quand Tombalbaye s’est heurté à des blocages de projets majeurs

Un exemple illustrant cette politique de protectionnisme économique est l’affaire de l’usine textile. En 1964, le président tchadien, Tombalbaye, a voulu introduire une entreprise japonaise pour la création d’une usine de textile ayant une capacité de production deux fois et demi supérieure à celle du projet franco-allemand. Dès que le ministre tchadien a informé Antoine, directeur de la banque de Paris et des Pays-Bas, que son gouvernement signe un accord avec un groupe japonais, le ministre de la coopération français a demandé à l’ambassadeur de France au Tchad d’informer le président Tombalbaye que tout prélude est levé à la conclusion de l’accord avec le Tchad après l’aboutissement du projet de chemin de fer camerounais avec la France. Cela signifiait que toute négociation avec le groupe japonais serait hors de propos. Le président Tombalbaye était très attaché au projet de chemin de fer Cameroun/Tchad destiné à désenclaver son pays. Cependant, il a dû abandonner son projet d’usine textile pour des raisons politiques.

Un autre exemple est l’affaire de l’entreprise DINKERMANN ERATEC, qui a proposé à Tombalbaye l’installation d’une chaîne d’hôtels au Tchad en 1966. Même si Tombalbaye était favorable à ce projet, la France a exprimé son désaccord. Lors de son entretien avec Tombalbaye, Jacques Foccart, Secrétaire général pour la Communauté et les affaires africaines et malgaches, a rappelé les inconvénients qu’il y aurait pour le Tchad à conclure un contrat pour la construction d’un réseau hôtelier. Foccart a suggéré que l’UDETA (l’Office tchadien de développement économique et touristique) entreprenne des études pour satisfaire les besoins réels du pays. Les pressions françaises ont conduit à l’abandon du projet d’un nouvel hôtel à Fort-Lamy.

Livre : Les relations franco-tchadiennes dans les années soixante, Dr. Ahmat Yacoub Dabio