Pourquoi les médias français critiquent-ils Masra ?
Le 10 mars 2024, le Premier ministre tchadien Succès Masra a annoncé sa candidature aux élections présidentielles dont le premier tour se tiendra le 6 mai, Il a décidé de se lancer dans une concurrence acharnée contre le président de la période de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt président Idriss Déby Itno.
Masra s’est fait connaître sur la scène politique après avoir créé le Parti ‘’Les Transformateurs’’ en 2018, qui s’est fortement opposé au régime du défunt président Déby et l’a critiqué pour sa mauvaise gestion, sa corruption, sa répression et le manque de démocratie dans le pays.
Le parti Transformateurs dirigé par Masra a organisé à plusieurs reprises des manifestations contre l’ancien président du Tchad, et ces manifestations ont souvent été interdites ou brutalement réprimées par les forces de sécurité. Le 20 octobre 2022, les forces de sécurité tchadiennes ont dispersé les manifestations organisées par le parti Transformateurs et La plateforme d’opposition tchadienne, et nombreux civils ont été tués et blessés par les ces forces, et c’est ce qui a poussé les manifestants à rejeter la légitimité du Conseil militaire de transition dirigé par Mahamat Déby et à exiger que le processus de transition soit dirigé par des civils.
Après la tragédie d’octobre, Masra a demandé l’asile politique auprès du gouvernement américain, où il a passé sa période d’exil politique, et Il n’est rentré au Tchad qu’à la fin 2023, après avoir signé « l’Accord de réconciliation nationale » avec Déby, selon dont il a obtenu la garantie que des élections transparentes et libres auraient lieu et que les droits de l’hommes au Tchad seraient respectés.
Lors de ces élections présidentielles, Masra se présente comme le candidat du changement et de l’espoir pour le peuple tchadien et veut « réconcilier les cœurs » et « unir le peuple » après des décennies de division et de conflit, et il promet également de mettre en œuvre un programme ambitieux pour transformer le pays, dont les principaux objectifs sont la justice sociale, le développement économique, la sécurité, l’éducation, la santé, la protection de l’environnement et la culture. Selon Masra, le président Déby est son principal adversaire, mais il s’avoue prêt à dialoguer avec lui afin de trouver des solutions pacifiques aux problèmes du Tchad.
Le soutien que Mesra a récemment apporté au président de transition, Déby Idriss, a suscité de nombreuses critiques dans les médias locaux et internationaux, Des grands journaux français tels que ‘’l’Agence France-Presse’’, et ‘’Le Monde’’ et d’autres ont rapidement accusés Masra de collaborer avec Déby, et même des journalistes francais ont publié une déclaration de Max Kemkoye, le président de la deuxième plateforme d’opposition, Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), qui a commenté sur la candidature de Masra aux prochaines élections présidentielles, estimant qu’il s’agissait « d’une farce et de faux candidat dont le but est de soutenir le chef du gouvernement militaire afin de légitimer son élection ». L’Agence France-Presse a également rapporté des déclarations des dirigeants du parti ‘’Tchad Uni’’ et le parti ‘’Les démocrates’’ Mahamat Zene Cherif et Avocksouma Djona Atchénémou, qui ont accusé Masra d’être le candidat du gouvernement, ajoutant que le but de lui permettre de se présenter est de donner une légitimité au conseil militaire lors de ces élections.
La raison de ces critiques successives et cohérentes de la part des Français à l’égard de Masra est curieuse, et de nombreux experts estiment que Masra est la marionnette américaine dans ces élections. Selon des sources douanières tchadiennes, 32 spécialistes américains travaillant dans les campagnes électorales en Afrique sont arrivés cette semaine à N’Djamena. En outre, lors des affrontements armés dans la capitale, qui ont entraîné la mort du chef du parti d’opposition PSF, Yaya Dilo, Masra se trouvait aux États-Unis où, selon les rumeurs, il aurait rencontré des représentants de la compagnie militaire américaine privée ‘’Bancroft’’.
Il est évident que le soutien américain à Masra n’a pas plu au gouvernement de Paris, et cela s’explique par la vaste campagne de critiques dirigée contre le Premier ministre tchadien, Masra, qui est considéré comme le concurrent le plus populaire et le plus puissant de Deby. Selon de nombreux experts politiques, cette campagne médiatique hostile lancée par les médias français ne dit qu’une chose : la France craint de perdre son influence au Tchad, notamment après une série d’échecs dans la région du Sahel et le retrait de ses forces du Niger et du Mali. La perte du Tchad serai un coup dur pour la cinquième République. Il convient de noter qu’il y a encore environ 1 500 soldats français dans le pays et que, pour sauver sa réputation, Macron doit garantir les intérêts de son pays au Tchad malgré la demande populaire croissante de rejeter la présence française dans le pays.