Reopening of the Trial of FACT Rebels in Klessoumin

Cette audience de la Cour criminelle de la Cour d’Appel de N’Djamena, qui se déroule dans l’enceinte de la prison de Klessoum, à une dizaine de kilomètres au sud-est de la capitale, avait été ajournée depuis le lundi 6 mars 2023. Les accusés sont au nombre de 398, sur un total de 454 annoncés par la justice tchadienne, et tous comparaissent pour « terrorisme, mercenariat, enrôlement d’enfants, atteinte à la sûreté nationale et assassinat ». 

Si la cour d’appel finit d’instruire au fond les dossiers des 386 accusés cette semaine, le ministère public prononcera les réquisitions et s’en suivront les plaidoiries.

Ce procès permettra d’établir la responsabilité des éléments du Fact dans la mort du président Idriss Deby Itno. Ils encourent la perpétuité. Au printemps 2021, le plus puissant des groupes rebelles, le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact), avait lancé, à partir de ses bases arrières en Libye, une offensive en direction de la capitale N’Djamena. Le 20 avril, l’armée avait annoncé que le maréchal Déby, qui dirigeait le Tchad depuis plus de 30 ans, avait été tué au front par les rebelles. Son fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, avait été nommé président de la République pour une période de transition à la tête d’une junte militaire de 15 généraux.

Ce procès survient trois mois après que 262 personnes, sur 401 accusées dont 80 mineurs, ont été condamnées à de lourdes peines de détention, après avoir été arrêtées avant, pendant et après une manifestation qui a tourné au bain de sang le 20 octobre 2022. Une soixantaine de jeunes gens avaient été tués ce jour-là, principalement par balles, par les forces de l’ordre, lors de manifestations très violentes dénonçant le maintien au pouvoir du général Déby au-delà des 18 mois de transition. Les opposants ont sciemment entretenu ce climat quasi insurrectionnel pour faire porter la responsabilité au gouvernement afin de jeter le discrédit sur la transition politique en cours au Tchad. Les autorités tchadiennes et l’opposition sont tous responsables de ce bain de sang du 20 octobre 2022.

Les éléments présumés du FACT sont tous accusés d’assassinat et ont été arrêtés lors de l’offensive d’avril 2021, stoppée par l’armée en plein désert à plus de 200 km au nord de N’Djamena, avant ou après la mort du maréchal Déby. Ce dernier a été tué dans son convoi par des tirs de mitrailleuse lourde alors qu’il se rendait sur le front, selon le pouvoir. Le procès de Klessoum a été annoncé publiquement, à la surprise générale, quelques jours avant son ouverture, mais l’offensive et la capture des accusés datent de près de deux ans. Beaucoup redoutent que ces éléments du FACT subissent un procès expéditif et fassent l’objet d’une condamnation de masse violant allègrement la procédure judiciaire en cours.

Les avocats, pour bon nombre commis d’office, ont protesté contre ce délai aussi court, soulignant notamment que l’unique volumineux dossier commun à tous les accusés ne leur a été transmis qu’à la « toute dernière minute ».

Les ONG internationales et certaines capitales occidentales se sont émues de ce « procès » de masse, tenu dans la prison de Koro Toro, en plein milieu du désert à 600 km de N’Djamena, en l’absence d’avocats et de la presse indépendante. Elles craignent que les accusés ne soient pas jugés de manière équitable et que leurs droits ne soient pas respectés.