quel avenir pour le pays après le verdict des urnes ?
Les résultats provisoires de l’élection présidentielle au Tchad ont été proclamés le 9 mai 2024 par l’Agence Nationale de Gestion des Élections (ANGE) et révèlent une victoire écrasante pour Mahamat Idriss Deby Itno, qui remporte 61,03% des suffrages exprimés. Cet événement marque un tournant majeur dans l’histoire politique du pays. Le candidat Assyongar Masra Succès se hisse à la deuxième place avec 18,53% des voix, tandis que Pahimi Padacké Albert arrive en troisième position avec un total de 16,91%.
Parmi ses neuf challengers, le Premier ministre Succès Masra est donc apparu comme ayant la concurrence la plus importante, et pourrait jouer un rôle de premier plan au sein de l’opposition citoyenne, dans les années à venir.
Mais selon les agences de presse, des responsables ont rapporté que même si le vote s’est déroulé dans l’ensemble dans le calme, un homme de 65 ans a été mortellement abattu après avoir voté dans la ville de Moundou, dans le sud du pays. Il y a aussi eu quelques petits problèmes qui ont été rapidement résolus.
Selon certaines informations, un tireur non identifié est entré dans un bureau de vote avec d’autres personnes et a commencé à tirer au hasard. On pense que l’individu s’est vu refuser l’accès au vote en raison de l’absence de pièce d’identité appropriée, sous la forme d’une carte électorale. Des rapports de l’opposition, faisant état d’irrégularités, ont également été rapportées.
En votant à N’Djamena, la capitale, le président du Conseil Militaire de Transition, Mahamat Idriss Deby avait exprimé sa fierté d’avoir tenu son engagement de respecter la date limite pour « une élection qui signifie le rétablissement de l’ordre constitutionnel ». Il a ajouté que la décision de choisir son président appartient au peuple tchadien, qui doit voter en grand nombre.
Et après avoir voté, il a exhorté tous ceux qui sont déterminés à apporter des changements significatifs, à participer au processus de vote de manière pacifique et approfondie. Grâce à des efforts de sensibilisation efficaces, le processus de vote s’est déroulé dans des conditions optimales. Et avec ce résultat, le Tchad connaîtra très probablement, et enfin un changement.
Cela dit, le Conseil constitutionnel a exclu dix politiciens, dont deux personnalités importantes que sont Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh. Cela est dû aux « irrégularités » découvertes par le Conseil, comme des allégations de faux contre M. Koursami. Cependant, certains soutiennent que le choix d’exclure des individus a été motivé par des facteurs politiques.
L’élection présidentielle au Tchad marque un moment important pour les pays d’Afrique de l’Ouest et centrale qui ont fait l’objet d’une prise de pouvoir militaire, depuis une série de coups d’État déclenchés en 2020. Cela pourrait servir de modèle aux juntes qui tentent de conserver leur influence politique, après avoir accédé au pouvoir par des moyens illégitimes.
Pour sa part, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) exhorte toutes les parties prenantes à éviter toute forme de violence, et à préserver un climat apaisé, à travers le dialogue et la concertation, ainsi qu’à recourir aux voies légales en cas de contestation des résultats provisoires. Ces résultats doivent refléter la volonté du peuple tchadien, ajoute La Francophonie.
Quant au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique Centrale (UNOCA), il appelle les Tchadiens à la retenue et au dialogue. Dans un appel à nation tchadienne, le chef de l’UNOCA, Abdou Abarry invite toutes les parties prenantes, en particulier les acteurs politiques, à éviter tout acte susceptible de compromettre la paix sociale et les droits humains. Il reste que ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel.
Entre temps, Succès Masra, le leader du parti Les Transformateurs, a déposé le 12 mai, un recours auprès du Conseil constitutionnel, contestant les résultats provisoires officiels de la présidentielle.
Il faut rappeler que depuis son indépendance de la France en 1960, le Tchad, pays exportateur de pétrole et peuplé d’environ 18 millions d’habitants, n’a pas connu de transfert de pouvoir libre et équitable.