Société : la prise des produits grossissants par des femmes prend de l’ampleur à N’Djamena
La prise de poids par le biais de comprimés, gélules, sirops, pommades, injections, poudre est en train de prendre de l’ampleur au point de devenir une mode à N’Djamena. Beaucoup de filles et même des femmes mariées de corpulence mince font appel à des produits non naturels pour avoir de «belles» rondeurs artificielles, malgré les risques liés à la santé.
«Dose», cette expression est souvent utilisée pour signifier qu’une personne utilise des médicaments pour prendre du poids. Ce phénomène qui existe depuis longtemps dans la société est devenu alarmant de nos jours à N’Djamena. De plus en plus, de filles et même de femmes mariées de forme mince ne se suffisent plus de leurs formes naturelles ; elles ont recours à des produits non naturels et souvent aux conséquences néfastes pour la santé, pour avoir de «belles» rondeurs.
Cette vision pousse de nombreuses femmes à acheter certains produits souvent mis en vente sur les réseaux sociaux pour augmenter leurs formes. La publicité de ces produits passe par Facebook, Instagram ou Tik Tok et on voit toujours une «belle femme», aux formes généreuses et rondes, mise en valeur à côté du produit pour mieux vendre le rêve.
En surfant sur ces plateformes, on voit plusieurs comptes commercialisant ces produits, postant des photos et vidéos de filles qui témoignent avoir utilisé le produit et qu’elles y ont trouvé leur compte satisfaisant pour encore plus attirer des clientes potentielles. La promotion de ces produits sur les réseaux sociaux attire des gens qui veulent s’en procurer et d’autres qui, au contraire, essaient de sensibiliser et de conscientiser d’éventuelles candidates.
Ces produits sont le plus souvent vendus par des images de femmes avec de belles formes, à qui les vendeuses prêtent ces propos : «j’ai utilisé ce produit là et en seulement trois (3) jours ou deux (2) semaines, j’ai vu le résultat». Des sortes d’appâts pour permettre à leurs sœurs de mordre au danger, sans se soucier des risques, effets secondaires et autres conséquences sanitaires néfastes pour l’organisme.
Effet de «mode», «d’entraînement» et/ou «conformisme» sociétal ? La prise de poids par ces produits est devenue banale à N’Djamena et semble inquiéter plus d’un. Même si des N’Djamenoises en sont encore à en parler dans le dos de celles qui en utilisent et qui semblent facilement reconnaissables par les nouveaux traits physiques.
Après de multiples interrogations sur la question, certaines personnes cèdent à cause de la «pression» sociale. Un témoignage recueilli d’une consommatrice de ces produits, Amina Mahamat Allamine, atteste que dans la société dans laquelle on vit, on ne peut pas s’affirmer à 100 % si on pense à l’opinion sociale. Car les gens vont te sortir tout le temps des : “tu es trop mince, on dirait que tu ne manges pas’’.
Pour d’autres, ce n’est pas seulement la pression sociale qui explique ce phénomène. Mahamat Moussa, vendeur de ces produits, est d’avis que c’est souvent une question de rivalité ou de jalousie entre les femmes. “Car si tu es amie avec une fille qui a une belle forme, les hommes vont toujours l’accoster, elle. Et à la longue, tu vas finir par être jalouse d’elle et vouloir être comme elle”, analyse-t-il.
Certains intervenants expliquent que c’est souvent pour faire plaisir à leurs hommes que beaucoup de femmes veulent prendre du poids ; mais il y a aussi la question de la complexité, le manque de confiance en soi, ne pas s’estimer soi-même.
Un peu plus loin du vendeur, un fan de ces rondeurs, Ousman Saleh Adjip, affirme qu’«avoir des rondeurs fait partie des caractéristiques d’une femme». Pour lui, une femme doit avoir de belles formes pour pouvoir attirer le regard des hommes. Car, soutient-il, “nous les hommes, quand nous croisons une femme dans la rue ou ailleurs, nous regardons d’abord ses fesses/hanches. Alors, si on ne voit pas ce que l’on cherche, c’est-à-dire des hanches comme il faut, on se décourage. Un homme est toujours attiré par le physique d’une femme et les femmes ont compris cela ; donc elles cherchent à avoir le corps dont nous, hommes, rêvons.”
L’un dans l’autre, ce phénomène est très préoccupant, car on ne sait même pas comment sont fabriqués ces produits dits naturels mis en vente libre. On les voit juste sur les réseaux sociaux, dans les marchés, avec une bonne publicité mettant en exergue des photos et vidéos de femmes aux «belles rondeurs» à côté de ces produits dont on ignore tout. Images retravaillées, don de la nature ou formes acquises après utilisation de ces produits ? Aucune certitude sur ces images «attrayantes», de «rêve» !
Mariam Lawane Hassane, stagiaire