Présidentielle du 6 mai : “Le processus est plié dès l’entame”, Soumaine Adoum, porte-parole de Wakit tamma
Dans une interview accordée à Tchadinfos, ce vendredi 10 mai, le porte-parole intérimaire de Wakit tamma, Soumaïne Adoum a affirmé que le processus électoral était biaisé dès la mise en place des organes à l’organisation.
Quelle est votre appréciation du déroulement de l’élection présidentielle et des résultats donnés hier ?
Parler du déroulement électoral suppose aussi de parler avant tout de comment le processus a été mis en place pour arriver au résultat d’hier. Il n’y a pas un élément qui ne trompe pas le résultat d’hier. Il était plié dès l’entame pour plusieurs raisons:
Premièrement, le président de transition qui n’a pas de parti politique a accepté que le MPS qui est le parti de son défunt père l’investisse comme candidat et vous savez tous que le MPS est une machine de fraude. Deuxièmement, l’ANGE et le conseil constitutionnel sont tous deux issus du parti MPS. Comment ne pas frauder?
En ce qui concerne le résultat, c’est tout à fait normal que cela surprenne tout le monde vu la date qui était prévue au préalable. D’ou vient leur efficacité ? Cela suppose qu’il y a une feuille Excel qui a donné le résultat qui n’est pas lié aux urnes. C’est pour cette raison que je disais l’élection était pliée depuis longtemps.
Si on rapproche la mobilisation de la campagne et les résultats, ce sont deux choses bien différentes si non comment déployer les militaires dans les rues ?
A quoi doit-on s’attendre dans les jours qui suivent ?
S’attendre à quoi? La question ici c’est plutôt est-ce qu’il (Mahamat Idriss Déby Itno) va respecter ses engagements par apport aux promesses faites pendant la campagne électorale? Je pense que c’est sur cette base que nous allons l’évaluer dans les jours à venir. C’est fini, c’est une fraude bien sûr mais elle sera scellée et donc tournons la page. Une chose sur laquelle on l’attend, c’est le chantier sur l’armée. Parce qu’il a gagné à cause de l’armée qui est partisane et c’est ce que nous ne voulons pas à nos yeux. Elle ne protège pas la population mais plutôt le pouvoir et non la modeste personne du président en question. Et donc, il faut une réforme de cette armée. Nous voulons bien une armée républicaine qui va être neutre. Si et seulement si, cette armée est gardée comme telle, c’est qu’après ce quinquennat, Mahamat Idriss Déby Itno va encore briguer un autre mandat au vu de ce qui s’est passé après la proclamation soudaine des résultats provisoires d’hier.
Avez-vous un mot à dire à l’endroit de la population ?
S’il y a un mot à dire à l’endroit de la population, je dirais l’heure n’est pas à la violence mais à la réflexion de comment arrêter ensemble ce système qui règne depuis trois décennies. Par le passé, nous avions assez perdu des Tchadiens et donc nous ne voulons pas retomber dans les mêmes erreurs. Il faut des assises pour réfléchir autour des perspectives qui pourraient tourner à l’avantage de notre pays. Vouloir jeter les gants ne veut pas dire qu’on est faible mais plutôt penser du bien pour cette nation.
Propos recueillis par Ndoumanan Ezéchiel, stagiaire