarche pourrait impliquer des initiatives comme la création de zones pâturales sécurisées, la mise en place de programmes de sensibilisation sur les pratiques agro-pastorales, et l’encouragement à l’adoption de méthodes d’élevage respectueuses de l’environnement.
Un Modèle de Partenariat à Adopter
Pour créer un véritable écosystème de collaboration, il serait pertinent de s’inspirer de modèles existants dans d’autres régions. Par exemple, en Afrique de l’Ouest, des initiatives de gestion intégrée des ressources en eau ont réussi à rassembler différents acteurs autour d’un objectif commun. Adopter une approche similaire en Afrique Centrale pourrait permettre d’établir des mécanismes de gouvernance plus inclusifs qui engagent tous les acteurs concernés.
Critique Constructive et Perspectives d’Avenir
Bien que les initiatives comme PARTAC soient louables, elles ne doivent pas se limiter à des réunions ponctuelles et à des formations. Pour avoir un impact durable, il est crucial de mesurer les résultats et d’évaluer régulièrement l’efficacité des politiques mises en œuvre. Les préoccupations des communautés locales doivent également être au cœur des discussions tout au long de ce processus.
Il serait bénéfique d’établir des comités de suivi qui incluent des représentants des différents acteurs concernés, garantissant ainsi que les décisions prisent soient toujours alignées sur les réalités du terrain. Ce modèle inclusif renforcerait non seulement la légitimité des actions menées, mais stimulerait également un sentiment d’appartenance et de responsabilité parmi les participants.
Conclusion
En somme, la réunion intersectorielle du 30 novembre 2024 représente un moment décisif pour l’avenir de la transhumance en Afrique Centrale. Grâce à la collaboration entre la FAO et les autorités locales, des solutions novatrices et durables peuvent émerger. La transhumance ne doit pas être perçue simplement comme une source de conflits, mais comme une opportunité de cohésion et de développement.
Pour garantir des résultats tangibles, il est impératif que chaque acteur prenne conscience de son rôle, s’engage dans une démarche proactive, et adopte des pratiques de collaboration. Ainsi, avec une volonté commune et des outils adaptés, nous pourrions envisager un avenir où la transhumance est synonyme de prospérité, de coopération et de paix durable dans nos communautés. Agissons ensemble pour un changement significatif.