Politique : pourquoi la délégation nigérienne n’a pas pu prendre la parole à l’ONU ?
Si d’autres juntes africaines ont pris la parole à la 78e session des Nations unies à New York, ce n’est pas le cas du Niger, qui accuse le secrétaire général de l’ONU et certains pays d’avoir contribué à étouffer la voix des nouvelles autorités du pays.
Depuis le coup d’Etat militaire du 26 juillet, renversant Mohammed Bazoum, le Niger reste un pays en crise.
Si la voix diplomatique ne porte pas des fruits, la Communauté économiques des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) menace d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel. Cette option n’est pas acceptable pour deux de ses membres : le Togo et le Cap-Vert. Le pouvoir des putschistes n’est pas reconnu par la France, ancienne puissance colonisatrice, qui se dit prête à soutenir les résolutions de la CEDEAO.
Cette crise s’est transposée à l’ONU, où la délégation envoyée par les putschistes n’a pas pu prendre la parole.
D’après l’analyste politique tchadien, Dr Yamingué Betinbaye, deux facteurs expliquent cette situation. Le premier, technique, est l’envoi “tardif” des demandes de prise de parole des putschistes et du gouvernement de Bazoum, qui n’a pas encore démissionné. Ce qui n’aurait pas permis aux instances de l’assemblée générale de trancher.
“Bazoum n’a jamais signé sa lettre de démission. Techniquement, le pouvoir reste entre ses mains”, relève l’analyste.
Le second facteur, politique, est “très mal géré” par les militaires. “Lorsqu’on est issu d’un coup d’Etat, on doit laisser les autres États et instances condamner cela. Mais, on voit que les autorités nigériennes sont intransigeantes voire anti-diplomatiques. On les voit encore s’en prendre au secrétaire général de l’ONU. Les mots sont mal choisis’’, explique Dr Yamingué Betinbaye.