Le président Mahamat Idriss Déby Itno, catapulté au pouvoir suite à la mort de son père
La transition politique au Tchad a été marquée par des violences, avec au moins neuf civils tués par des tirs de célébration de soldats et civils, selon un rapport de Human Rights Watch. Le président par intérim, le général Mahamat Idriss Déby, aurait remporté le scrutin du 6 mai 2024, bien que son rival, le Premier ministre Succès Masra, se soit également déclaré vainqueur sur les réseaux sociaux.
Les jours précédant les élections et ceux qui ont suivi ont été marqués par des actes de violence. Le 28 février, Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontières (PSF) et potentiel candidat de l’opposition, a été tué lors d’une attaque perpétrée au siège de son parti à N’Djamena. Des violences ont également éclaté le jour du vote à Moundou, entraînant la mort d’un homme qui tentait de voter. Après l’annonce des résultats, des tirs de célébration ont retenti à N’Djamena, tuant au moins neuf personnes selon les médias locaux.
Le président Mahamat Idriss Déby a obtenu 61,03% des voix lors du scrutin, évitant ainsi un second tour, tandis que Succès Masra a remporté 18,53% des voix. Malgré les tentatives d’organismes internationaux tels que l’Organisation internationale de la Francophonie pour surveiller les élections, des obstacles ont été rencontrés, notamment le refus du gouvernement d’accréditer des observateurs nationaux de la société civile financés par l’Union européenne. Succès Masra a également rapporté des menaces à son encontre et à l’encontre de ses partisans depuis le vote.
La plateforme de la société civile Wakit Tamma, qui a joué un rôle important lors des manifestations prodémocratie, a appelé au boycott de l’élection, la qualifiant de « mascarade » visant à soutenir une « dictature dynastique ».
L’ancien président Idriss Déby est décédé en avril 2021 lors de combats avec un groupe armé, laissant ainsi le pouvoir à son fils, Mahamat Idriss Déby, dans le cadre d’une transition contraire à la constitution. Le gouvernement de Mahamat Idriss Déby a réprimé violemment les manifestations réclamant le retour à un régime civil, notamment lors de la répression sanglante du 20 octobre 2022.
Dans les mois précédant le vote, l’espace politique s’est restreint pour le parti des Transformateurs de Succès Masra. Malgré un mandat d’arrêt émis contre lui, il a été nommé Premier ministre en janvier dans le cadre d’un accord politique.
Yaya Dillo, considéré comme un opposant politique majeur à Mahamat Idriss Déby, aurait envisagé de se présenter à la présidence. Une enquête indépendante sur sa mort est vivement recommandée.
Le jour du scrutin, des hommes ont tenté d’accéder à un bureau de vote à Moundou, mais ont commencé à tirer aux abords du lieu quand on leur a demandé de quitter le bureau pour ne pas avoir présenté de pièces d’identité. Un homme, Enock Neratar, a été touché et est décédé sur place. Des vidéos et photos ont circulé montrant des militaires tchadiens célébrant la victoire de Mahamat Idriss Déby par des tirs de coups de feu, causant des victimes civiles.
Les tirs, concentrés dans des quartiers favorables aux Transformateurs, ont semé la peur parmi la société civile, les journalistes et les opposants. Lewis Mudge de Human Rights Watch a appelé le président Déby à demander publiquement aux forces de sécurité de ne pas recourir à la violence contre les manifestants et à les mettre en garde contre les sévères sanctions en cas de violence.
En conclusion, les violences entourant la transition politique au Tchad soulèvent des inquiétudes quant à la stabilité et à la sécurité du pays dans les mois à venir. Une enquête approfondie sur les événements pré et post-électoraux est essentielle pour garantir la justice et la responsabilité.
HLA