Politique : le PLD en congrès pour tenter d’exorciser ses demons
Le 5e congrès ordinaire du Parti pour les libertés et le développement (PLD) a été ouvert ce vendredi, 16 juin 2023 au palais des arts et de la culture à N’Djamena par son secrétaire général, Mahamat Ahmad Alhabo.
“Dialogue et bonne gouvernance pour l’unité”. C’est sous ce thème évocateur que se tient pendant deux jours le 5e congrès ordinaire du PLD.
En effet, depuis quelques mois, le parti est confronté à une crise interne. Un groupe autour d’Hicham Ibni Oumar, le fils du premier secrétaire général du parti, qui dénonce des “dysfonctionnements” au sein du parti mène une fronde pour réclamer l’organisation du congrès. Le congrès qui se tient tous les quatre ans devait avoir lieu à la fin de l’année dernière mais les dirigeants du parti ont évoqué des raisons d’ordre pratique pour justifier le retard.
L’affaire a pris de l’ampleur au point où Hicham et quelques autres membres du Conseil politique national ont été suspendus. Une plainte a même été déposée par le parti contre Hicham et Béchir Adam Ali. Ce dernier nous confie d’ailleurs qu’avec la médiation des sages, une conciliation a été faite pour permettre l’organisation du congrès.
Ce matin, si Hicham était bien présent dans la salle et a même posé pour la photo de famille, Béchir Adam Ali, lui, a éconduit de la salle par des gendarmes.
Dans son discours de circonstance d’une vingtaine de minutes, le secrétaire général du parti, Mahamat Ahmad Alhabo, a rappelé que le PLD a été fondé il y a 30 ans par des hommes et femmes politiques engagés. Pour lui, c’est donc “30 ans de militantisme, 30 ans de lutte, 30 ans de sacrifice pour contribuer à la démocratie, à la justice sociale, au bonheur du Tchad et des Tchadiens”.
L’actuel ministre de la Justice a rendu hommage à ses camarades qui ne sont plus de ce monde et particulièrement au premier secrétaire général du parti, Ibni Oumar Mahamat Saleh, enlevé et porté disparu lors de l’attaque rebelle de février 2008.
Mahamat Ahmad Alhabo déclare qu’Ibni est “probablement mort. Mais le PLD est vivant, vivant et debout. Le PLD continue et continuera à se battre pour la réalisation des idéaux de ses membres fondateurs”. Et il a repris les paroles inscrites sur une banderole dans la salle, comme un message envers Hicham et ses partisans, ” parce que le PLD n’appartient pas à Ibni, moins encore à sa famille, ni à son ethnie ou à sa région”.
Filant la métaphore, le leader de ce parti qui, après 20 ans dans l’opposition, a intégré la transition depuis deux ans, a souligné que “la vie d’un parti politique est caractérisée par des hauts et des bas, des victoires et des défaites. La vie d’un parti est comme un autobus qui dessert un itinéraire circulaire. A chaque station, des passagers montent, d’autres descendent et le circuit continue inlassablement sauf catastrophe ou accident mortel. Les passagers que nous sommes, embarqués dans l’autobus périlleux, devons veiller à éviter la catastrophe ou l’accident mortel”.
Alhabo n’a pas nié la crise qui sévit au sein de son parti. “La participation du parti à la transition a suscité des sentiments contrastés. Dans le parti, l’expression est libre, les contradictions sont les normes quand tout cela s’exprime et se manifeste dans le strict respect des statuts et règlement intérieur qui régissent le fonctionnement de notre formation politique”, recadre-t-il.