Douala–N’Djamena : Un Corridor Ferroviaire Stratégique Prend Forme au Tchad

L’annonce d’un accord entre le Tchad et les Émirats arabes unis marque une étape décisive pour le développement des infrastructures ferroviaires de la région. Le 2 mai 2025, les deux nations ont convenu de relancer le projet ambitieux d’une ligne ferroviaire reliant N’Djamena au port de Douala, un projet géré par Etihad Rail. Cette initiative, cruciale pour le développement économique du Tchad, promet de dynamiser le commerce régional et international.

Une Impulsion Vitale pour le Tchad Enclavé

Le Tchad, pays enclavé de l’Afrique centrale, cherche activement à diversifier ses routes commerciales pour améliorer son accès aux ports maritimes. Actuellement, une grande partie des échanges se fait via le Cameroun, mais en décembre 2024, N’Djamena avait déjà signé un accord avec la Guinée équatoriale pour utiliser le port de Bata. Cette nouvelle initiative ferroviaire amplifie les possibilités logistiques, renforçant ainsi la position du Tchad sur la scène internationale.

Une Réorganisation Stratégique Dangereuse pour le Cameroun

La Dépendance Économique en Jeu

En 2023, le Tchad représentait une part significative des exportations camerounaises, avec 39 % des produits acheminés vers le Tchad. De plus, 80 % des importations tchadiennes transitaient par le port de Douala. Ce changement stratégique bouscule donc les relations économiques entre ces deux nations, redéfinissant les enjeux commerciaux de la région.

Des Projets Infrastructuraux d’envergure

Le Déploiement d’un Axe Multimodal

Outre le projet ferroviaire, d’autres initiatives clés sont en cours pour soutenir le développement régional. L’inauguration récente du pont Yagoua–Bongor, le 29 avril, avec un investissement de 92 milliards FCFA, et le projet routier Kélo–Pala–Léré, estimé à 994 millions €, illustrent la volonté du Tchad de créer un réseau infrastructurel intégré.

La Stratégie de la CEEAC et de la ZLECAf

Ces projets s’inscrivent dans le cadre plus large des projets intégrateurs de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), visant à renforcer les échanges intra-africains. L’achèvement de ces infrastructures devrait significativement améliorer les connexions logistiques et stimuler la croissance économique de la région.

Investissements et Défis Financiers

Un Coût Élevé pour des Bénéfices à Long Terme

Le budget estimé pour la réalisation de cette ligne ferroviaire s’élève à 2580 milliards FCFA, soit environ 4,46 milliards USD. Un tel investissement démontre l’importance stratégique du projet, mais pose également la question des modalités de financement et de gestion efficaces pour assurer sa viabilité.

Conclusion : Des Perspectives Prometteuses dans un Contexte Dynamique

L’accord entre le Tchad et les Émirats arabes unis pour la ligne ferroviaire Douala–N’Djamena se révèle être un levier majeur pour le développement économique de l’Afrique centrale. Face aux défis logistiques et financiers, cette infrastructure pourrait transformer le paysage commercial du Tchad et de la région. À long terme, la dynamique créée par ce projet pourrait ouvrir de nouvelles opportunités de croissance, intégrant davantage le Tchad dans le réseau économique mondial. L’évolution de ces relations économiques sera un sujet à suivre de près dans les années à venir.