signature d’une convention entre la FAO et le ministère de l’Environnement
Introduction
Le changement climatique n’est pas une menace lointaine, il est déjà à nos portes, transformant nos paysages et bouleversant nos modes de vie. Au Tchad, ce phénomène s’exerce avec une intensité alarmante, frappant particulièrement le secteur agricole qui demeure le pilier de l’économie nationale. Pour contrer les effets dévastateurs de la sécheresse sur la production agricole, une action concertée s’impose. Récemment, une initiative capitale a été lancée : le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, en collaboration avec l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), a signé une convention ambitieuse intitulée « Augmenter les co-investissements public-privé pour l’action climatique dans les agro-alimentaires ». Cet engagement, pris le 7 août 2024, marque une étape significative dans la lutte pour la résilience climatique du pays.
Un partenariat stratégique pour un avenir durable
La signature de cette convention ne fait pas seulement écho à la nécessité de s’adapter aux réalités climatiques, elle représente également une volonté collective de redéfinir les contours des investissements dans le secteur agro-alimentaire. Lors de cet événement marquant, Marc Mankoussou, représentant de la FAO au Tchad, a souligné l’importance cruciale du plan de travail conjoint établi lors de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations-Unies sur le changement climatique (COP27) qui s’est tenue à Charm-el-Cheikh, en Égypte. Ce plan vise non seulement à élaborer des stratégies efficaces d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique, mais aussi à promouvoir des co-bénéfices durables pour toutes les parties prenantes.
Les objectifs de la convention
Cette initiative a pour but de cibler trois axes principaux :
Mise en œuvre des stratégies d’adaptation et d’atténuation : Les stratégies doivent être adaptées aux réalités locales afin de garantir leur efficacité. La formation des agriculteurs sur les pratiques rurales durables et la mise en place de systèmes d’irrigation plus efficaces peuvent jouer un rôle fondamental.
Renforcement des capacités : Cela implique de doter les différents acteurs des compétences nécessaires pour faire face aux défis posés par le changement climatique. La formation continue et le transfert de technologies modernes sont des éléments clés pour assurer la pérennité des projets mis en œuvre.
- Financement ciblé : Le secteur privé et les bailleurs de fonds publics doivent faire front commun pour garantir des ressources financières adéquates. De telles collaborations peuvent déboucher sur des fonds innovants pour les projets agro-alimentaires.
Le rôle crucial du secteur privé
Dans son allocution, Marc Mankoussou a également rappelé que le secteur privé joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre de cette initiative. Ses ressources, son expertise et sa capacité d’innovation sont déterminants pour catalyser les changements nécessaires. Cela implique un dialogue constant entre le secteur public et le secteur privé, favorisant ainsi une meilleure allocation des ressources et une mise en œuvre efficace des stratégies définies.
La nécessité d’un financement accru par le secteur privé est d’une importance capitale. Les modèles de co-investissement doivent être encouragés pour garantir que les solutions à long terme soient mises en œuvre, et ce, au bénéfice des agriculteurs, de l’environnement et de l’économie nationale.
Engagement gouvernemental fort
Idriss Saleh Bachar, ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, a exprimé sa satisfaction quant à l’accompagnement de la FAO dans le secteur agro-alimentaire. Il a affirmé que cette convention permettra de renforcer les capacités des différents acteurs tout en leur donnant accès aux financements nécessaires pour concrétiser les multiples projets climatiques en attente. Cet engagement gouvernemental reflète une détermination à faire de la durabilité une priorité nationale.
Importance capitale du secteur agricole
Il est important de noter que le secteur agricole au Tchad représente environ 46% du Produit Intérieur Brut (PIB) et emploie près de 75% de la population, parmi laquelle 45% sont des femmes. Ce secteur repose majoritairement sur l’agriculture de subsistance, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux aléas climatiques. Ainsi, chaque initiative qui promeut la résilience des agriculteurs est essentielle pour l’avenir socio-économique du pays.
Une aide précieuse du Fonds vert pour le climat
La convention signée est soutenue par un financement de 200 000 dollars américains du Fonds vert pour le climat, prévu pour une durée de 36 mois. Cela constitue un aspect fondamental de cette initiative : garantir que les ressources sont mises à disposition et utilisées de manière efficiente pour le bénéfice des communautés et de l’environnement.
Vers une agriculture résiliente
Afin de capitaliser sur cet élan, plusieurs changements doivent être envisagés dans le secteur agricole tchadien :
Innovations technologiques : L’adoption des nouvelles technologies dans l’agriculture, comme les systèmes d’irrigation modernes et les pratiques culturales régénératrices, peuvent améliorer durablement la productivité agricole tout en minimisant l’impact environnemental.
Éducation et sensibilisation : Un effort soutenu en matière d’éducation pour sensibiliser les agriculteurs aux enjeux climatiques et aux pratiques durables est essentiel. Cela comprend la diffusion de connaissances sur les variétés de cultures résistantes à la sécheresse.
- Partenariats public-privé: Le développement fort de partenariats public-privé peut permettre l’émergence d’initiatives agronomiques innovantes qui répondent aux besoins spécifiques des agriculteurs tout en contribuant aux objectifs climatiques.
Critiques et perspectives
Bien que cette convention représente un pas dans la bonne direction, certaines critiques demeurent. L’engagement financier du secteur privé, par exemple, doit être clairement défini et suivi. Il est essentiel de garantir la transparence dans l’utilisation des fonds et de surveiller l’impact réel des investissements réalisés.
Les défis logistiques dans les zones rurales, ainsi que les divers intérêts des parties prenantes, peuvent également poser des obstacles à une mise en œuvre harmonieuse. Une coordination étroite entre toutes les entités concernées et un dialogue constant sont nécessaires pour surmonter ces défis.
Conclusion
La signature de cette convention de co-investissement public-privé pour l’action climatique est un appel à tous : agriculteurs, entreprises, gouvernements et organisations internationales. Il s’agit d’une opportunité sans précédent pour protéger l’avenir de l’agriculture au Tchad. En intensifiant nos efforts collectifs pour lutter contre le changement climatique et la sécheresse, nous pouvons garantir la résilience de notre agriculture, la sécurité alimentaire et le bien-être des générations futures.
Alors que nous avançons, chaque geste compte. Engageons-nous activement dans cette démarche, prenons conscience de la responsabilité collective qui nous incombe et agissons pour un avenir durable, tant pour notre terre que pour nos communautés. Chaque initiative, aussi petite soit-elle, peut avoir un impact significatif. Ne laissons pas le changement climatique dicter notre avenir, mais faisons-en une opportunité de renaissance et de durabilité.